L’Assemblée de Copé refuse la présence de syndicat dans les Très petites entreprises. Si les députés se mettent à critiquer la fibre sociale de Sarko…
Si on ne le savait pas encore, c’est chose faite : Yvon Gattaz est, à 85 ans, une des lumières du patronat français. Si ! Si ! On vous le dit. Et si vous en doutez, écoutez dans le texte cet ancien président du CNPF (ancêtre du MEDEF) qui vient de déclarer sur BFM, dans un instant d’abandon, que « Les syndicats ouvriers devraient être supprimés car ils sont la première cause des difficultés et des problèmes des entreprises ». A l’heure du débat sur les retraites, Papy a tout compris : « Les syndicats sont non coopératifs et s’opposent à tout ». Si c’est lui qu’il dit, y a plus qu’à le croire.
A l’entendre, « Les syndicats seraient devenus des administrations inefficaces qui ne penseraient qu’à leur conservation au détriment de leurs adhérents ». Eclair de lucidité ou signe de sénilité avancée, on vous laisse juger. Mais au lieu de voir la paille dans l’œil du voisin, il faudrait peut-être s’interroger sur la poutre qui obstrue la vision du patronat pour qui, a-contrario, les syndicats patronaux défendent les intérêts de tous, de la France, de l’Europe et du monde ; en attendant mieux. Question efficacité, au CNPF on est les champions : création de caisses noires, recrutement de têtes d’œufs pour justifier l’injustifiable et hold-up sur la médecine du travail, sans parler des salaires mirobolants des patrons du CAC 40 et des retraites chapeau indécentes.
Quand notre Président de la République a une idée en tête, il fonce tête baissée. Le voila désormais qui veut créer des syndicats partout, y compris dans les Toutes Petites Entreprises – promesse électorale oblige – avec une fois encore son fidèle agent électoral, Eric Woerth - devenu entre temps Ministre du Travail – à la manœuvre. Ne soyons pas systématiquement négatifs. Autant il est stupide d’obliger les petites entreprises à créer des structures syndicales, autant il est imbécile de vouloir supprimer des syndicats, somme toute pas idiots et qui restent encore des interlocuteurs compétents dans les entreprises. Mais de là à obliger son épicier marocain, son garagiste dans le cambouis et son plombier autodidacte à pratiquer avec sa demi-douzaine d’employés - en plus de leurs heures supplémentaires - réunions de concertation et débats sociétales, on est pas prêt d’être servi ou dépanné. Comme le bon sens existe aussi à l’UMP, ses chers députés viennent de renvoyer le malheureux Eric Woerth revoir sa copie. On a beau être intègre, on a pas que des amis, y compris dans ses rangs. Mais restons en là avec un Ministre du Travail désavoué par les siens et un patronat français qui prouve une nouvelle fois que s’il était le plus bête du monde, il a su le rester.
Pourquoi ne réformer que les syndicats ? Ils ne sont pas l’unique raison de la dégradation de l’emploi en France.
Quid de tous les grands patrons, de mèche avec les législateurs (quand ce ne sont pas les mêmes…), qui nous la font à l’envers depuis tout ce temps ?
Pourquoi ne pas réformer tout leur beau système aussi ?