Entre coups bas serbes et russes, magouilles américaines et impuissance européenne, l’avenir du Kosovo ne s’annonce pas vraiment radieux.
« Le Kosovo c’est comme dans les contes pour enfants : on sait comment ça va finir », soupire ce diplomate européen spécialiste des Balkans. Justement, la fée américaine s’est penchée cette semaine sur le berceau de cet État européen né le 17 février 2008. Et lui a fait un drôle de cadeau : le Kosovo figure désormais sur la liste des pays qui seront fournis en armes et en savoir-faire en matière de renseignements par Washington. George W. Bush a justifié sa décision en ces termes : « servir la paix dans le monde ».
En attendant ce moment céleste, dans la ville de Mitrovica, la situation dégénère doucement mais sûrement. La minorité serbo-kosovar nargue depuis la rive nord du fleuve Ibar, la majorité albano-kosovar au sud ainsi que les 16 000 hommes des troupes des Nations-Unies et de celles mandatées par l’Otan pour assurer la tranquillité des lieux.
Déjà, le pont reliant les deux rives de Mitrovica ne sert plus qu’à délimiter les deux parties ennemies d’une ville coupée en deux. En effet, les 120 000 Serbes vivant au Kosovo se refusent toujours à reconnaître l’indépendance de ce nouvel État. Quant à la Serbie et à la Russie, elles qualifient la déclaration d’indépendance de ce pays de deux millions d’habitants d’« illégale » et attisent les antagonismes ethniques et religieux.
La situation est suffisamment tendue pour qu’un mois à peine après la naissance du Kosovo, ses bonnes fées tremblent déjà pour son avenir et, accessoirement, pour leur tranquillité. Et il y a de quoi…
Des policiers en civil venus de Belgrade ainsi que des agitateurs proches du parti radical nationaliste serbe de Tomislav Nikolic patrouillent les rues du nord du pays, mettant le feu aux poudres des nationalismes. Sans la moindre gêne car ils savent qu’ils peuvent compter sur un allié de poids : la Russie, qui a déjà fait savoir qu’elle livrerait dès cette semaine l’enclave serbe du Kosovo en nourritures et médicaments, renforçant un peu plus l’atmosphère de tranchées qui règne.
Pour la doublette Dmitri Medvedev-Vladimir Poutine, l’enjeu diplomatique est double : positionner la Russie face aux États-Unis mais aussi face à une Europe toujours hagarde dès qu’il s’agit d’adopter une position diplomatique commune. Le calcul de Moscou est sans doute d’apparaître à terme comme incontournable dans la résolution de conflits…
Et puis, tant qu’elle y est, la Russie estime que soutenir l’enclave serbe contre la majorité kosovar de confession musulmane sert aussi de baume destiné à calmer l’humiliation subie lors les bombardements de Belgrade par l’OTAN en 1999. Il n’y a jamais de mal à se faire du bien au passage, n’est-ce pas ?
On ne peut pas en dire autant pour les Européens qui commencent à se gratter furieusement la tête. « Nous savions qu’en laissant le Kosovo devenir indépendant, il se créerait de facto un précédent dangereux dans une région toujours prête à exploser », souligne avec lucidité ce diplomate européen.
Les spécialistes des Balkans qui officient dans les différentes chancelleries européennes espéraient néanmoins en tirer un maigre bénéfice : mieux combattre et contenir les deux fléaux les plus graves de la région, à savoir la prolifération de groupes mafieux originaires d’ex-Yougoslavie et les vagues d’immigrations susceptibles de survenir en cas de conflit.
Un bien mauvais calcul, car, au Kosovo, le taux de chômage officiel atteint les… 60%. Même Carl Bildt, le ministre suédois des Affaires étrangères et spécialiste de la zone, ne peut plus résumer l’imbroglio kosovar que de la façon suivante : « nous n’avons pas d’arrangement pour cette région et le rôle de l’ONU devrait être redéfini ». Bel aveu d’impuissance. D’autant que le 11 mai prochain se tiendront les élections du parlement serbe. Le parti radical, dont le chef, Vojislav Seselj, accusé de crimes de guerre, est d’ores et déjà donné gagnant…
Tiens, puisqu’il est question de Carl Bildt, voici ce qu’il écrit sur son blog le 3 juillet dernier :
"… As we welcome France there is every reason to thank Slovenia for its contributions during its six months. "it was the first “new” member nation which held the presidency, and one of the smallest in the union to boot. That it implies a considerable effort goes without saying. "But important parts of its priorities were crowned with success. "That the Balkan policy was central was rather self-evident. "After the decision on Kosovo in February it was extremely important to try and prevent Serbia from getting completely out of control. The decision on the Stabilisation and Association Agreement with Serbia at the end of "April —which took place after a lot of hard work from the Presidency — wrested electoral victory from the hands of the ultra-nationalists in early May. "And then diplomacy was important in the constitution of a new government which is taking place in Belgrade. "All of this could have gone very differently — and become very nasty. "Let’s then tip our hats to Slovenia and Foreign Minister Dimitrij Rupel."
http://carlbildt.wordpress.com/2008/07/03/frankrike-tar-ledningen-och-vi-gratulerar-slovenien/ Frankrike tar ledningen - och vi gratulerar Slovenien
Alla dessa dagar, 3 juli 2008.
