Palais de Justice de Paris, le 7 octobre 2009. Ce neuvième jour d’audience n’est pas favorable à Imad Lahoud.
Ce mercredi marquait LA confrontation générale tant attendue. Imad, Jean-Louis, Denis, Dominique : tout le monde autour du Président pour raconter sa version. Avec le général Rondot en Guest Star. Une journée très difficile pour Imad Lahoud, seul, et de plus en plus ratatiné sur lui-même. Sa ligne de défense ne bouge pas d’un iota : il n’a fait qu’obéir aux ordres, il n’a rédigé aucune lettre, il n’a falsifié aucun listing, il n’a rien fait, à part rajouter deux noms, c’est tout. Ceux de Nicolas Sarkozy justement. Les autres, ce n’est pas lui : « Quel besoin de recourir à vos services pour cela ? », redemande le président pour qui l’on n’a pas besoin d’un informaticien de géni pour taper deux noms sur un tableau Excel. Comme toujours, Imad Lahoud soutient sa version : « Moi-même, je me demande bien pourquoi », dit-il, l’air effaré de celui qui n’y comprend rien.
Mais la confrontation l’enfonce. Tous soulignent, tour à tour désolé, accablé ou outré, les incohérences évidentes du mathématicien. « Monsieur Lahoud invente beaucoup de choses », souligne à un moment Gergorin, sur le ton de celui qui regrette sincèrement que « le vieux perde encore la boule ». Le bâtonnier Iweins, conseil de M. Gergorin, enfonce le couteau dans la plaie en lisant avec délice quelques passages du livre-vérité d’Imad Lahoud. Des « vérités » dont il est certain aujourd’hui qu’elles sont fausses. Ni très haut, ni très fort, Lahoud continue d’affirmer : « Je regrette tous mes mensonges durant l’instruction et tous mes mensonges à propos du général Rondot dans mon ouvrage. Mais aujourd’hui, j’ai 42 ans, j’ai un nouveau job, j’ai une famille, je suis un homme libre et je dis la vérité ».
L’ex-tradeur devenu professeur de mathématiques agace tant qu’il finit par devenir touchant. Ce doit être le fameux syndrome de Stockholm. Dans leur folie respective, deux originaux ont pris le pays en otage et voilà que l’on s’attache à eux. M. Lahoud, l’homme au regard de gibier traqué, qui nie tout jusqu’à l’invraisemblable et jette de réguliers coups d’œil affolés à la salle. Et puis Jean-Louis Gergorin, dont l’improbable coupe de cheveux oublie toujours de bouger quand il tourne la tête. M. Gergorin et sa gestuelle robotisée, sa voix haut perchée ou sa tendance à expliquer et re-expliquer les faits, pour « éclairer » le tribunal, dit-il. Or tout est toujours plus sombre après l’un de ses exposés. A chaque prise de parole de Lahoud ou de Gergorin, un « Ah ! » discret et réjouit résonne dans la salle. Surtout quand arrive Imad, chouchou bien malmené en ce neuvième jour.
Pour relire les précédentes cartes postales du procès