Mise en musique par les grandes entreprises de presse, l’année passée doit laisser en nous le sentiment qu’elle n’a pas existé.
Commençons par l’essentiel : les dernières nouvelles de la liberté. Celle de la presse est mal en point. Concentration dans le camp de l’argent brutal – jamais éclairé –, absence de vision du monde, de rêve. Souvent fabriqués par des hommes qui ne croient que dans le confort d’une vie cool, les journaux sont des « produits » normalisés. L’infâme soirée donnée par Bernard-Henri Lévy au Café de Flore, réunion de tous les partis et de toute la presse, pour fêter sa revue, la Règle du jeu, restera dans l’histoire avec un crêpe noir au-dessus de la porte : à Saint-Germain-des-Prés, la médiasphère connivente est allée rire à son propre enterrement.
Il y a un an, c’est de cet abandon du champ de la liberté qu’est né Bakchich Hebdo, tigre de papier prenant le maquis avec, pour munition, l’utopie de mots écrits sans haine et sans contrainte.
Pour le reste, mise en musique par les grandes entreprises de presse, l’année passée doit laisser en nous le sentiment qu’elle n’a pas existé. 2010 n’étant qu’une marche du podium vers la présidentielle, il fallait l’avaler à la course. Pour en arriver au sérieux, à l’utile : trier le Sarkozy du Strauss-Kahn. Bel avenir que le nôtre avec l’injonction de choisir entre deux hommes de même philosophie, plébiscités par les privilégiés. Mais à quoi bon nous agiter pour ce lendemain qui chante, après avoir vu Inside Job, documentaire extraordinaire, et constaté que Wall Street continuait de mener, sans entraves, le monde vers l’abîme ? Les preuves que ces douze mois n’ont pas existé, les voilà. L’actualité imposée se répète, en boucle. Nous sommes passés du scandale du H1N1 à celui du Mediator, avec, aux commandes, les mêmes responsables préparant dès aujourd’hui l’horreur de demain.
Les gros comptes de Liliane Bettencourt et ceux des sous-marins de Karachi ont toujours à leurs trousses les mêmes Diogène privés de lanternes. Et Haïti continue d’être un mot qui veut dire misère. Un éclat de rire, pourtant, celui lancé par Julian Assange et son WikiLeaks. En montrant la face cachée du monde, il a révélé son mensonge. Pendant quelques minutes, les puissants se sont sentis gênés de voir révélé leur bonneteau. Quelle drôle d’idée d’écrire la vérité.
Bonne année avec Bakchich Hebdo, le journal qui vit de votre fidélité.
L’ambassade des Etats unis a épinglé les journalistes français
Nombre d’entre eux se voient plutôt davantage comme des intellectuels, et préfèrent analyser les événements et influencer leurs lecteurs plutôt que de rapporter les événements.