Témoignage d’un cadre diplômé marocain dans sa difficulté de trouver un emploi et de sa lutte contre la politique économique gouvernementale.
Depuis deux décennies, à compter de 1990, les rues de la capitale marocaine sont devenues le théâtre d’affrontements le plus souvent à caractère violent entre les forces de l’ordre et le mouvement des cadres hautement diplômés, contraints au chômage. Ces derniers, ne pouvant pas accéder, d’une manière démocratique, à un emploi digne correspondant à leurs attentes socio-économiques, se sont vus obliger de s’organiser en mouvement de revendication ayant pour objectif la défense de leur droit au travail. De même, l’action revendicatrice des cadres chômés consiste à dénoncer avec force le recours aux méthodes non transparentes (coups de piston), favorisées par le climat de la corruption régnant au sein de l’administration marocaine, pour avoir un emploi au sein de la fonction publique.
Face à la situation de précarité économique et d’exclusion sociale qui touche la plupart des lauréats de l’enseignement supérieur, et suite à l’absence d’une stratégie gouvernementale visant à penser des solutions structurelles et rationnelles au problème du chômage, la résistance des cadres supérieurs aux politiques officielles biaisées et socialement injustes ne peut que s’enflammer et s’endurcir davantage si le gouvernement continu de négliger le cri légitime des cadres au chômage.
L’un d’eux affirme "mon idéal ? demande-t-il. Avoir un emploi digne. Sinon, je préfère mourir dans les rues de rabat au lieu de quitter le pays. On nous pousse à l’immigration parce que notre présence dérange, nous les dominés éveillés ayant compris le jeu des dominants au pouvoir". Un autre rétorque "je suis résolu, dit-il, à défendre mon droit au travail quel que soit le prix à payer, et que ni la répression des forces de l’ordre ni les arrestations arbitraires ne peuvent dissuader ma résolution". Un troisième se demande "comment se fait t-il que le gouvernement actuel a décidé de gonfler les salaires des hauts fonctionnaires qui sont déjà suffisamment gros alors que le taux de chômage touchant les cadres supérieurs et les jeunes en général ne cesse d’augmenter". Un quatrième ne se fait pas d’illusion, il souligne "j’accuse l’Etat d’avoir favorisé le chômage, la précarité, l’analphabétisme, la drogue, la prostitution - phénomènes exacerbés soudainement après l’indépendance - et d’avoir attiré l’islamisme radical au Maghreb pour forcer la population à accepter le statut quo et à ne plus pouvoir contester les politiques adoptées officiellement qui n’ont d’autre objectifs que de sauvegarder les intérêts géopolitiques et économiques du néocolonialisme"
Ne revendiquant rien d’autre que leur droit au travail, sans être obligés de recourir aux coups de piston, le respect de leur droit constitutionnel de se manifester pacifiquement et de s’exprimer librement sur les lieux publiques et devant les instances publiques, les diplômés, avec eux l’opinion publique nationale et internationale, se demandaient : pourquoi l’Etat n’avait pas l’intention de cesser de faire recours aux veilles méthodes répressives au lieu d’approcher la question du chômage autrement ? Pourquoi l’Etat refusait de renoncer à la répression à chaque fois que les plus défavorisés se mettent à exprimer leur mécontentement et leur indignation sur la voie publique à l’égard des politiques officielles, les appauvrissant davantage et les poussant à mener une vie austère privée de droits humains les plus élémentaires ?
A moins de considérer l’appauvrissement du peuple comme faisant partie d’une stratégie de l’Etat cherchant à rendre la population plus docile, du moment où l’on sait que la pauvreté et l’exclusion sociale rendent l’individu assujetti et dépossédé de sa faculté de comprendre les enjeux politiques et économiques, l’Etat doit cesser d’être l’élève assidu du FMI, et ce, en refusant les conseils de ses experts qui incitent le pays à corriger les dysfonctionnements de son économie par la privatisation de ses entreprises nationales et ses services publiques.
