Bertrand Delanoë est considéré comme un socialiste libéral. Mais avec la parution de sa chronique, lundi 27 octobre dans « Libération », le Maire de Paris braque à gauche toute.
Il y a une semaine, à Marseille, Delanoë s’en prenait aux « gauchistes » avec qui il voulait « oser le rapport de force ». On attendait pour voir.
Mais hier, lundi 27 octobre, dans Libération, le maire de Paris s’est transformé en militant d’extrême gauche. En contradiction avec son engagement traditionnel, affiché dans son dernier livre, De l’audace ! [1]. Cette soudaine transformation serait-elle liée à la publication, dans le même Libé, d’une étude de sondages montrant que la « gauche vire à gauche » ? Selon l’institut Viavoice, 75 % des sympathisants de gauche ne se retrouvent pas dans les thèses sociales-démocrates défendues par Delanoë et compagnie.
Livrons-nous à une petite étude comparative. L’exercice est cruel, forcément cruel.
Dans De l’audace !, le maire de Paris déclare et répète qu’ « une entreprise de service publique n’est pas nécessairement une entreprise dont l’Etat détient 100 % du capital ». Se rêvant président de la République, il envisageait alors la privatisation d’EDF, de la SNCF et de la Poste.
Une crise plus tard, il se met à rêver de nationalisations. Fustigeant « L’État français (qui) renonce à entrer dans les conseils d’administration des banques qu’il soutient ». Et approuvant « la Grande Bretagne quand elle procède à des nationalisations partielles ». Il encense tous ces « nombreux pays (qui) ont su remettre profondément en cause leur doctrine économique ». On est donc très loin de l’homme qui écrivait en mars 2008 : « Le socialisme du XXI devra rendre à l’Etat son humilité ».
En mars dernier, notre homme défendait une conception de l’Europe libérale. « Notre nouvelle frontière », osait-il, faisant explicitement référence à la mythologie américaine de la frontière. Le maire de Paris était prêt, au nom de cette Europe, et « au nom de la mémoire de François Mitterrand (sic) » à accepter « l’ouverture des frontières et donc les mécanismes du marché ». Aujourd’hui, les références américaines ont disparu, et il a fait le deuil de la mort de son Tonton (qui, soi dit en passant, n’en a jmais fait un ministre, ni même un secrétaire d’Etat).
Et Delanoë demande « un contrat social européen » pour éviter « le retour au protectionnisme ou la trahison de nos engagements européens ». Autrement dit, l’Europe sera sociale ou ne sera pas. Il fallait au moins une crise pour que la tète de file des bobos parisiens fasse cet audacieux constat !
Dans l’article de Libération du 27 octobre, Delanoë cite l’économiste Joseph Stiglitz pour se moquer des « partisans du libre marché qui (disent) : ne vous inquiétez pas, les marchés s’autorégulent. Laissons-leur le temps et la prospérité reviendra ». Il y a six mois, ce politique amnésique affirmait simplement l’inverse : « l’histoire montre que toutes les expériences progressistes réussies ont intégré ou se sont intégrées à l’économie de marché ».
À l’époque, il avait d’autres héros que le prix Nobel d’économie, qui annonce la fatalité de la crise depuis six mois au moins. Mais c’est si loin tout cela, c’était l’époque où notre présidentiable n’avait pas de mots assez élogieux pour dire tout le bien qu’il pensait du très libéral Pascal Lamy. Le patron de l’OMC avait même eu droit au titre de « socialiste », excusez du peu. Laurent Joffrin, le patron de Libération et inventeur, au début des années 80, du fameux slogan "vive la crise", lui avait posé cette question innocente : « Faut-il appliquer les méthodes du management privé aux organisations publiques ? ». Et le maire de Paris avait répondu simplement « oui », sans autre forme de procès.
C’est peut-être cela avoir « De l’audace ! », une capacité à faire le grand écart tous les six mois. Mais il ne faudrait pas que les militants du PS aient de la mémoire, une hypothèse qu’on ne peut pas tout à fait exclure.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] Paru chez Robert Laffont en mai 2008
Est-ce que les militants de droite qui postent ici pourrait garder un minimum de pudeur. Delanoë n’est pas le seul à virer à gauche : plus étatiste et anti patrons que Sarkozy depuis 15 jours et tu meurs.
Delanoë revient vers la gauche et c’est très bien. Royal aussi (normal, ils sont exactement sur la même ligne politique à défaut de ne pas être d’accord sur le candidat idéal du PS aux prochaines présidentielles) et c’est aussi très bien. A mon avis, les militants qui les soutiennent peuvent se rejoindre directement en votant pour la motion Aubry qui pour sa part, ferait bien de se rendre compte d’urgence qu’elle doit absolument trouver une synthèse avec Hamon …
Quel est le principe de tout homme politique ? De dire le lendemain, l’inverse de ce qu’il disait hier, ou de dire que l’on a sorti ses propos de leur contexte.
Le PS est foutu c’est tout. Un Ramassis d’égos, qui ne pensent qu’à être le Chef, ou à savonner la planche du voisin. Pendant ce temps-là, les Sarkoboys s’en donnent à coeur joie, et nous…on subit.