Avec son second tome « Uchronie(s) - New York », Glénat passe le monde au presse-purée de la science-fiction noire.
« Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ». Blaise Pascal en introduction d’une chronique BD, aussi ridicule que Philippe Lucas en muse marketing de Direct Energie ? Détrompez-vous. Notre penseur (Pascal pas Philippe) partage avec Corbeyran, le scénariste du « New York Tome 2 » chez Glénat, l’art de manier les concepts. En l’occurrence, l’amour commun de l’Uchronie. Terme à la sophistication un peu barbare. Qui désigne une évocation imaginaire dans le temps. En partant de la réécriture de l’Histoire suite à la modification d’un événement du passé.
En novlangue moderne : si les Russes n’avaient pas arrêté Hitler, si Plastic Bertrand avait inventé le « moonwalk », si Ben Laden était un berger péruvien ou de Gaulle un gogo danseur transsexuel. Bref de l’imagination à gros grêlons. Dont le dessinateur Djillali Defali nous plonge dans les entrailles de la Grande Pomme. A la nappe phréatique de la réalité et de mondes parallèles qui sentent la merde au bout du bâton.
Pour faire simple : Zak Kosinski, fils à papa d’un grand scientifique resté dans le coma pendant plus de 10 ans, cherche à percer le mystérieux secret de son père disparu. Dont la découverte relaie Einstein au rang d’amuseur public de tubes à éprouvette. Le bambin a la CIA à ses basques dans une course à l’échalote insoutenable. Qui manipule qui, quoi, dans quel monde et pourquoi ? Qui mettra la main sur le grappin d’une révolution du genre humain ? De la métaphysique illustrée dont on se plaît à suivre le sentier brumeux comme un petit matin de rosée.
Le dessin sert parfaitement la trame scénaristique et vice versa. Chaque ambiance s’inscrit dans une cohérence de couleurs, souvent sombres, qui permet de suivre avec facilité le récit. Servi par des décors et personnages troublants de précision et de méticulosité.
De l’uchronie à décorner les bœufs.
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