Faute d’être peace, l’armée française est green. Durable et équitable. A quand les dommages collatéraux bio ?
Si vous n’avez pas connu les joies simples du service militaire, vous ignorez le sens de l’acronyme Fomec : Forme, ombre, mouvement, éclairage, couleur. C’est l’application de cette loi, celle du camouflage, qui pousse nos combattants à se transformer en arbustes.
Entre l’arbre et l’écolo, il n’y a qu’un pas. Voilà donc que la grande muette se met au vert, puisque le souci d’une armée évoluant en « pays démocratique » est d’« être soutenue par l’opinion publique, de plus en plus sensible aux questions environnementales », dit la doxa new-look. Rappelons-nous l’histoire atroce du Clemenceau, ce porte-avions réformé, échoué en Inde, où des gueux, avec le risque d’en mourir, devaient le dépecer. C’est fini. Faute d’être peace, l’armée est green.
Dans les crânes d’officiers, ça phosphore (comme le disent les obus) : « Les principes de développement durable concernent toute la planète, et les forces militaires pourraient être amenées à intervenir pour [les] faire respecter (…). Les modes d’action et les moyens défendus doivent être en phase avec les valeurs défendues. » Cette vérité chlorophyllienne est écrite dans le manuel de formation à destination des officiers français. Cette mise au vert tombe bien puisque c’est la couleur de l’islam, ce qui peut tromper le taliban et lui faire croire qu’avec Allah nous sommes amis…
Pour être plus sérieux, les militaires craignent la judiciarisation de la réparation des dommages environnementaux. Nos amis étoilés ont en mémoire l’histoire de « l’agent orange », ce terrible défoliant de l’armée américaine au Vietnam, du Roundup pour forêts entières… « Pour éviter les conséquences financières, et en termes d’image, qui résulteraient d’une condamnation, la Défense doit être en mesure de prouver qu’elle cherche à minimiser l’impact environnemental des opérations. » L’auteur du manuel demande même : « À quand les opérations extérieures certifiées Iso 14001 ? » L’Iso 14001, norme internationale relative au management environnemental, c’est le dada. Tous les centres de la délégation générale pour l’armement en ont déjà reçu le certificat et 20% des sites d’entraînement sont labellisés Natura 2000.
Ainsi sommes-nous informés, grâce au Rapport développement durable de l’armée, que le centre technique des systèmes navals a pris en compte « les impératifs de protection de l’environnement » avant la réalisation des installations sous-marines destinées à valider le système de lancement des missiles M51. Ces monstres de 50 tonnes auront des propulseurs verts. Ouf ! Et la bombe nucléaire, ça craint pas ? La Défense répond que non. L’arme nucléaire dissuasive « a évité des conflits majeurs, par nature très polluants ». L’armée nouvelle est durable et équitable. Qui l’eût cru.
A lire sur Bakchich.info :
Un petit commentaire hors sujet sur le début de l’article : je me souviens avoir lu un article sur les différents uniformes des différentes armées, et que un des buts des nouveaux uniformes de l’armée française était de ne pas trop être détectable aux visions thermiques, et que ça ne marchait pas parce que, pour mettre en valeur leurs formes viriles, les militaires choisissaient souvent une taille trop petite, qui collait trop au corps, et empêchait donc le tissu de faire écran.
Ca m’avait fait rire à l’époque, donc je le recase ici.