Deux “blogueurs de guerre” spécialisés sur les narcotrafiquants diffusent ce que les médias traditionnels n’osent plus publier : scoops et vidéos exclusives de fusillades, de massacres ou d’exécutions.
Le premier est informaticien. Le second est étudiant en journalisme. Tous deux ont moins de 30 ans et vivent quelque part dans le nord du Mexique en proie à une cruelle guerre des cartels de narcotrafiquants. Plus de 28.000 morts en quatre ans dont une trentaine de journalistes. Ces deux jeunes universitaires requièrent l’anonymat absolu. Ils expliquent dans une interview qu’ils ont accordée par mail à Bakchich que “seules trois personnes sont au courant et que c’est déjà trop”.
Depuis mars 2010, ils dirigent El Blog del Narco. Un blog banal au premier regard sans design ni style. Mais au-delà des apparences, ce site d’information regorge de scoops et de vidéos exclusives de fusillades, de massacres ou d’exécutions. Comme cette vidéo de plus de 4 minutes où l’on voit quatre hommes encagoulés et lourdement armés égorger avant de décapiter et d’envelopper le corps de Manuel Mendez Leyva, 39 ans, qui travaillait pour le narcotrafiquant La Barbie.
Chaque jour, ces “blogueurs de guerre” diffusent ce que les médias traditionnels n’osent plus publier. Ils couvrent le conflit depuis leurs ordinateurs portables. Jamais au même endroit, toujours sous une adresse IP différente et virtuellement hébergés sur un serveur internet basé à Denver de l’autre côté de la frontière. Ils considèrent leur site comme “un véritable média d’information qui n’a rien à envier aux gros médias mexicains dont la plupart sont corrompus”.
Aujourd’hui, leur blog enregistre 5 millions de visites par semaine et est devenu une référence en terme d’informations sur la guerre de la drogue qui frappe la région. “On nous dit même que des agents de la CIA et la DEA viennent s’informer sur notre site. On prend ça comme une preuve de qualité.”
Pour obtenir leurs informations et leurs documents, ils ont mis en place un système d’envoi de mail anonyme pour protéger leurs sources et leurs contributeurs. Ce qui leur permet de recevoir des milliers d’infos par jour. Car la majeure partie de la matière publiée sur ce site provient des habitants mais aussi des flics, des journalistes et des narcos eux-mêmes.
Les cartels sont actifs sur la toile et notamment sur les réseaux sociaux comme l’analysent les experts en sécurité Sarah Womer et Robert Bunker dans une étude parue en mars dernier dans la revue Small Wars & Insurgencies. “Le principal usage d’internet par les membres des cartels de narcotrafiquants mexicains est la propagande sur les réseaux sociaux.” D’abord sur MySpace et sur YouTube où ils ont publié des vidéos de leurs sordides exploits visionnées par des millions d’internautes. Au début du mois, la police mexicaine a retrouvé 9 corps sur 20 après avoir identifié le décor d’une vidéo postée par les narcos sur YouTube. Autrefois en vogue, les sites Habbo et Second Life, comptent aussi des gangs d’avatars qui portent le nom des cartels. “L’usage accru de l’internet par les cartels reflète la croissance de leurs organisations”, concluent ces experts.
Récemment, les narcos ont saisi le concept du “journalisme dit participatif” qui leur permet subtilement de faire passer des messages. Du coup, ils contribuent directement et anonymement avec El Blog del Narco en leur envoyant des infos et des communiqués mais aussi des images comme cette vidéo de l’exécution d’un employé de cartel rival.
“On a décidé de la publier car ce document présente des images certes très fortes mais qui reflètent la violence de cette guerre et la violence que subissent les mexicains du nord. On veut relater les faits tels qu’ils sont”, expliquent les fondateurs du Blog del Narco. “Notre seul souci est de s’assurer de la véracité du document. En tant que journaliste, il est intéressant de recevoir des infos des narcos qui sont inaccessibles pour la presse”.
Le nord du Mexique est devenu l’une des régions les plus risquées au monde pour les journalistes contraints à la loi du “silence ou la mort”, comme le résume le Comité de protection des journalistes mexicains. Et dans ces conditions, la plupart des grands médias du nord ont “baissé les bras”.
Comme en témoigne la Une du quotidien El Diario de Juarez du 18 septembre dernier avec ce titre : “Qu’est ce que vous attendez de nous ?” Une question directement adressée aux chefs des cartels suite à l’assassinat la veille d’un photoreporter de 21 ans. Pour l’instant, El Blog del Narco n’a reçu aucune menace.
Désormais, les news se trouvent sur le net à travers les blogs ou sur les réseaux sociaux devenus un outil indispensable pour nombre d’habitants qui forment une véritable communauté de twitteros. Ils s’informent en temps réel sur une rue à éviter à cause d’une fusillade, un corps criblé de balles retrouvé en pleine rue, un barrage de police… Certaines municipalités ont d’ailleurs créés des “groupes” et des plates-formes d’échanges pour les utilisateurs des réseaux sociaux.
