Les Américains se demandent pourquoi leur « boys » doivent mourir et leur trésorerie être gaspillée dans une guerre civile entre deux bandes de narcotrafiquants, le clan Karzaï et les Talibans.
La semaine passée marquera le moment dans l’histoire où les Américains, déjà moroses à cause de l’économie qui stagne et le chômage qui ne baisse pas, ont définitivement viré contre la guerre en Afghanistan.
Selon le sondage le plus fiable, celui du Wall Street Journal et de la chaîne NBC, co-dirigé par un sondeur démocrate et un sondeur républicain et publié le 12 août, seulement 44% des électeurs approuvent la politique en Afghanistan de Barack Obama. Une chute dramatique par comparaison à juin, quand 53% avaient soutenu la poursuite de cette guerre par le président métis.
Trois jours plus tard, un sondage CNN, qui posait la question différemment, a établi que 62% des Américains s’opposent désormais à la guerre en Afghanistan, tandis que 7 sur 10 ne font pas confiance au gouvernement corrompu du président afghan Hamid Karzaï.
Ces sondages confirment l’impact sur l’opinion publique des 91.000 documents sur cette guerre classés « secret » et publiés par le site Wikileaks fin juillet.
Car ces documents ont apporté des preuves concrètes que les États-Unis sont en train de financer les deux camps dans cette guerre par des pots-de-vin aux Talibans et autres forces de résistance à l’occupation américaine ; et que la tuerie de civils afghans est généralisée, ainsi que les tentatives d’étouffement de ces crimes de guerre par le Pentagone.
Juillet a été le mois le plus meurtrier pour les soldats américains sur place, et les Américains se demandent pourquoi leur « boys » doivent mourir et leur trésorerie être gaspillée dans une guerre civile entre deux bandes de narcotrafiquants, le clan Karzaï et les Talibans.
La réponse d’Obama à ces sondages n’a pas tardé : il a envoyé le General David Petraeus, son nouveau commandant en Afghanistan, mener une blitzkrieg médiatique dans les talk-shows politiques des chaînes de télévision, accompagné par de longues interviews exclusives avec le New York Times et le Washington Post.
Cette campagne médiatique est destinée à rallier l’opinion publique à la guerre et à la préparer à subir la prolongation illimitée du conflit. « Petraeus s’oppose à un retrait rapide d’Afghanistan » titrait en "Une" le Times du 16 août après leur interview à Kaboul avec le général, d’où est sortie sa petite phrase-clé : « le président ne m’a pas envoyé ici pour faire une sortie gracieuse », dixit Petraeus. Et le Times de souligner que le général a « aussi suggéré qu’il résistera à tout retrait à grande échelle ou rapide des forces américaines ».
Mais trahir sa promesse de débuter en juillet 2011 le retrait d’Afghanistan risque de coûter très cher à Obama et à son parti aux législatives de novembre dans le contexte où, toujours selon le sondage Wall Street Journal-NBC, deux-tiers des électeurs pensent que la crise économique n’a pas encore touché le fond de l’abîme. Et 67% de ceux qui sont pessimistes sur l’économie préfèrent maintenant mettre les Républicains aux manettes.
Ainsi, le tournant dans l’opinion publique contre la guerre en Afghanistan ne fait qu’aggraver la défaite annoncée dans les urnes des Démocrates et de leur président si affaibli.
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