… Samtidigt som Frankrike välkomnas finns det all anledning att tacka Slovenien för dess insatser under sina sex månader. Det var det första “nya” medlemslandet som hade ordförandeskapet, och därtill ett av de allra minsta inom unionen. Att det innebar en mycket betydande kraftansträngning säger sig självt. Men man lyckades med viktiga delar av sina prioriteringar. Att Balkan-politiken var central var ganska självklart. Efter beslutet om Kosovo i februari var det ytterligt viktigt att bidraga till att förhindra att Serbien gick alldeles över styr. Beslutet om SAA-avtalet med Serbien i slutet på april - som föregicks av mycket hårt arbete av ordförandeskapet - vred valsegern ur händerna på ultranationalisterna i det serbiska valet i början av maj. Och därtill lades diplomati av betydelse för den regeringsbildning som nu pågår i Belgrad. Allt detta kunde ha gått mycket annorlunda - och blivit mycket illa. Så vi lyfter på hatten för Slovenien och utrikesminister Dimitrij Rupel.
Source : http://www.newkosovareport.com/200807021013/Region/Kosovo-amongst-the-successes-of-Slovenian-Presidency.html
Stephen Schwartz a publié en 2000 "Kosovo : Background to a war". Spécialiste de la région depuis un quart de siècle, il comprend aussi bien l’albanais que le serbe. Séduit par l’islam bosniaque, il s’est converti au soufisme il y a quelques années.
http://pajamasmedia.com/blog/keeping_moscow_at_bay_in_kosov/ Keeping Moscow at Bay — In Kosovo
By Stephen Schwartz, Pajamas Media, January 3, 2008
… Kosovo has dropped off the political map for most Americans, who are diverted by continuing terrorism in the core Islamic countries – exemplified by the assassination of Benazir Bhutto. Similarly, Western obliviousness has encouraged Turkey to attack Iraqi Kurdistan with impunity. Westerners find it difficult to perceive clearly how, while the U.S. is absorbed with the headlines in the battle against jihadists, other malign interests – Russian and Chinese imperialism no less than Turkish ultranationalism – pursue their own aims. The appetites of Moscow could again set Europe afire, beginning in Kosovo - just as war was touched off in Sarajevo.
While Kosovo appears most important to Albanians and their friends, the territory’s independence is significant for another reason – as a bulwark against revived Russian designs beyond its borders. Kosovo independence has been promised, explicitly or implicitly, by the U.S. and some European countries since 1999. There are no special “processes” required for the attainment of independence, except, when necessary, a struggle against the colonial power. Indeed, the United Nations declared in the great age of decolonization – the 1950s and 1960s – that “Inadequacy of political, economic, social or educational preparedness should never serve as a pretext for delaying independence.”
Failure to secure independence for the Kosovar Albanians will have further negative consequences. First, it would be a betrayal by the U.S. of one of the few majority-Muslim communities in the world that is wholly pro-American – a threat also visible in the alienation of Kurdish affections by American hesitation to restrain Turkey in Iraq. But most importantly, it will encourage Serbian adventurism, as well as similar attitudes elsewhere – beginning in Turkey and Russia, but opening a road without a predictable end, except probable disaster. While Western media and pseudo-experts prattle about the dangers of “separatism” in Europe, the real menace comes from the arrogance of the established powers, not from the oppressed small nations.
Vous éprouvez le besoin de mentionner que "la majorité kosovar [est] de confession musulmane". Quelle est l’importance de cette information ? Quelles implications en tirez-vous ? Ou cela relève-t-il de l’information subliminale.
Pourquoi dans ce cas-là, ne pas signaler que les Serbes sont de "confession orthodoxe" ? Est-ce moins important ?
Le clergé orthodoxe a rarement été, en ex-Yougoslavie, une force de modération.
A contrario, avez-vous rencontré beaucoup d’Albanais au Kosovo pratiquant le ramadan, s’abstenant de boire de l’alcool pour raisons religieuses, ou même se rendant à la mosquée ?
Soyez sérieuse et n’agitez pas les mêmes chiffons rouges que les ultra-nationalistes serbes qui ont toujours voulu faire croire qu’ils avaient été le bouclier de l’Occident face à la conquête musulmane !
Twitter
Facebook
Imprimer
Commenter
Recommander à un ennemi