Nicolas Sarkozy, via son ami Serge Dassault, verrouille désormais les gros marchés de constructions navales et d’électronique de défense. Malgré la crise, l’Elysée pense aux amis !
Poids lourd de l’industrie aéronautique civile et militaire, le groupe EADS comptait bien mettre la main sur la société Thalès (ex Thomson), une jolie boite à outils électronique. En effet, Philippe Camus, nommé cet été à la tête d’Alcatel, est étranglé financièrement et cherche à vendre, et vite, les 20,8% qu’il possède dans Thalès. Avec sa confortable trésorerie de quelque 13 milliards d’euros, EADS était donc sur les rangs. Et son offre de 1,62 milliard d’euros laissait peu de chance aux éventuels outsiders. Une acquisition d’autant plus stratégique pour EADS que le groupe réalise 80 % de son chiffre d’affaire avec Airbus et l’aviation civile. Une activité très cyclique qu’EADS, qui est aussi un groupe de défense, cherche impérativement à compenser en augmentant la part militaire de ses activités.
Hélas, Nicolas Sarkozy et son conseiller économique François Pérol se sont opposés vigoureusement aux futures noces entre EADS et Thalès. Et tant pis pour l’ancien ami, Arnaud Lagardère, qui cherche à restructurer son groupe et à peser face au partenaire allemand bien encombrant. L’Elysée a veillé de près à ce que ce soit le fidèle entre les fidèles, Serge Dassault, qui rachète les parts d’Alcatel dans Thalès, dont l’Etat possède un gros quart du capital.
D’après Libération du 17 décembre, l’accord est désormais « ficelé », la messe est dite. Et peu importe que Dassault Aviation, adossé demain à Thalès, soit une société vieillissante et franchouillarde. Et que les constructions navales de la DCNS, filiale de Thalès, n’aient à peu près rien à voir avec les Rafale de monsieur Dassault.
Officiellement, à en croire l’entourage présidentiel, EADS serait un groupe instable et rongé par les conflits internes et où le méchant loup allemand risque de se payer la part belle. Ce qui expliquerait, au nom de l’intérêt de l’économie française, la stratégie élyséenne. La vérité est sans doute plus complexe.
Thalès et sa filiale DCNS (Constructions navales) sont les deux principaux acteurs du trop fameux contrat des frégates de Taiwan. Ce dossier sensible entre tous pèse, en commissions et rétro commissions, près de 600 millions de dollars. Une procédure d’arbitrage court entre Taiwan et Paris, qui risque de coûter lourd au budget de l’Etat. Lequel veut veiller de près au Grisbi.
Autre souci, moins avouable, les dirigeants de Thalès et de la DCNS connaissent tous les petits secrets des marchés des années 1994 et 1995, lorsque Balladur était Premier ministre et Sarko le patron du Budget. Et c’est peu dire que l’ouverture par le Procureur de Paris, Jean-Claude Marin, d’une information judiciaire sur les petits arrangements des officines luxembourgeoises dépendant de la Direction des Constructions Navales, ancêtre de la DCNS, en inquiète plus d’un en haut lieu.
Le mécano concocté à l’Elysée n’était pas joué d’avance. Dassault, qui d’ores et déjà possède 5% de Thalès, ne pensait, l’été dernier, qu’à vendre sa participation, comme le reconnaissait publiquement le numéro deux du groupe, Charles Edelstenne. Et la première proposition de l’avionneur, en septembre, 36 euros par action, était nettement moins généreuse que celle d’EADS (44 euros par action). Le lobbying de Sarkozy, recevant Dassault à l’Elysée, explique qu’une deuxième offre soit proposée, celle-là presque égale à celle d’EADS (1,58 milliard contre 1, 62 milliard).
Désormais, Dassault plus l’Etat possèdent la majorité de Thalès. Encore que dans cette opération, les droits exacts des minoritaires n’apparaissent pas nettement. Autant dire que la reprise en main s’avère brutale. Le patron de Thalès, Denis Ranque, est sur un siège éjectable. Et le pédégé de la DCNS, Jean-Marie Poimboeuf, pourrait être poussé à la retraite d’ici février. Le favori pour le remplacer est un certain Patrick Boissier, dont le passage aux Chantiers de l’Atlantique n’a pas été flamboyant, mais qui a l’avantage sur d’autres d’être un sarkoziste pur et dur. A Bercy, on souligne que « madame Lagarde, la ministre de tutelle, n’a guère été consultée ».
Personne ne peut croire que l’Elysée prenne la moindre décision sans consulter Christine Lagarde !
Serge Dassault qui ne tarit pas de critiques sur les 35 heures , nourrit en sa qualité d’actionnaire principal de Thalès…. le père des 35 heures le dénommé Yves BAROU ancien du cabinet de Martine Aubry (1). Ce dernier a une super fonction (N° 2 du groupe) extrèmement bien rémunérée grace au phénix de Corbeil….alors arrête ton char Serge et… mets tes convictions en phase avec tes critiques …
(1) Valeur actuelle (le journal de Serge) de 2000 édito François d’Orcival