D’après ces experts, la crise de l’emploi dans les pays en voie de développement, comme le Maroc, ne peut être dépassée que si le pays parvient à s’engager pleinement dans une libéralisation de ses activités économiques, jugés inefficaces. Agissant ainsi, toujours selon l’expertise du FMI, le pays pourra stimuler son économie par les capitaux étrangers investis dans le cadre de la privatisation, et arrivera donc à baisser le taux de la population touchée par le chômage par les nouveaux emplois crées. Or, la réalité des choses montre l’échec de l’adoption de telles politiques économiques libérales, dictées par le FMI, dans plusieurs pays pauvres. Ayant subis les consignes du FMI dans le cadre du programme d’ajustement structurel, destiné aux pays en difficulté en raison de l’endettement pour garder leur solvabilité, les pays pauvres ont fini par céder une partie ou l’intégralité de leurs services publiques de base au secteur privé (privatisation de l’eau, de l’électricité, de l’éducation, de la santé, du transport, …) d’une part.
D’autre part, les instructions du FMI les obligent à se tourner vers la surexploitation des ressources naturelles au lieu d’investir dans une économie basée sur la technologie et la recherche scientifique. La conséquence directe de ce genre de politiques consiste en la réduction très importante des investissements publics, la diminution des crédits alloués au fonctionnement des services publics (écoles, universités, hôpitaux) et l’augmentation du taux du chômage parmi les cadres supérieurs faute d’absence d’établissements nécessaires (centre de recherche, entreprises modernes, industries évoluées), ainsi que des licenciements massifs suite à la fermeture d’entreprises locales qui n’ont pas pu s’adapter aux logiques du marché libéral.
En somme, et pour conclure, le pari de l’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur sera gagné le jour où l’Etat marocain s’engagera sérieusement dans la mise à niveau de son économie de manière à ne plus être dépendante du marché libéral. Ceci n’est possible que quand l’Etat commence à restructurer son économie autour de la recherche scientifique et technologique ; ce qui à son tour reste irréalisable dans un Maroc qui n’ose pas encore démocratiser ses institutions et sa constitution.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
ce qui est dommage c’est de voir ces pauvres jeunes par terre, frappées par des "merda" analphabetes et manipulés…et ca toutes les semaines.
la démocratie c’est pouvoir ser manifester, s’exprimer librement et ca manque trop au maroc.
Mais au moins, avec un diplôme de philo on connaît l’orthographe du mot "emploi". Sans parler de l’accord du participe passé et du verbe être (comme dans "la situation s’est beaucoup amélioré"e").
Quant au fond du message, c’est un peu "acceptez l’esclavage et demain vous serez récompensés". C’est d’un classique, au moyen âge déjà c’est ce que les prêtres vendaient à leurs ouailles (mais peut être faut-il avoir un peu de notions de philo pour se rendre compte de cela, pour avoir une vue un peu plus générale des choses).
Un riche industriel s’adresse à un ami ministre (les riches industriels ont tous au moins un ami ministre) en ces termes :
Mon fils me désespère. Il n’a pas terminé ses études, ne cherche même pas de travail, passe tout son temps à boire et à rigoler avec ses copains. Ne pourrais-tu pas lui trouver un boulot dans ton ministère ?
Aucun problème, répond le ministre. Je le nommerai adjoint à l’un de mes directeurs, avec un traitement de 50.000 dhs par mois.
Non, non. Ce n’est pas cela que je veux. Il faut qu’il comprenne qu’il faut travailler dans la vie et lui inculquer la valeur de l’argent.
Ah ? Bon. Je le mettrai Chef de division, à 25.000 dhs par mois.
Non, c’est encore trop. Il doit se rendre compte qu’il faut mériter son salaire.
Euh… chef de service alors ? 18.000 dhs par mois ?
Toujours trop. Ce qu’il lui faudrait, c’est une place de petit fonctionnaire, tout en bas de la hiérarchie.
Alors là, je ne peux rien faire pour toi, répond le Ministre.
Mais pourquoi pas ?
Pour ce genre de poste, il faut un diplôme.
encore un article bidon. Quand il s’agit du Maroc vous désinformez plus vite que votre ombre et, bien entendu, mon intervention ne sera pas publiée.
Votre "mouvement des cadres hautement diplômés" est ce qu’on appelle au maroc les dimplômés chomeurs ; Ce sont de jeunes diplômés qui ne trouvent pas de boulot comme il y en a quelques milliers en France (allez donc faire un tour à Pôle emploi).
Ces diplômés chômeurs ont longtemps exigé un emploi…dans la fonction publique, ce qui leur a été refusé.
Que ces gens (bac+3 ou 4) cherchent du travail c’est normal mais qu’ils "exigent" une planque dans la fonction publique voilà qui ne manque de culot