En guerre contre de méchants Russkofs du KGB, Angelina Jolie fait du karaté, de la moto, des cascades : le tout sans culotte ! Un film d’espionnage vieillot et pas Jolie Jolie.
Dans "Salt", Angelina Jolie passe la moitié du film sans culotte ! Voilà, point final, c’est le seul « argument de vente » de ce film d’espionnage balourd et vieillot où il est question de méchants Russkofs qui veulent envahir les Etats-Unis, comme au bon vieux temps de la guerre froide.
Reprenons. Evelyn Salt est un agent de la CIA. Blonde, tailleur bleu top credibility, aussi sexy qu’un frigidaire, c’est un des meilleurs limiers de l’Agence. Un beau jour, elle est chargée d’interroger un déserteur des services secrets russes qui veut passer à l’Ouest. Ce dernier affirme, en roulant les RRRRR comme une caricature de Poutine, qu’elle est un agent dormant et qu’elle va exécuter le président des USA dans les prochaines 24 heures.
Stupéfaction ! Au lieu de s’expliquer gentiment avec ses collègues, Salt commence à s’énerver, massacre à main nue quelques dizaines d’agents lourdement équipés, ôte sa petite culotte pour obturer l’objectif d’une caméra surveillance (nous y voilà), fait péter l’immeuble où elle était prisonnière et s’enfuit en laissant sur place ses talons aiguilles.
Une intense course-poursuite s’engage et le suspense devient absolument insoutenable : Angelina Jolie serait-elle victime d’un horrible coup monté des Rouges ou une taupe du KGB, une affreuse buveuse de vodka, pire, une fan du camarade Staline ? A ton avis, ami lecteur ?
Pour tenter de comprendre ce désastre, quelques mots tout d’abord sur la production chaotique de la chose. En juillet 2008, Tom Cruise, qui doit être la star de "Salt", change de stratégie et opte pour la comédie romantique "Night and Day", avec le succès que l’on sait ! Les producteurs de chez Sony sont sonnés et commencent à douter de la viabilité du projet : pourquoi refaire un autre film d’espion alors qu’il y a déjà 007, Jason Bourne et Ethan Hunt ("Mission : impossible"). Entre deux parties de golf, ils ont alors une idée lumineuse : « Soyons dingues, transformons l’espion en espionne ! » Ils examinent le box-office et comme "Wanted" cartonne, ils engagent Angelina Jolie.
Kurt Wimmer - scénariste d’"Ultraviolet" avec Milla Jovovich et du remake de "L’Affaire Thomas Crown", ce qui vous situe parfaitement le bonhomme – qui peaufine Salt depuis des années (paraît-il) se remet derrière son clavier. Cruise devient donc Jolie et le scénariste lui brode quelques scènes « girlie » : madame fait un cocktail Molotov avec des produits ménagers, c’est malin, mais surtout fait du karaté, de la moto, des cascades en voiture, tout cela SANS CULOTTE. T’imagine la même chose avec Tom Cruise sans slip ? J’espère que Wimmer a été payé cher pour cette trouvaille pas du tout vulgaire… Mais bizarrement, alors que alors la femme et l’enfant de Cruise étaient sauvés à la fin de la version originale, le compagnon d’Angelina est exécuté sauvagement par les Russes. Comme quoi vaut mieux être un homme à Hollywood…
Afin d’illustrer ce scénario minable à base d’enfants russes transformés en agents dormants attendant un ordre de Moscou pour détruire la Démocratie, les producteurs ont embauché l’Australien Phililp Noyce. Auteur de trucs aussi palpitants que "Sliver" avec Sharon Stone, "Le Saint" avec Val Kilmer et des aventures de Jack Ryan avec Harrison Ford, Phillip Noyce, 60 ans aux fraises, fait ce qu’il peut, à savoir pas grand-chose. Le suspense est inexistant, les acteurs débitent des kilomètres de dialogues débiles, on se fout des personnages, caricatures grossièrement dessinées.
Quant aux scènes d’action, elles sont nombreuses, mais surtout académiques, désuètes. Normal, elles ont été réalisées par Vic Armstrong, cascadeur et metteur en scène de séquences d’action d’une cinquantaine de films dont "Mission : impossible" ou "Je suis une légende". On fracasse des voitures, des motos, on saute sur des camions, mais le spectateur ne peut s’empêcher de bailler en attendant la délivrance.
Le seul intérêt de "Salt" résiderait donc dans la performance d’Angelina Jolie ? Faut voir… Cette femme est une énigme. Elle apparaît au début du film blonde et quasi-anorexique, flottant dans un tailleur trop large. Son visage, sans ride, est fixe, comme celui d’une accro au Botox ou un Terminator féminin à grosse bouche, son regard reste sans expression. C’est peut-être le rôle… Puis Angelina la bionique se colore les cheveux façon poupée manga et fout la branlée à la moitié des services secrets et à une armée de Popofs. Pourquoi pas, mais j’avais déjà vu cela, en mieux, dans l’ahurissant "Wanted" il y a deux ans.
Je me demande ce qu’est venue faire Angelina Jolie dans cette galère, à part encaisser son cachet de 20 millions de dollars ? Impossible à dire, mais si l’on examine sa filmographie, on ne peut que rester dubitatif : peu de films, un choix très sûr pour les grosses daubes ("Tomb Raider", "Mr & Mrs Smith" ; "Taking Lives (destins violés)"…), une voire deux œuvres ambitieuses (dont le Clint Eastwood) et des voix pour des dessins animés ("Kung Fu Panda" ou "Gang de requins"). Comment cette méga-star qui pourrait tourner avec les plus grands réalisateurs et initier n’importe quel projet se retrouve à faire du karaté dans une série Z ? Incompréhensible !
Bon maintenant, pour les obsédés qui iraient quand même voir "Salt", alléchés par l’idée de contempler Angelina faire du karaté sans culotte, j’ai le regret de vous annoncer que cela reste très, mais alors très chaste. Dans "Salt", il n’y a décidément rien à voir.
Vous avez raison, elle était formidable dans Girl interrupted. Mais c’était il y a longtemps…
Quant à Brad Pitt, il a quand même plus de flair : plusieurs films avec David Fincher (mais que je n’aime pas tous), Babel, L’Assassinat de Jesse James, Burn after Reading, le prochain Terrence Malik…
Il a même humblement déclaré : « On imagine que je suis le roi du monde, qu’on ne me propose que des films formidables, que je n’ai que l’embarras du choix. Mais ce n’est pas vrai. Je rêve de travailler avec de grands réalisateurs, mais certains me trouvent trop star. Je suis très fier d’avoir pu tourner récemment avec un maître du cinéma comme Terrence Malick (The Tree of Life, NDR). Je comprends aujourd’hui qu’il ne faut pas se brader, quitte à se faire plus rare. »