On le croyait en voie de guérison. Ses proches reprenaient espoir. Hélas ! Notre ami Claude Allègre, le Kim-Il-Sung de la pensée scientifique, a fait une rechute dans le dernier numéro du Point ( 24 avril).
On sait que le pauvre homme souffre depuis longtemps d’un mal incurable : l’hypertrophie du moi. Il en fut affecté très tôt lorsque, voulant « dégraisser le mammouth » de l’Éducation Nationale, il fut, suite à des manifestations nombreuses du corps enseignant, remercié comme une soubrette indélicate par son employeur et néammoins ami, Lionel Jospin. Tant d’ingratitude envers un pur esprit scientifique, limité certes à la géologie mais fin lecteur de quotidiens, causa les premières atteintes de l’affection dont il est atteint : l’omniscience. Dans tous les domaines, Allègre est à la fois la thèse, l’antithèse et la synthèse. Rien n’échappe à cet esprit cosmique. Encore faut-il le faire savoir. Et chacun sait que, dans son labo de Jussieu, au milieu de ses cornues poussiéreuses et amiantées, un génie méconnu parle plus souvent aux toiles d’araignée qu’à un vaste public.
Par bonheur, le dieu de la Science lui apparut un jour, tel la Vierge à Bernadette Soubirous, et lui murmura les paroles qui mirent en branle Jeanne d’Arc : « Claude, va, selle ton destrier sémantique et libère la France des billevesées écologiques en boutant les écolos hors de mon royaume ! ». « C’est bien beau, répondit ce brave homme, mais comment faire en mon réduit parisien ? ». Et Dieu ajouta : « Deviens chroniqueur dans un bon hebdo ! ».
Sitôt dit, sitôt fait ! Allègre se fit embaucher d’abord à L’Express, puis au Point. Et il nous délivre régulièrement des messages certes moins fréquents que ceux de Ben Laden, moins bien écrits que ceux de Léon Bloy, moins drôles que ceux de Philippe Sollers, mais tout aussi enflammés sur tous les sujets que cet esprit universel englobe : les Jeux Olympiques, la nécessité du nucléaire, la fonte des banquises, la crise des subprimes et bientôt le revers de Federer et la culture des radis en Mésopotamie. On l’aura compris : Allègre est un pamphlétaire de la trempe de Charles Maurras ( et avec le même humour).
Dans sa dernière livraison du Point, donc, il analyse la faim dans le monde, due à la flambée des prix alimentaires et met en cause le rôle des biocarburants dont il attribue la paternité aux écologistes, ces pelés, ces galeux, sans s’aviser qu’ils sont au contraire opposés à cette mode verte inspirée par l’Etat et les trusts de l’agroalimentaire. Mais s’il fallait faire preuve de vérité scientifique dans une revue grand public, où irait-on ? Mieux : Allègre écrit avec raison : « Les biocarburants sont une absurdité en ce qui concerne tant l’environnement que l’agriculture ». Et poursuit avec déraison : « Mais le préfixe bio fait tout passer. A quand le vocable de biostupide, voire de biocriminel ? »
Voilà comment, en 2008, on fait la promo des bioguillotines ! Emporté par ses émotions et ses tics, notre antibio traite les écolos de « criminels ». Ce sont eux qui affament le monde, même si tous leurs hérauts, de René Dumont à José Bové en passant par Jacques Ellul ont milité toute leur vie contre l’échange inégal par quoi les nations riches pillent le Tiers Monde. Au pied de l’échaffaud, les condamnés diront au bourreau : « Enlève ta capuche, Allègre, on t’a reconnu ! ».
Bon ! Traiter les écolos de criminels est certes un peu fort de café, mais dans le fond, Allègre a raison. Les biocarburants sont néfastes pour l’agriculture et, dans une certaine mesure, our l’environnement.
pourquoi y a t-il une augmentation fulgurante du prix des denrées alimentaires de nos jours ? Certes à cause de l’industrie agroalimentaire, qui s’en met plein les fouilles, aussi à cause de ces foutus quotas européens qui minent notre agriculture.
Mais aussi à cause des biocarburants : Les géniaux eurocrates ont encouragé les céréaliers et les producteurs de betterave à cultiver des plantes destinées à fabriquer des biocarburants, interdisant dés lors la culture de plantes alimentaires.
Bon, mais de là à attribuer la paternité de cette mesure aux seuls écolos, puis de traiter ceux-ci d’abominables criminels responsables de la faim dans le Monde, il y a un pas que je n’oserais franchir….
Autant Allègre dit souvent n’importe quoi, pour le coup il a tout à fait raison et c’est reconnu que les biocarburants sont une énorme connerie et que le préfixe "bio" devient une mode pour faire passer n’importe quoi.
D’après ce que vous citez, il ne critique en aucun cas l’agriculture biologique donc je ne vois pas le problème ?
+1 les biocarburants ne sont d’ailleurs pas soutenus par toute la comunauté écologiste, loin s’en faut…
il y a des gros sous derriere ces cultures, je ne suis pas sur que Bauvais soit supporter des bio carburants qui d’ailleurs doivent pour beaucoup être des OGM (a vérifier)
donc, emportez vous sur les erreurs du bonhomme (nombreuses) et accordez lui du crédit quand c’est justifié… votre critique n’en sera que plus efficace…
Et que dire des amiantecriminels qui ont laissé à Jussieu des générations d’étudiants et de profs respirer de l’air contenant 40 à 50 fibres par litre, sans lever le petit doigt, sans les informer, sans poser de plastiques étanches de protection sur les plafonds ?
Que penser de ceux qui niaient le problème bien à l’abri depuis des bureaux dépendant de la même fac mais dans des locaux non amiantés ?
Pour ces amiantescriminels rétablira t on une amianteguillotine ? Chiche injection de mesotheliome dans les poumons…
Mon p’tit doigt me dit que sous un pseudo au moins se cache ce gros bouffi de prétention , Allègre lui-même. Einstein avait dit quelque chose comme " le génie a ses limites , la bêtise non ".
Quand on pense qu’ il y a un troupeau d ’ allègres dans ce gouvernement, ça fait peur …