Inutiles, les gentils « changeurs de couche » de nos maternelles, superflus, les RASED, ces intervenants « itinérants » penchés sur la misère et la souffrance psychologique de publics scolaires en demande ? Pas indispensables, les 13 500 profs, instits d’écoles, collèges et lycées publics qui ne feront pas leur rentrée en 2009, désertant des classes surchargées déjà bien démunies, question encadrement pédagogique. Ah oui, l’évolution démographique – les chiffres, toujours les chiffres – expliqueraient, selon Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, cette nécessaire mise au pas du mammouth. Sa « modernisation, enfin ! »… Alors pourquoi une telle mobilisation, une telle inquiétude qui de jour en jour, telle une traînée de poudre, prend corps au sein des milieux enseignants et parmi de nombreux parents d’élèves attachés au service public d’éducation ? Attachés à la sauvegarde de l’école de tous, de l’école pour tous ?
L’inquiétude des enseignants de l’Education nationale est relayée par des commentaires affichés sur les murs virtuels d’ innombrables blogs et autres tribunes d’ expression citoyenne. Ces murs de la contestation seraient-ils comparables aux murs de nos villes sur lesquels il est, depuis une loi de 1881, interdit d’afficher ? En tous cas, notre Ministre de l’Education se verrait bien les décoller une fois pour toutes, ces publications malveillantes par lesquelles s’exprime pourtant une légitime prise de conscience citoyenne, par-delà les clivages droite-gauche ; les faire taire définitivement, ces langues de vipère et autres « leaders d’opinion ».
Surveiller, anticiper, réprimer, cet arsenal des princes est aussi vieux que Machiavel. La manipulation de l’opinion l’est tout autant. Et Darcos, jusqu’ici, en avait fait un art consommé. C’est le Canard Enchaîné du 22 octobre qui l’annonçait, Darcos tiendrait un discours privé quelque peu différent de son discours public sur le sujet : « La plupart des mesures que je prends servent surtout d’habillage aux suppressions de postes. »
Après l’écran de télé, l’écran de fumée érigé en nouvelle norme de communication politique. A peine les lycéens expriment-ils une saine inquiétude et chahutent-ils « leur » ministre venu jusqu’à eux, dans leurs murs, prendre le pouls de la contestation, que ce dernier fait dire, par un jeu de retournement des plus retors, que c’est bien la preuve qu’il est à l’écoute ! Darcos, les yeux et les oreilles, is watching you, c’est un fait… Les manifestants d’aujourd’hui qui eux, sont loin de toute propagande, au faîte de ce qui se passe réellement entre les murs des établissements, seront-ils la preuve que Darcos n’a pas mis fin au droit de grève et d’expression en France ? Contrairement à ce que de « méchantes rumeurs » diffusées sur le net pourraient s’empresser d’affirmer, rapports officiels à l’appui ? A ce jeu de dupe, assurément, c’est bien Xavier Darcos, ses alliés parfois nauséabonds et les présupposés ultra-libéraux, mais aussi conservateurs qui l’animent en coulisses, qui risquent de se prendre un mur.
Cet Appel a d’abord été signé par un ensemble de collectifs, associations, syndicats et personnalités dont la diversité montre l’importance du mouvement national en train de se constituer aujourd’hui dans les universités. Ont en effet accepté de figurer côte à côte, entre autres et pour ne citer que quelques-unes des signatures collectives, la Société des Agrégés et le syndicat Sud Éducation, Sauvons la Recherche et Reconstruire l’École, Sauver les Lettres et le Snesup, etc.
Pourquoi une telle mobilisation, qui se manifeste aussi dans la centaine de motions actuellement remontées des départements, UFR et conseils centraux d’universités, ainsi que dans les lettres et initiatives prises par les Présidents d’Université ? Parce que l’enjeu est clair : la survie d’une formation des maîtres qui soit de qualité pour tous les élèves et à tous les niveaux, ainsi que la survie des masters recherche et écoles doctorales, particulièrement en Sciences Humaines et Sociales, partout en France. Et parce que la demande est tout aussi claire : obtenir un moratoire conséquent pour ouvrir des négociations sur la réforme des concours et sur les conditions de la mastérisation.
L’Appel, ainsi que le dossier constitué par plus de cent motions votées dans les universités depuis fin septembre, étaient remis mardi 18 novembre aux Ministères de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur (une conférence de presse était organisée à cette occasion) et jeudi 20 à chacun des Présidents d’Université à l’occasion de l’assemblée plénière de la Conférence des Présidents d’Université.
Il me semblait être clair.
En écoutant les revendications des manifestants, j’ai le sentiments que ceux-ci sont avant tout préoccupés par la mission pour laquelle ils se sont engagés, à savoir l’instruction, mais aussi l’éducation des enfants dans un cadre républicain.
En écoutant Monsieur Darcos, j’entends des affirmations sans réelles argumentations (voyez mon lien) comme "les parents subissent la double peine", qui ne sont que des amalgames idéologiques, visant d’une part à créer un clivage entre les parents et l’école, d’autre part entre les enseignants et leurs représentants.
Il y a un conflit mais deux discours totalement distincts, l’un se développe dans une continuité laïque et républicaine, l’autre s’inscrit dans une idéologie de rupture développée par ailleurs avec le rôle du curé dans l’enseignement des valeurs, l’inscription des mineurs dans le fichier Edvige ou la détection des délinquants à la maternelle.
En entendant M. Darcos j’ai l’impression que Thomas More a écrit ces lignes pour lui dans l’Utopie :
Si vous ne portez pas remède aux maux que je vous signale, ne me vantez pas votre justice ; c’est un mensonge féroce et stupide.Vous abandonnez des millions d’enfants aux ravages d’une éducation vicieuse et immorale. La corruption flétrit sous vos yeux ces jeunes plantes qui pouvaient fleurir pour la vertu, et vous les frappez de mort, quand, devenus des hommes, ils commettent les crimes qui germaient, dès le berceau, dans leurs âmes. Que faites-vous donc ? des voleurs, pour avoir le plaisir de les pendre.
J’espère de tout mon cœur que les enseignants sont bien conscients de la véritable nature du combat dans lequel ils sont engagés, que ce combat va être féroce et long mais qu’il s’agit de leur raison d’être.
Personnellement j’avais bien compris le ton ironique de Xeno que j’approuve sans réserve.
De Robien était catastrophique et borné. Xaviolas Darkozy va encore plus loin. Ca fait combien de temps qu’on n’a pas eu un ministre de l’Education plus soucieux de la formation de jeunes citoyens cultivés et responsables que de laisser son nom à une énième réformette inutile, si ce n’est carrément nuisible ?