Bien plus que la démission du général Cuche après l’affaire de Carcassonne, c’est la lettre des officiers publiée dans « Le Figaro » - « Le Monde » était gardé en réserve - qui a tendu les relations entre Sarkozy et l’armée. Sarko déteste qu’on lui résiste.
À la suite de la publication du Livre Blanc qui planifie la réorganisation des armées, un groupe d’officiers supérieurs a décidé d’écrire une lettre ouverte pour faire part de leurs remarques. En deux mots, il reproche au Livre Blanc de ne pas tenir compte du nouveau contexte international. Le papier est précis. Comme à l’exercice, rien ne manque. Les cibles sont identifiées. Dans l’ordre, les « industries d’armement », puis « les politiques ». Il y a des dommages collatéraux. Certains officiers généraux qui ont avalisé la réforme ont dû être blessés par ce tir ami. Ils ont choisi l’artillerie à grande cadence de salves. Ils pilonnent à coups d’ « amateurisme », et ils achèvent avec de l’« incohérence ». Précis comme un FRF1 (le fusil des tireurs d’élite) chaque chapitre fait mouche. Ce n’est pas du tout du travail d’amateurs, n’en déplaise au chef de l’État.
Quand il fallu le publier, les auteurs de Surcouf se sont méfiés. Ce ne sont pas du tout des téméraires, plutôt des premiers de classe, qui rêvent d’étoiles sur leurs épaulettes. Ils craignaient la réaction de leur hiérarchie civile et militaire. L’article préservait le chef de l’État.
Deux journaux ont été envisagés : Le Monde et Le Figaro. Mais ces officiers sont plus à l’aise avec Le Figaro. Pourtant ils hésitent, ils savent qu’il y a un risque. Le Figaro est la propriété de Dassault. Ils se méfient, l’article vise « les industries d’armement », donc le fabricant du Rafale. Le choix ne se fera pas pour un journal mais sur un homme.
Les officiers choisissent Etienne de Montety. Le directeur des pages littéraires du Figaro magazine offre de sérieuses références. C’est un catholique et un fana mili (un homme qui aime l’armée, et la chose militaire). Il y a consacré ses trois derniers livres. Le plus ancien raconte l’épopée d’Estienne d’Orves, un résistant royaliste, le premier martyr de la résistance. Le second raconte les itinéraires de légionnaires. Mais le plus rare est un long entretien avec Hélie de Saint Marc, un des colonels putschistes d’Alger. Rassurés par de tels états de service, les officiers lui remettent leur copie.
Avec l’article, de Montety va voir Mougeotte, le patron du Figaro. Ils décident conjointement de le publier. Personne n’est mis au courant. Les hommes de Dassault découvriront le lendemain l’article dans le journal.
Les faits sont considérés comme très graves en haut lieu. On ne met pas impunément en cause les « industriels de l’armement », et le ministre de la Défense qui, d’ailleurs, n’est pas en odeur de sainteté au Château même s’il joue les fiers-à-bras. Il faut identifier les auteurs et les punir. Comment ?
Le pouvoir doute de la volonté de l’armée de donner les siens. L’entourage de Sarkozy n’est pas sûr de la collaboration des militaires. Il a raison. L’armée est profondément meurtrie. Le qualificatif « d’amateurisme » nourrit la grogne dans les mess des garnisons. Mais surtout, les arguments de l’article relèvent du bon sens et ils ont fait mouche.
Le pouvoir, au lieu de missionner la DPSD, l’ex-Sécurité militaire, dont on soupçonne qu’elle aussi voit d’un mauvais œil le Livre blanc, aurait donc diligenté la DST, ou plutôt la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur, rassemblant depuis le 1er juillet les RG et la DST), qui part à la pêche à l’information. C’est devenu du grand guignol.
Il semble que l’enquête avance. Secret défense, le blog de notre confère de Libération, un des mieux renseignés sur la chose militaire prend la chose au sérieux. Les officiers seraient sur le point d’être localisés, si ce n’est déjà fait. Qu’ils se rassurent, Sarkozy ne se représentera pas (c’est ce qu’il dit). Il ne leur reste que quatre années difficiles à passer. Certains ne seront peut être jamais généraux. Mais on s’en remet assez facilement.
Le problème pour le gouvernement c’est que ces officiers rebelles font des émules parmi les jeunes militaires. L’EMIA (L’école de Saint Cyr qui forme les jeunes officiers issus du corps des sous-officiers) a choisi comme parrain un officier parachutiste tué pendant l’opération Drakkar, l’attentat visiblement commandité par Damas.
