Un groupe aux prises avec une meute de bébêtes dans une grotte sombre et humide. Une suite qui joue toujours sur nos peurs primales. Barbare mais pas très original.
La peur au cinéma, c’est un truc sérieux.
Absolument. Te plonger dans un climat d’inquiétante étrangeté, te faire vibrer, frissonner avec des artifices purement cinématographiques, ce n’est pas à la portée du premier venu.
J’ai l’impression que les nouveaux films d’horreur cherchent moins à faire peur qu’à te transformer en voyeur sadique.
C’est vrai qu’ils sont étranges ces films de « torture porn », ces séries B qui déclinent les images des sévices de la prison d’Abou Ghraib ou de la décapitation de Daniel Pearl.
Tu parles de titres comme Hostel ou Saw ?
Hostel est passionnant à plus d’un titre, notamment parce qu’il questionne les règles du genre. Mais il y en a d’autres, beaucoup moins fréquentables, des trucs comme Saw, Captivity, The Butcher ou Martyrs. On est dans l’exploitation pure et simple, une succession de tortures à la tenaille rouillée. On regarde ça comme on regarde les accidents de voitures : hypnotisés et révulsés à la fois. Mais le plus choquant, c’est la nullité crasse de la plupart de ces produits, mal écrits, réalisés avec et les pieds et « interprétés » par des bimbos trépanées.
Ca fait peur ?
Pas vraiment, ça écœure plutôt. Je me souviens de la projection du premier Hostel, plus aucun critique ne regardait l’écran lors des scènes hardgore ! Pour Godard, quand on va au cinéma, on lève la tête. Mais avec Saw ou Hostel, on regarde ses pompes…
Mais des films qui font peur, il y en a encore ?
Le Petit Nicolas fout vraiment les jetons.
Arrête. Et la suite de The Descent ?
Ouiiiiii…
Raconte !
La grotte-de-l’enfer-qui-tue
Le film débute quelques heures après la fin du premier volet. Après une virée dans une grotte peuplée de bébêtes gloutonnes, Sarah, la seule survivante des six apprenties spéléologues, se retrouve clouée sur un lit d’hôpital, quasi-amnésique. Pour lui faire retrouver ses petites copines et ses esprits, un flic l’embarque pour un petit tour de rollercoaster dans la grotte-de-l’enfer-qui-tue.
Et ça gicle ?
Oui. Comme le premier, un décalque souterrain d’Alien, The Descent 2 joue sur nos peurs primales. La claustrophobie, la peur de ne plus pouvoir avancer, le noir total, le vide, le dégoût du suintant ou de la pourriture… Avec cette fois encore, une orientation très gore. A la manière d’un Lucio Fulci, le sang coule à gros bouillons, on arrache les artères carotides, perce les tempes à la chignole, écrase les crânes…
Beurk. A t’écouter, on est en plein « torture porn ».
Le film s’apparente à un « survival » des années 70, genre La Colline a des yeux. On est dans l’action, le suspense haute tension, le Grand guignol avec de brusques éjaculations d’ultra-violence. Pas dans la contemplation de tortures plus ou moins sadiques.
Noir, c’est noir
C’est aussi fort que le premier ?
Non, et ce pour trois raisons. C’est moins une suite qu’un remake et les scénaristes, pas gênés de faire revenir des persos morts dans le premier, dupliquent les meilleures scènes de l’original. Bref, du cinéma copier/coller. De plus, nos scribouillards ont oublié la grande idée au cœur du premier opus, à savoir celle du retour à la nature. Comme dans Délivrance, The Descent nous montrait des personnages déterminés à rester en vie jusqu’au bout et qui revenaient très vite à l’état sauvage. Le retour à la nature, c’est surtout le retour à la nature profonde de l’homme (ou de la femme) : la barbarie. Il manque également un metteur en scène ! Ancien monteur, Jon Harris arrive à faire illusion, mais il plante lamentablement une série de morceaux de bravoure, notamment un passage en équilibre au-dessus un précipice, tourné avec trois rochers en papier crépon.
Bon, je fais quoi, je visionne pour la 23e fois La Féline de Tourneur ?
Tu aimes les monstres tapis dans l’ombre, les filles qui rampent dans des orifices étroits et humides ?
Hum, tu m’excites là.
C’est fait exprès. Et puis il y a l’obscurité totale, le hors-champ… Y aurait-il quelque chose de plus fort que hors-champ ?
Lire ou relire sur Bakchich :
The Descent part 2 de Jon Harris avec Shauna MacDonald, Natalie Mendoza, Krysten Cummings.
En salles le 14 octobre