Pour cet été, « Bakchich » a décidé de vous faire voyager en bande-dessinée et de chroniquer les auteurs étrangers publiés dans l’Hexagone. Will Eisner, dessinateur new yorkais, inaugure la série. Les éditions Delcourt rééditent, sous la forme d’une trilogie, ses albums et croquis des années 1980, dédiés à sa ville natale. La sortie du tome II le 9 juillet, « L’Immeuble », embarque une fois de plus le lecteur dans les tréfonds de la ville. « Bakchich » en publie les bonnes feuilles.
Pendant de longues années, Will Eisner s’est amusé à croquer sa grande pomme. Sous la main du dessinateur américain, New York est décryptée sous toutes ses coutures, de ses mythiques bouches d’aération à la cime de ses gratte-ciels.
Pour vous donner une idée du style Eisner, le tome I, La ville, sorti en mars 2008, met en scène des séries de petites histoires, plus ou moins longues, plus ou moins drôles. Si l’on voulait trouver une comparaison bien de chez nous, Sempé ferait sans doute l’affaire. A la différence que lui traite de ce qu’il y a de plus franchouillard dans notre société quand Eisner part à la recherche de l’universel. Il s’en explique lui-même dans son édito de l’époque : « ce que je propose ici vaut, à mon sens, pour toutes les cités » ou encore : « je me suis lancé dans la création d’une série de “photographies” (…) qui constituent ma vision d’une grande ville… De n’importe qu’elle grande ville ». Et pourtant, pour nos yeux d’Européens, les scènes sont typiquement new yorkaises. Les sans-abris se réchauffent autour du feu d’une poubelle et des drames se jouent devant la boite aux lettres estampillée « US Mail ». « L’american way of life » dans sa plus pure tradition. Le tome II dont voici les bonnes feuilles confirme cette idée.
Passé à la fiction, Will Eisner se lance dans le récit et raconte la vie de quatre personnages ou plutôt, pour être aussi précis que le coup de crayon de l’auteur, de quatre fantômes. Leur point commun ? Leur destin (tragique) se joue au pied d’un des gratte-ciel les plus célèbres de la ville, le Flatiron Building (comprenez en forme de fer à repasser).
Tous les protagonistes, Monroe Mensh, Gilda Green, Antonio Tonatti, P.J Hammond, dont les noms rappellent ce grand melting pot que sont les États-Unis en général et New York en particulier, passent et repassent devant l’immeuble pourtant voué à la destruction par de méchants entrepreneurs.
Leurs fantômes sont alors les derniers souvenirs de l’ancien Flatiron, la mémoire de la cité. L’auteur a finalement raison, New York, comme toutes les autres villes, ne se fige jamais. A part peut-être sous le trait de Will Eisner…
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