Desert Park, de Thomas Humeau (éd. Manolosanctis). Un long poème à la résignation et un renoncement au temps.
David roule. À toute berzingue, main sur le volant. C’est pour descendre tout au fond du puits de la mémoire. Et entrevoir une étoile, celle de l’été de ses 10 ans. Quand, avec ses parents, il partit en vacances dans un parc de loisirs dévasté par la tempête. Quel souvenir ! Il y fit la rencontre d’une bande de jeunes ados bien matinaux. Des amis et un amour. Déjà, les emmerdes des sentiments. Ça commence. Et c’est pas fini… timidité des formes Les kilomètres défilent et les souvenirs se suivent. Ils affluent et s’agglutinent au présent.
De ce va-et-vient fragile, Thomas Humeau a fait une bande dessinée, Desert Park, publiée par Manolosanctis. À même pas 30 ans, le jeune artiste dîne à la table des passions tremblantes de l’âge. Un trait de crayon affolé, apeuré, résolument inquiet. Des couleurs incertaines, douteuses et goûteuses de mélancolie. Une écriture concise et réservée. Tout un univers graphique de la retenue, d’une timidité des formes et de la chose vécue. Cet album est un long poème à la résignation et un renoncement au temps. Où la vie oscille entre petites douleurs et morne ennui. Impossible de se suicider : dans le barillet du Pierrot, il n’y a pas de balles. À chacun son écume des jours.