Mais là encore, les cartels ont vite compris l’utilité que pouvaient avoir les réseaux sociaux en terme de logistique pour leurs organisations. Et parmi les twitteros, on retrouve des membres des cartels qui piochent les infos utiles pour leur déplacement et leur logistique. En échange, ils envoient des menaces et terrorisent des villes entières avec un simple tweet.
A lire sur Bakchich.info :
Bien vu Ray Volta ! Marre de cette politique anti-drogues qui ne marche pas depuis 30 ans , c’est même de pire en pire, un vrai ratage !
Jamais un mot de nos politiques français pour pointer du doigt le rôle du Maroc dans l’arrivée par tonnes de haschich dans notre pays, quelle hypocrisie à tous les étages, la loose totale .
La drogue est un réseau politique de contrôle non avoué des peuples. Entre le blanchiment d’argent et les caisses noires abondant les finances de certains partis politiques, la drogue ne sert pas seulement à nourrir les petits caïds de banlieue. On peut même s’interroger sur cette obstination remarquable à ne pas vouloir dépénaliser la drogue, tout en laissant en vente libre l’alcool. L’économie souterraine n’innerve pas seulement le monde de la mafia. Elle est une source de liberté considérable pour les politiques de moins en moins scrupuleux.
Premier avantage : la drogue tient le peuple en servage, par l’esclavage de la dépendance. Ce n’est plus la religion, l’opium du peuple, c’est la cocaïne et le shit. Un jeune qui se drogue est un jeune qui ne gère plus sa vie. Il est totalement dépendant, devenu un infra-humain, un consommateur mais plus un acteur. Fin des séditions, des révolutions et de l’évolution humaine.
Deuxième avantage : la guerre publiquement déclarée contre les trafiquants de drogue, alors que l’alcool coule à flots, légalise les excès sécuritaires et les déviances politiques. Nous savons pourtant tous que l’alcool est responsable à 90 % des violences familiales, des actes d’agression et d’auto-agression.
Troisième avantage : il faut désigner un bouc émissaire en pleine crise économique en attisant l’envie et la jalousie. C’est connu : dealer rapporte plus que travailler honnêtement.
Le vrai problème est occulté : un chef de famille ne peut plus faire vivre sa famille avec un seul salaire. Le travail rapporte misère. En plus, le travail en France disparaît au profit d’emplois précarisés, sans qu’aucun politicien ne s’attaque réellement à ce vrai problème. Au contraire. On souhaiterait créer un sous-prolétariat, on ne s’y prendrait pas autrement.Tout le monde sait que les Français coûtent trop cher à leurs employeurs. Il faut concurrencer la Chine.
Oui pour la dépénalisation des drogues, pour savoir où passe l’argent, pour récupérer comme pour le tabac les taxes qui permettraient à l’Etat français de faire face aux dépenses de santé engendrées par ce fléau. La recherche scientifique y gagnerait en force et en transparence. Pour combattre les addictologies, il faut suivre les patients et les soigner. Pas les emprisonner. Et pourtant les alcooliques souvent terminent leur vie en prison, après une tragédie familiale, car l’alcool, en vente libre, est la drogue la plus violente..
Arrêtons de mobiliser des forces de police à cause de la prohibition de certaines drogues et pas d’autres. Récupérons l’argent pour soigner et secourir notre jeunesse, pas pour financer les réseaux mafieux et abonder indirectement les caisses noires de certains partis politiques. La transparence est la seule condition à poser pour lutter contre les trafiquants de drogue. Ou alors c’est que le crime profite aussi aux dirigeants politiques de ce monde. Voir l’affaire Yann PIAT dans le VAR jamais totalement élucidée.
Les Français n’ont-ils rien compris ? Les drogues sont un problème de santé publique. Le seul problème criminel est d’ordre comportemental. La seule drogue qui pose un problème de violence comportementale est en vente libre. Le reste n’est qu’une supercherie intellectuelle visant par la prohibition des autres drogues à entretenir une économie souterraine qui ne profite pas aux Français honnêtes, les plus nombreux, les moins riches et les plus travailleurs. La prohibition a toujours profité aux plus malhonnêtes. Coupons le robinet aux trafiquants de drogue ! Récupérons l’argent ! Et élisons des femmes et des hommes politiques honnêtes. Dehors les dealers ! Vive la vente libre en pharmacie ! Car il faudra prévoir un suivi médical des patients victimes de toute forme d’addictologie. Et prévenir pour guérir. Médicaliser la délivrance de la drogue qui fait momentanément du bien pour faire beaucoup de mal sur le long terme. Une utopie ? Non, une nécessité de santé publique.