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De l’art d’être ripoux à Marseille

Collègueries / lundi 2 août 2010 par Xavier Monnier, Luis Perenna
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Entre le Milieu et la police marseillaise, une véritable idylle dure depuis des lustres. Entrecoupée ici et là par quelques opérations menées par la police des polices, l’IGPN. Et dernièrement la pêche a été bonne

C’est en pistant les frères Campanella, Michel et Gérald, caractères de prestige du milieu phocéen finalement arrêtés le 5 juin à Golfe-Juan (Alpes-Maritimes) et placés sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs (liste non exhaustive), que la Juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) locale est tombée sur ce qu’un enquêteur appelle, non sans joliesse, « de nouvelles preuves d’un récurrent problème de porosité, au sein de la police marseillaise ». Comprendre : un sens aigu de l’échange de bons procédés, entre des fonctionnaires bénéficiant d’un accès permanent à de pansus fichiers, d’une part, et d’autre part des truands très disposés à rémunérer, fût-ce grassement – jusqu’à 100.000 euros, tout de même, pour une info de qualité – la consultation de cette mémoire policière vive (et d’autant plus inquiétante, du point de vue des libertés publiques, qu’elle est donc ouverte à tous les vents). 

On s’arrange petit, on s’arrange

Ces comportements ne sont pas complètement nouveaux, sous Notre-Dame de la Garde  : au printemps dernier, par exemple, un commissaire principal regardé par ses pairs comme un « professionnel chevronné » a écopé de quatre mois de prison, avec sursis, pour avoir sottement livré en 2006, affirme le jugement, « des informations à caractère secret qui ne devaient absolument pas être divulguées » hors « de la sphère protégée de ses fonctions » à un ancien flic reconverti dans le douteux. Mais les Campanella disposaient, dans la police, d’un réseau d’informateurs particulièrement performant [1] . 

La main sur les fichiers

Ainsi, au mois de février 2010, la secrétaire de Michel, négligeant que rien n’est si piégeux qu’un téléphone par gros temps judiciaire, appelle son patron : elle a repéré dans ses entours une voiture suspecte.  « Tu vérifies tout de suite auprès de qui tu sais » , lui enjoint son boss. L’appliquée secrétaire obtempère, et le rappelle, rassurée : il s’agissait d’une fausse alerte. Intrigués par un échange dont ils n’ont rien perdu, les enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) s’empressent, de leur côté, de vérifier si des fois quelqu’un, au sein de la police marseillaise, n’aurait pas demandé, ce jour-là, une identification des plaques du véhicule en question. Bingo : ils tombent sur un agent de la brigade anticriminalité (BAC) Nord. Interrogé, celui-ci explique avoir effectué cette consultation du fichier des immatriculations à la demande d’un supérieur, qui reconnaîtra sans difficulté avoir, quant à lui, seulement voulu rendre un petit – mais gentil - service à une amie de toujours – la secrétaire de Michel Campanella.

L’amitié, valeur sûre  : une fliquette, qui a quant à elle été en relation téléphonique avec le même couru frère, narre, en guise de justification, qu’elle le connaît depuis fort longtemps, et qu’il lui a même promis, touchante attention, de faire embaucher l’un de ses proches à la mairie de Marseille – où il aurait donc ses entrées.

Examen de mise

D’autres plaidoiries sont plus folkloriques encore : un autre policier, brigadier-chef affecté lui aussi dans le nord de Marseille, interrogé sur ce qui l’a motivé à se renseigner avec une minutieuse insistance sur Gérald Campanella (allant même jusqu’à faire le siège de plusieurs de ses collègues de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) - l’antigang, au cinéma - pour quémander quelques tuyaux), et à considérer dans le cours d’un entretien téléphonique, au lendemain de l’arrestation des deux frères, que « tout ça ne sent(ait) pas très bon », répond que, toujours marri d’avoir été réprimandé après s’être porté en 2008 au secours d’un voyou marseillais impliqué dans un accident de la circulation, il a pris la décision de raccommoder son image en procédant, seul, et sans prévenir personne, à l’interpellation du caïd. Mais pour émouvante qu’elle soit, la détermination de l’entreprenant fonctionnaire n’a pas complètement emporté l’adhésion ses interlocuteurs : il a été mis en examen le 8 juillet dernier pour accès frauduleux à des données protégées, et suspendu.

Voyou sur Flic, aboule le fric

Plongeant dans de frais souvenirs, un limier passé par le Vieux-Port se remémore le bon temps : « Pendant toute la période où j’ai enquêté là-bas, je me méfiais de tout le monde, on parlait déjà d’indics chez les flics, hauts placés », narre-t-il. Et de dérouler une arrestation avortée des Campanella, fin 2009 : « Les policiers en charge de l’enquête se sont rendus compte que les frères connaissaient tout leur dispositif, et le décrivaient sur les écoutes. Vous croyez que c’est une simple brigadier ou un gars de la Bac qui peut refiler ce genre de tuyaux ? ». Un magistrat confirme : « On a parfois la désagréable impression que certains repères ont été perdus ».

Présenté comme ça évidemment, ce n’est plus seulement de la porosité : plutôt un grave problème d’étanchéité.

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[1] De sorte qu’ils ont même envisagé de suivre les flics chargés de les retrouver, en équipant d’une balise une voiture de la BRI !


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3 MESSAGES

Forum

  • De l’art d’être ripoux à Marseille
    le lundi 2 août 2010 à 07:18, Phil2922 a dit :
    Flic ou voyou, il faut choisir. En tout cas à Marseille, comme dans d’atres villes, certains fontionnaires franchissent allègrement le pas de l’omerta. Quand aux flics de la Bac, il faut savoir que ce sont des flics virés de leurs précédents services et que l’amertume peut conduire à de nombreuses dérives… !!
  • De l’art d’être ripoux à Marseille
    le lundi 2 août 2010 à 05:34, machtiern a dit :
    A propos de ripou, Que devient l’ex-commissaire divisionnaire révoqué Patrick MOIGNE ?
  • De l’art d’être ripoux à Marseille
    le lundi 2 août 2010 à 04:22, Gérard a dit :
    Et ça n’existerait qu’à Marseille et dans aucune autre grosse agglomération française ?
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