Les tamouls continuent d’être la cible de persécutions au Sri Lanka. En France, lorsqu’ils osent manifester un peu trop bruyamment, on leur envoie les CRS.
La vie d’un Tamoul n’est que de peu de poids sur le « pèse l’être » de la foire à l’info. Chaque minute, dans ce Sri Lanka qui fut Ceylan, des myriades de tamouls meurent sans avoir la grossièreté de perturber la « Communauté internationale », et sa presse, qui peuvent ainsi mieux digérer Durban II et les filets de perches, spécialité du Léman. Plus facile de s’indigner des paroles d’un petit iranien plutôt que d’arrêter un massacre ?
Hier lundi, 1 496 de ces tamouls sans visages seraient morts sous des bombes dans le Vanni, région du nord est de l’île, c’est-à-dire au diable. Chiffre rassurant puisqu’il y a 15 jours, une tuerie journalière avait atteint le score de 2 500 victimes, tout aussi silencieuses. Et les 80 000 tamouls réfugiés en France, désespérés et finalement en colère, ont décidé de ne pas laisser disparaître leurs familles, restées au Sri Lanka, sans tenter un baroud. Depuis le 8 avril, quatre jeunes âgés de 23 à 26 ans, grévistes de la faim, campent sur le Parvis des Droits de l’Homme au Trocadéro. Habités par la volonté qui fut celle d’un de leurs frères qui s’est immolé à Genève, troublant d’ailleurs assez peu la sieste des délégués de l’ONU.
Depuis quinze jours, le Trocadéro est donc devenu la jungle des Tigres puisque ce bel animal est l’emblème des Tamouls. Chansons tristes, slogans aiguës, on sent la « communauté » obéissante et organisée. Les milliers de protestataires sont alignés au cordeau avec leurs pancartes et leurs drapeaux, ayant tous un morceau de la froide détermination d’un Gandhi. Ces manifs ordonnées, auxquelles nous ne sommes pas habitués, ont la gueule d’une soirée à l’opéra de Pékin, mouvements, couleurs. Parfois pourtant, le tamoul sait se fâcher et hier soir, pour avoir barré une rue de leur quartier de Paris, à la Chapelle, 210 d’entre eux ont été arrêtés par nos doux CRS (voir la vidéo).
Si ce monde tamoul s’agite et ne mange plus, c’est pour supplier le gouvernement français d’intervenir auprès du pouvoir sri lankais afin qu’il arrête ce qu’eux nomment « génocide ». Les Tamouls ont entendu dire qu’au ministère des Affaires étrangères, au Quai d’Orsay, à Paris, règne un certain Bernard Kouchner, spécialiste de l’ingérence, capable de stopper les crimes contre l’humanité comme le rebouteux, « arrête » le feu d’une brûlure. Et aussi, au même endroit, sur le même Quai, qu’une dame Rama Yade se penche à plein temps sur les « Droits de l’Homme »…
Pour l’instant, ces petits hommes et ces petites femmes tranquilles ont fait choux blanc. Sans élever la voix, une porte-parole tente d’expliquer l’inexplicable absurde : « on nous massacre mais en même temps, la Communauté Européenne nous place sur la liste noire du terrorisme international »… À croire que ces Tamouls ont un chromosome palestinien ?
L’ONU estime que, coincés dans la région du Vanni, 150 000 tamouls sont des cibles potentielles de l’armée sri lankaise. Jacques de Maio, délégué de la Croix Rouge, seul organisme autorisé dans la région, décrit la scène : « des dizaines de milliers de personnes, sur une zone de 20 kilomètres, sont coincées en bordure de plage et pris entre les tirs croisés. Des personnes assoiffées, affamées survivant dans des conditions d’hygiène dramatiques. Elles nous supplient de les évacuer… Mais comment ? Certaines traversent les lignes de tirs au péril de leur vie »…
À Colombo, le gouvernement du Sri Lanka a une vision simple du conflit : en finir avec les Tigres Tamouls. Un mouvement de résistance qui, depuis plus de trente ans, se bat pour préserver « sa terre et ses droits ». Et puisque le guérillero vit dans sa communauté comme le poisson dans l’eau, l’armée tire et sur le poisson et sur l’eau, c’est-à-dire enfants femmes et vieillards et, pourquoi pas, à coups d’obus au phosphore. Vu d’en face, et en novlangue guerrière, on parle de « terroriste qui s’abritent derrière des boucliers humains ». Il est intéressant de noter que le pays est dirigé par une coalition entre « Nationalistes » et le « Parti de moines bouddhistes », ce qui démontre que ces saints hommes sont aussi pacifistes que Torquemada ou Franco.
