Peu de monde s’est bousculé au procès de la présidente de l’association CAPJPO-Europalestine, jugée pour injure à l’armée française. Pourtant, l’audience constituait le premier débat public sur la présence française en Afghanistan.
17è chambre du tribunal correctionnel de Paris, jeudi 25 juin. L’audience n’a pas encore commencé que, déjà, Olivia Zémor, présidente de l’association CAPJPO-Europalestine [1] s’agite. Elle comparaît ce jeudi en tant que directrice de publication du site europalestine.com, après que le ministère de la Défense a porté plainte pour apologie de crime de guerre et injure à l’armée française. Une audience qui s’annonce comme l’un des premiers débats de fond sur la pertinence de la présence française en Afghanistan. L’hôtel de Brienne n’a que peu goûté aux articles parus sur le site au mois d’août 2008 et a décidé de porter l’affaire en justice. Titrés « Soldats français tués en Afghanistan : les risques d’un sale métier » et « Afghanistan : quel cynisme », les écrits font suite à la mort de onze soldats français, le 19 août 2008, lors d’une embuscade tendue par des talibans.
« En fait de lutte contre le terrorisme, nos gouvernements font, tout en semant la terreur, pour qu’elle se développe dans le monde entier et si des attentats se produisent en France, nous saurons qui remercier (…) Et pour quelle cause, quel est l’objectif sinon le chaos et faire marcher le commerce des armes », est-il écrit dans l’un des deux articles incriminés. « On ne peut de ce point de vue que souhaiter la multiplication des embuscades bien montées si elles aident à l’éveil des consciences et de la mobilisation ici en France contre la sale guerre », pouvait-on lire dans l’autre article qu’Olivia Zémor a retiré du site après la plainte du ministère de la Défense pour ne pas que « l’ironie de l’article soient mal interprétée. »
Selon le ministère de la Défense, « les deux articles incriminés présentent des éléments qui tentent de justifier l’attaque meurtrière dont ont été victimes les soldats français tout en souhaitant la multiplication d’embuscade et justifiant la commission d’attentat et qualifiant d’invasion le déploiement des troupes françaises sous mandat international en présentant les Afghans comme une population agressée par l’armée française et le gouvernement français comme contribuant à semer la terreur dans le monde entier. »
Voilà pour le dossier. Dans la salle, l’atmosphère est plutôt calme. La presse ne s’est pas ruée, « comme d’habitude pour ce genre d’affaires », confie Me Comte, l’avocat de Mme Zémor. Seuls Bakchich et Clément Weill-Reynal, journaliste à France 3, venu « parce que ça l’intéresse à titre personnel », sont assis sur les bancs de la presse. L’huissier dort à poings fermés.
Heureusement, Me Comte vient secouer l’assistance quand, avec sa voix de baryton et son œil malicieux, il interpelle la cour : « C’est un peu navrant que le premier débat public sur l’Afghanistan commence sur une mesure répressive ! », rappelant au passage qu’un seul débat a eu lieu au Parlement en 2008 sur l’envoi de renforts français. Olivia Zémor lui succède. Sa défense est soigneusement préparée. « Le cynisme n’est pas de notre côté, il est du côté de celui qui envoie des jeunes tuer et se faire tuer dans cette guerre qui ne nous concerne pas. Personne n’a versé la moindre larme sur la mort des civils afghans. » La greffière se lève et lance le visionnage d’un extrait d’une émission de France 2 où Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidence, assure que « la présence à long terme de l’armée française en Afghanistan ne lui semble pas décisive. » Edifiant. A rajouter sur la longue liste de promesses non tenues.