Cette école aura-t-elle le bon goût de porter un brassard noir ? Elle défile aujourd’hui sur les Champs-Élysées et passera devant Bacher el-Assad qui a participé à l’assassinat d’un des siens.
Lire ou relire dans Bakchich :
J’ai été surpris (une fois de plus) par la méconnaissance de la chose militaire par les pseudo-spécialistes "défense" des chaînes hertziennes ! Que d’erreurs, que de confusion dans les commentaires du défilé. Et là, Bakchich s’y met ! Nonnnnnnnnnnnnnnnnn ! L’EMIA, n’est pas "de Saint Cyr", l’EMIA est l’Ecole Militaire InterArmes, point. Ce recrutement ouvert aux sous-officiers favorise la promotion interne. Ce sont les "meilleurs" jeunes sous-officiers de l’Armée de Terre qui présentent le concours, poussés par leur encadrement. La 46ème promotion, baptisée en juillet 2007, a choisi comme parrain le Lieutenant Antoine de la Bâtie. Ainsi, ils ne savaient pas que le président-monarque de Syrie serait présent en 2008. Plutôt que de dire que c’est une gifle que de le recevoir, prenons la situation dans l’autre sens, et disons qu’il a été forcé d’honorer le défilé de la promotion "Lieutenant de La Bâtie".
Que les rédacteurs se réveillent avant de se dire spécialistes de la Défense, TF1, France Télévision, et vous, maintenant, balancez des inepties au public.
" ? Elle défile aujourd’hui sur les Champs-Élysées et passera devant Bacher el-Assad qui a participé à l’assassinat d’un des siens."
Encore n’importe quoi, mais bon on est habitué des bourdes imprécisions et autres dérapages chez bakchich. Lors de l’attentat contre les militaires français le petit bachar devait jouer à la Nintendo, donc svp ne faites pas de raccourcis.. Il est fort a parier que ce cher journaliste n’a jamais mis les pieds en syrie, d’ou l’unanimité de quasi tous les journeaux français sur ce sujet…
pour les français, bon feu d’artifice.
Cher Souri.
Je suis l’auteur de cet article. Je vous l’accorde le fils n’était pas là, c’est un raccourci assez facile, et même peut être maladroit je vous l’accorde. C’est son papa un des responsables. Nous pourrions alors l’appeler "le grand bachar". Personnellement j’éviterais.
Si vous permettez, et avec humour (je vous passerais le "n’importe quoi" agressif) dans l’enfance du "petit bachar", comme vous l’appelez avec gentillesse et affection, les jeux Nintendo n’existaient pas. Peut-être jouait-il au Mécano ? C’est une idée, ou plutôt aux tanks Solido (j’y ai joué aussi).
Une chose est sûre, je n’ai pas mis les pieds en Syrie, et je le regrette.
Dernière information, "le petit bachar" a applaudi au passage de la promotion de l’EMIA. TF1 a fait un gros plan sur le"petit bachar" au passage de l’école.
Venez profiter de notre "fête nationale", c’est la fête de la Révolution. Vous êtes le bien venu.
Cdt.
Bertrand Rothé.
j’ai peut être été vulgaire mais c’est parce que AUCUN journaliste ne parle des aspects positifs de la réconciliation franco syrienne. Que vous le croyez ou pas, beaucoup de gens ici ( en Syrie ) aiment leur président et lui sont reconnaissant, de même pour l’ancien président hafez al assad. mais bon en france on préfère poser les questions qui "dérange" sur les 2-3 opposants au régime plutôt que de voir les aspects positifs.
et oui le terrorisme d’etat et les services de renseignements n’ont pas été inventés par la Syrie. A vrai dire c’est la france qui a installé les premiers services de renseignements en Syrie durant le "mandat".
pour information le passage de bachar al assad a été retransmis en totalité a la tv syrienne ( et on entendait même les commentaires en français sur l’attentat du drakkar…), et pour l’occasion, les drapreaux francais et syriens etaient en arrière plan à la television.
ici la revolution, c’est quand les français ont du renoncer à leur "mandat" sur la syrie
"Bon courage Sarko, pour amener un peu de clarté et de raison dans tout ça…Si on ajoute à celà les problèmes économiques induits par la politique d’équipement de nos soldats, la dette, le type de menace que fait peser sur nous les nazillons enturbannés, la lutte pour l’accès aux ressources naturelles, il n’est pas sorti de l’auberge."
!!!!! Waouh !!! Faut pas s’en faire comme ça pour l’ Omnipotent. Il s’en tape total Sarko… il ne va pas y mettre de la clarté dans l’armée. Des copains, certes, du business surement, et le reste… seulement si ça rapporte.