Pour faire court et forcément imprécis, genre Wikipédia, disons que Ceylan, au fil des siècles, s’est constitué en trois royaumes différents. Cette division a été respectée par les premiers colons portugais puis par leurs successeurs hollandais. Comme toujours – quand les Français ne sont pas dans le coup – c’est avec l’arrivée des Anglais que l’affaire se gâte. Les British ne connaissent qu’un royaume, le leur : Ceylan est unifiée à coups de sticks et de baïonnettes.
En 1948, le Royaume Uni s’en va en confiant les clés à la majorité Cinghalaise. Le drame peut commencer. Les Cinghalais voient dans les Tamouls des rastaquouères venus d’Inde alors que les Tamouls affirment avoir fait souche à Ceylan bien avant que le premier cinghalais n’y mette de bout de la sandale… Le Cinghalais est uniquement bouddhiste, le Tamoul l’est aussi mais également chrétien et, pourquoi pas, un peu musulman…
Avec le temps rien ne s’en va et le pire est toujours pour demain. La langue tamoule est interdite des lieux officiels, l’homme tamoul se voit enfermé dans un statut de citoyen de troisième zone, « d’étranger » qui n’a qu’à aller retrouver ses cousins en Inde ! Ainsi, depuis 60 ans les Tigres se battent, dans l’indifférence, puisqu’il n’y a pas de pétrole dans le sous-sol de leurs ancêtres. Et ils ont contre eux l’Inde, la Chine, grandes démocraties émergentes et l’Angleterre, grande démocratie vieillissante. Israël, en tant que troisième marchand d’armes au monde, place là quelques uns de ses meilleurs outils et le reste du monde se fout des Tamouls qui ne sont que des « terroristes ». Bien fait pour eux, les Tamouls n’avaient qu’à naître Kosovars.
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" pour avoir barré une rue de LEUR quartier de Paris " dit l’article : je suis heureux d’apprendre que Paris est devenu un nouveau Beyrouth où chaque communauté a le droit de faire ce qu’elle veut dans son quartier et l’administre de façon autonome.
Ce qui s’est passé dans CE quartier de paris, partie intégrante du territoire de la République française, c’est que des manifestants tamouls ont occupé la voie publique et bloqué un carrefour, perturbant la circulation dans toute la zone sans avoir fais une demande d’autorisation pourtant obligatoire et que, lorsque les policiers ont voulu les obliger à libérer ce lieu public occupé illégalement, un certain nombre d’entre eux s’est excité et à commis de graves dégradations et violences.
La France est un Etat de droit, tout le monde doit se plier aux mêmes règles. La situation des Tamouls aux Sri Lanka n’a rien à voir là dedans.
De même, l’occupation du parvis des Droits de l’homme 24h/24 par, suivant les heures, de 200 à 2000 manifestants, ainsi que quatre grévistes de la faim, constitue un manque de respect flagrant pour les riverains (qu’on regarde de travers quand ils refusent le tract qu’on leur propose pour la dixième ou vingtième fois), les touristes - qui viennent souvent ici pour la première et dernière fois- et ceux qui travaillent en ce lieu, les vendeurs de souvenir, par exemple (Une vingtaine de vendeurs sénégalais clandestins sont ainsi au chômage depuis dix jours). Un rassemblement quotidien de deux ou trois heures ne suffirait-il pas ?
Le plus inadmissible est l’exhibition des quatre jeunes hommes qui ont entamé une grève de la faim "jusqu’à la mort" selon les panneaux installés devant eux. Ce genre de méthode est une insulte au pays qui a donné à tant d’entre eux (pas loin de 100 000 ?) le statut de réfugié politique.
Quand on me demande s’il y a une épicerie dans "MON" quartier, je ne réplique pas en précisant que je n’en suis pas le propriétaire ! Quant aux "RIVERAINS" de l’esplanade des "Droites de l’Homme", si vous en trouvez un, faites moi signe puisque l’esplanade est au milieu d’un désert urbain. Le droit existe, la mauvaise foi aussi…
JM Bourget
JM Bourget,
Je suis riverain de la place du Tocadero. Je ne dors pratiquement pas depuis déjà 2 semaines (environ 4H00 par nuit), mes nuits sont rythmées par les TAM-TAM (je révise également mes examens de fin d’année). Donc des riverains de l’esplanade des "DROITS DE L’HOMME" existent. Peut-être ne connaisez-vous pas ce quartier de Paris ?
La cause est noble mais les pratiques excessives.
Force est de constater que la FRANCE est une grande démocratie,n’en déplaise à certain…
Un riverain désabusé
Simplement je peux me tromper. Mais c’est pas tous les Tamouls du Sir Lanka qui sont en lutte mais un groupe particulier qui a méprisé d’autre groupe de Tamoul de basse castes et particulièrement une organisation le LTTE Tigre Tamoul qui a pratiqué des nettoyages ethniques sur les "tamoulphones" musulman et des cingalais ….
