Avec bientôt 181 volumes à son actif, Gérard de Villiers est le maître pondeur français du roman d’espionnage sexy. Ses livres sont-ils truffés d’erreurs ? À la vérité, il semblerait qu’il soit un auteur bien informé.
Gérard de Villiers, qui est « de » Villiers comme d’autres « de » Pantin, a déjà commis 180 opus de son SAS. Le prochain va tomber sur la tête des kiosquiers d’ici peu. Filles aux « bas arachnéens », dessous de Sabia Rosa, « croupes callipyges » et franches salopes, nous sommes ici au coeur du savoir.
Le drame du libidineux Gérard a été la chute de l’URSS. Ah ! plus de blondes grises et cruelles à se mettre sur le plum’ et sous la plume. Heureusement, l’islam est là, avec la voilée qui se dévoile, cruelle aussi…
Journaliste à vocation rentrée, ancien d’Ici Paris, Gérard de Villiers aime à se la jouer informé. Avant de pondre ses inepties pour bidasses onanistes, il va sur le terrain, « enquête ». Un jour, au Salvador une fille du « front » MPLE, une résistante de la ville, fut si bien mise en scène qu’elle a été contrainte de prendre le maquis pour rester en vie !
Ce numéro 181 du logorrhéique promet des « révélations » et quelques surprises. Espérons qu’elles seront d’un meilleur cru que ce Villiers dénonçant jadis les membres de Greenpeace comme correspondants du KGB ! Peu importe, l’objet se vend à 20 000 exemplaires chaque trimestre.
Cette fois-ci, Gérard de Villiers a envoyé Son Altesse Sérénissime (SAS) le prince autrichien Malko Linge au Proche-Orient. Sur les traces du Tribunal spécial pour le Liban, chargé de retrouver et juger les responsables de l’assassinat, le 14 février 2005, de l’ex-président du conseil libanais Rafic Hariri. Ça tombe plutôt bien : les résultats des investigations menées par la Commission d’enquête internationale, doivent tomber pile au moment de la sortie du volume. Y a une justice.
Que dit le salmigondis érotico-poil-au-dos ? Un complot se prépare et la CIA est à cran (gel capillaire indispensable). Pour lutter contre les perfides généraux syriens, « l’agence », ligotée par le joug de la démocratie (voir Guantanamo) ne peut agir qu’under cover, masquée. La suite sera bien sûr plus sexy.
Si vous avez un jour lu du SAS – avouez que c’est oui –, vous vous êtes rendu compte que l’auteur raconte n’importe quoi, mais de façon docte. Pendant longtemps, on a cru à une légende : que Villiers puisait ses infos auprès de nos espions. Eh bien… c’est à peu près vrai ! Et c’est pour ça qu’il écrit des conneries. Les vrais hommes de l’ombre ont autre chose à faire que de dîner avec Villiers et une pute à la table.
Ainsi, prenez le général Philippe Rondot, le type de Clearstream qui enferme ses fiches secrètes dans l’armoire aux confitures. Eh bien Rondot, l’homme qui a arrêté Carlos mais jamais une pendule, donne des tuyaux à Villiers ! Ça vous éclaire ?
Pour finir de vous convaincre, sachez qu’un jour de 2002, Villiers a été convié par le ministre des Affaires étrangères d’alors, Hubert Védrine, à déjeuner en tête-à-tête au Quai d’Orsay. Sur la table, le dernier volume fraîchement sorti : La Manip du Karine A. À peine quelques semaines plus tôt, un bateau du même nom avait été intercepté par l’armée israélienne, avec, à son bord quelque 50 tonnes d’armes lourdes destinées, selon Israël, à l’Autorité palestinienne.
« Expliquez-moi, comment vous faites, lui a demandé, étonné, le ministre. Vous avez les mêmes sources que nous. » Depuis, Védrine est parti travailler chez LVMH. Villiers pourra lui donner le secret des soutifs en point de Calais.