Entre les lourdes peines de prison dans le procès des manifestants de Gafsa et le début du procès aux assises en France d’un tortionnaire tunisien, la dictature de Ben Ali est à la fête.
Les affrontements entre la flicaille du président Ben Ali et les habitants de la ville minière de Redeyef, dans le sud-ouest de la Tunisie, ont repris de plus belle. Et cette fois ce n’est pas un concours de recrutement bidonné qui a mis le feu aux poudres dans ce bassin minier de Gafsa ravagé par le chômage et la misère comme en janvier 2008. Mais une scandaleuse décision de justice.
Le jeudi 11 décembre, à 23 heures, le tribunal de Première instance de Gafsa a rendu son verdict dans le procès de 38 personnes qui ont participé aux manifestations et émeutes qui ont agité le bassin tout au long du premier semestre 2008 donnant des maux de tête persistants au régime policier du président Ben Ali. Les peines de prison vont de une à dix années.
Les deux leaders syndicaux Adnan Hajji et Bechir Labidi (devenus des stars à Gafsa et Redeyef) ont notamment pris dix ans et un mois. Le responsable à Paris de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives), Mouhiedine Cherbib, a, lui, été condamné par contumace à deux années de prison. Le tout dans une indescriptible pagaille digne des pires justices bananières.
Ainsi, après sept jours d’interruption, le procès a recommencé le 11 décembre pour être très vite interrompu de nouveau. Puis l’audience a fini par reprendre quelques heures plus tard… pour aussitôt se terminer sur ces mots : « l’audience est ouverte. Le tribunal a décidé. L’audience est close » ! Le juge n’a même trouvé utile de prononcer les peines, laissant le soin au bâtonnier de s’enquérir du sort des condamnés auprès du secrétariat du tribunal, au nom de la centaine d’avocats venus de toute la Tunisie et qui s’étaient courageusement constitués partie civile.
Cette parodie de procès et les lourdes peines assorties ont provoqué l’indignation de la présidente de la FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme), la Tunisienne Souhayr Belhassen, qui n’a pas de mots assez durs pour fustiger la justice et le régime de Ben Ali. « Ce procès est catastrophique. On pensait qu’il y aurait une attitude raisonnable, mais le régime est décidé à aller très loin. C’est révulsant. C’est l’injustice qui s’installe et qui perdure. Ce n’est pas de bon augure pour le cinquième mandat présidentiel de Ben Ali [1] que de mettre des jeunes et des syndicalistes qui demandent du travail en prison. Ce n’est pas politique, nous sommes dans la déraison » a-t-elle déclaré, choquée, à Bakchich.
La décision du tribunal de Gafsa a eu un effet immédiat : la reprise des affrontements entre jeunes et forces de police. Selon le parti communiste des ouvriers de Tunisie, les troubles ont commencé à éclater vendredi soir dans le quartier Houmet Essouk puis se sont étendus au quartier Annezla, avant de se propager au reste de la ville de Redeyef, entièrement quadrillée par la police. Selon la même source, dans la nuit, « en guise de représailles, les forces de l’ordre ont procédé à de nombreuses arrestations, n’hésitant pas à multiplier les intrusions dans les domiciles, à défoncer les portes et à agresser la population. »
Si la situation demeure confuse, le dernier décompte en provenance de Redeyef fait état de « 23 arrestations, particulièrement parmi les jeunes récemment libérés et les proches des animateurs du mouvement condamnés jeudi dernier ». C’est notamment le cas dramatique de deux frères de Sami Ben Ahmed, condamnés à 6 ans de prison. Selon le parti communiste des ouvriers de Tunisie, « ils ont été arrêtés au domicile familial. La police s’est introduite chez eux terrorisant, insultant et agressant les membres de leur famille, y compris leur mère. Ahmed Ben Ahmed (l’un des frères) a été extirpé de son lit, alors qu’il était souffrant et avait des pansements sur différentes parties de son corps suite à un accident. »
Si les auteurs de ces arrestations musclées ne seront certainement jamais inquiétés pour leur agissements, on ne peut pas en dire autant du tortionnaire présumé Khaled Ben Saïd. Cet ancien vice-consul de Tunisie à Strasbourg comparaît en effet à partir de ce lundi 15 décembre devant la Cour d’assises de Strasbourg en vertu du principe de compétence universelle. Une grande première qui, espérons-le, fera réfléchir la flicaille tunisienne qui pratique la torture au quotidien dans les commissariats et autres centres d’interrogatoires du pays !
Selon la FIDH qui s’est battue pour que ce procès aboutisse, l’ex-diplomate est accusé d’avoir torturé une ressortissante tunisienne — Mme. Gharbi — en octobre 2007 au commissariat de police de Jendouba où il officiait alors comme commissaire. Mme Gharbi avait porté plainte contre Khaled Ben Saïd en mai 2001 en France, et une information judiciaire avait été ouverte contre lui en janvier 2002. Le bonhomme se trouvait alors sur le sol français et s’était empressé de déguerpir en Tunisie. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis février 2002, ce qui, selon la FIDH, ne l’aurait pas empêché de « continuer à travailler au sein du ministère de l’Intérieur tunisien, sans être le moins du monde inquiété ». Les autorités tunisiennes n’ont, bien entendu, jamais exécuté la commission rogatoire internationale délivrée par la justice française en juillet 2003. Mais, imperceptiblement, les lignes bougent. Et si l’édifice du dictateur Ben Ali commençait à se fissurer ?
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] En bon président-à-vie, Ben Ali a annoncé qu’il se présenterait à sa propre succession aux présidentielles d’octobre 2009. Parions sur le fait qu’il sera élu avec plus de 90 % des voix…
Modification après modification de la constitution pour un 5ème mandat, Ben Ali s’est aperçu que la place est bonne et veut réaliser ce qu’il a reproché à Bourguiba en le destituant pour sénilité en 1987.
Pour pouvoir faire le contraire de sa promesse de 1987, il a cédé à la pression (organisée par ses zbirs) afin de sauver la face et continuer à l’age de 72 ans.
La vérité : beaucoup de tunisiens ont peur et disent qu’une abstention à ces élections est considérée comme une opposition à Ben Ali mais ils savent que s’ils votent pour ses opposants, les résultats seront truqués (par ses zbirs) comme toujours !
En résumé et gentiment, il faut un roi pour chaque pays arabe musulman.
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
On ne peut pas parler de la Tunisie et de son injustice sans rappeler le drame de madame Harakati Sameh. Le drame de cette femme est un destin de malchance. Nous pouvons tous l’aider et rétablir une vérité et surtout une liberté.
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
La prostitution et la délinquance existent partout, je vis en Tunisie depuis 2 ans du coté de Sousse et je vois le nombre de nos frères algériens faire du tourisme chez nous augmenter trés fortement.
ET C’EST UNE TRES BONNE CHOSE !!
Les algériens viennent dépenser beaucoups d’argent, et ce n’est pas que des jeunes à la recherche de filles et d’alcool, il y a beaucoups plus de familles entières. Grace à eux les commerces tournent très bien et les loyers doublent. Il y a même des tunisiens qui louent leur maison familiale pendant l’été !
En Tunisie la majorité des gens est contente de ce phénomène. Comparé aux fauché d’Europe de l’Est qui viennent avec des formules "all inclusive" et qui n’ont pas un rond a dépenser, il n’y a pas photo…
One, two, three, et viva l’algérie !!!
;-)