Mais cela ne dédouane pas les autorités actuelle (issus d’un mouvement de gauche d’inspiration marxiste et partisan de la ligne dure).
De plus, il ne faut pas oublier que le LTTE a fait assassiné le ministre des affaires étrangères (lui même Tamoul du Sri Lanka) du gouvernement précédant lors de la trêve.
Le Sir Lanka est une démocratie qui certes fonctionne mal, mais une démocratie ou il a : un humain = une voix.
Il est compréhensible que des "Tamoulophones" du Sri Lanka de haute caste qui étaient sur représenté dans l’administration colonial Britannique au Sri Lanka aient eu du ressentiment d’être mis à l’écart pour faire un plus de place aux autres communautés du pays (mais il me semble pas que cela n’est pas plus que les Afrikaner Blanc en Afrique du Sud doivent faire actuellement).
Ce que vivent aujourd’hui les Tamouls au Sri Lanka et ce qu’ils ont vécu depuis des dizaines d’années est malheureusement peu connu, ce qui se voit dans les commentaires… L’interdiction de journalistes de la part du gouvernement sri-lankais y est sans doute pour beaucoup.
Les manifestations et rassemblements ne visent pas à conforter une organisation qui, selon certain, serait terroriste, ni à soutenir la revanche de hautes castes tamoules exclues du pouvoir.
Ils ont débutés lorsque la situation s’est aggravée au Sri Lanka, au début de cette année, et que les informations parvenant par des particuliers qui sont encore sur place, par des ONG et par les médias étrangers qui parvenaient à avoir des informations ont montré qu’une catastrophe pour les Droits de l’Homme allait se dérouler et que les prémisses étaient déjà là. Les événements ont montré que l’analyse était juste : écoles et hopitaux bombardés, civils visés par les tirs, personnes déplacées mises dans des camps, personnes disparaissant mystérieusement, interdiction d’observateurs internationaux…
Tant que rien de bouge, il est compréhensible que des personnes se mobilisent, plutôt que de rentrer chez eux tranquillement pendant qu’une population connait un nouveau massacre. Les violences de ce lundi sont le fait d’une minorité, exaspérée de voir que rien ne bouge justement, malgré une mobilisation de masse (plusieurs milliers de personnes lors de manifestations, sans aucun retour des médias).
Concernant les origines du conflit, on peut remonter loin, mais quels que soient les actes commis par les ancètres des Tamouls, cela ne justifie pas qu’on ait déclaré le cinghalais langue d’Etat et que des quotas aient été mis en place pour limiter puis interdire l’accès aux Tamouls à l’éducation et aux emplois publics. Cela ne justifie pas non plus de réprimer dans le sang les manifestations pacifiques qui avaient lieu au Sri Lanka pour dénoncer la non reconnaissance de l’égalité entre Tamouls et Cinghalais, ni de détruire la bibliothèque de Jaffna.
Le plus important aujourd’hui, c’est de tenter de trouver une solution politique au conflit, permettant à tous les Sri Lankais, quel que soit leur ethnie, de vivre en paix, et avec des droits égaux. Et de ne pas attiser la haine. On en est loin…
Lors de la décolonisation, une partie des "Tamoulophones" de Jaffana (donc pas tous les tamoulophones du Sri lanka, mais un groupe d’ultra) ont réclamé une sur-représentativité de 50% au parlement alors qu’il ne représenté qu’une minorité de 10%à 15% de la population.
Il s’y ajoute un conflit millénaire d’invasion Tamoul avec des reflus et des conquêtes……
Mais sur tous, les cingalais et les autres groupes Ethniques de Ceylan ont vécus les Tamouls comme des colons de l’Empire Britannique : qui ont favorisé leurs installations pendant plus de 200 ans. et de plus plus, leur avait reversés des places dans l’administration et offert un meilleur système éducatif.
De plus, une bonne partie de la population "tamoulophones" ne sont pas pour les nettoyages Ethniques comme le LTTE l’a pratiqué envers les autres groupe ethnique de l’ils y compris des "tamoulophones" d’autre groupes : basse caste, musulman ….. je ne parle même pas des cingalais
Les leaders des LTTE sont des basses castes (caste de pêcheurs) et ceux qui les soutiennent aussi. Les hautes castes sont très opposés aux LTTE.
Contrairement à ce que certains affirment, les anglais n’ont pas offert les hauts postes aux tamils (et non tamouls) de hautes castes. Ces derniers (ancienne aristocratie du sud de l’Inde) avaient une longue tradition dans le domaine de l’éducation et de l’administration. C’est la raison pour laquelle les anglais ont préféré travailler avec eux.