Assis depuis une bonne heure dans une salle attenante, le premier témoin cité par la défense s’avance. Michel Collon, journaliste-écrivain, comme il se présente, auteur de nombreux ouvrages de géopolitique, décrypte les enjeux géostratégiques de cette guerre. Au bout de 30 minutes, les juges baillent, et ne s’en cachent pas. Vient ensuite Mariam Abou Zahab, enseignante à l’IEP de Paris et chercheuse reconnue sur le Pakistan et l’Afghanistan… au point d’être régulièrement consultée par les autorités américaines, britanniques et canadiennes. « Depuis le début de la guerre, on estime que le nombre de civils afghans tués oscille entre 7760 et 11000, explique-t-elle, avant d’ajouter que, après la mort des onze soldats français, il y a eu des représailles dont les médias français n’ont pas fait écho. 17 morts dont 6 femmes et 2 enfants, selon une agence de presse afghane », précise-t-elle.
Alima Boumedienne, sénatrice verte de Paris, clôt le défilé des témoins. « Le débat sur l’envoi des troupes n’a pas eu lieu », déplore-t-elle. « Je ne partage pas forcément tous les propos incriminés, mais c’est la liberté d’expression. Et la provocation permet de se poser des questions. »
Le ministère de la Défense est, lui, représenté directement par le ministère public. Après une courte suspension de séance, la jeune substitut du procureur prend la parole pour les réquisitions. Sans doute charmée par le sourire enjôleur de Me Comte (qui en a vu d’autres), elle se montre plutôt clémente. Mais estime quand même que « peut-être est-ce maladresse, peut-être est-ce provocation, mais certains extraits ont dépassé le cadre de la liberté d’expression. »
L’avocat d’Europalestine prend la parole une dernière fois. « Il ne s’agit en aucun cas d’apologie mais d’une mise en garde ! Ne peut-on pas dire : « gouvernement, votre politique nous mène à la perte ? ». Puis d’expliquer que l’infraction d’apologie de crime de guerre ne tient pas car il s’agit d’une guerre licite, conforme aux règles du droit international. « Il aurait fallu, souligne Me Comte, si on suit la logique du ministère de la Défense, viser l’apologie d’acte terroriste ». Subtil, mais l’avocat retient l’attention de la présidente de la cour qui, après près de 4 heures d’audience, se montre très attentive. Antoine Comte demande à la cour de reconnaître à Mme Zémor le droit de critiquer le gouvernement. C’est elle qui aura le mot de la fin : « Je m’indigne du vocabulaire aseptisé du substitut qui parle d’ "action", d’ "intervention", mais jamais de "guerre" ». Délibéré le 17 septembre.
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[1] La Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient (CAPJPO-Europalestine) est une association créée en 2002. Elle lutte depuis cette date contre la politique de colonisation israélienne, qui menace, selon elle, la paix dans le monde.
Je suis assez épaté, pour ne pas dire admiratif, concernant la gestion du temps des défenseurs des opprimés comme Olivia Zémor.
Pourrait-on m’expliquer où cette jolie personne trouve le temps d’animer le CAPJPO, de prendre langue avec Dieudonné M’Bala, de s’intéresser à l’Afghanistan, d’affûter ces diatribes sur les institutions juives, etc. Et de s’occuper de sa famille ..
A moins d’être sponsorisé par quelques mouvements " pour la paix ", qui tirent profit de ses démarches ?
Mais oui ! Monsieur, je suppose ? Une "jolie personne" doit "s’occuper de sa famille" bien-sûr… Alors forcément, une gonzesse ça n’est pas capable de tout gérer. Ca fait n’importe quoi avec n’importe qui. Et surtout, ça se fait manipuler. J’ai loupé quelquechose ?
Quand est-ce qu’on pourra enfin punir le racisme envers les femmes, quand ?
Quand est-ce que les femmes cesseront d’être les premières victimes de la violence des hommes et de la guerre ?
Comme Olivia Zemor n’a pas croisé Dieudonné depuis quatre ans, ça lui laisse du temps pour laver la salade puisque ce délicat internaute assigne les femmes aux travaux du ménage.
JM Bourget
Certes. Mais elle a trouvé d’autres compagnons de route tout aussi symathiques.
Citons en vrac les antisémites ou spécialistes de l’antijudaïsme : Meyssan, Ménargues, Atzmon, Charbonnier, Delamarre etc. etc.
Pas étonnant qu’elle soit traitée en pestiférée par le collectif national !