Faire croire que Bakchich Hebdo a trafiqué comme un listing le rapport accablant de la Cour des comptes sur la RATP : voilà comment le patron de la Régie a tenté le contre-feu. Avant que la Cour ne remette les pendules à l’heure.
Bel exemple de co-gestion d’entreprise, la direction de la RATP et le syndicat SUD Ratp parlant le même langage ! C’est l’effet comique de la publication dans Bakchich Hebdo, mercredi passé (et toujours en kiosques), de croustillants passages d’un rapport de la Cour des comptes sur la gestion un peu bancale de la RATP et sur le train de vie de ses agents.
Tout cela n’a pas évidemment pas plu aux intéressés. Aussi sec mercredi 25, la direction de la communication de la RATP, dont la chef s’appelle Isabelle Ockrent -sœur de Christine- a rédigé un communiqué au ton vif sur le thème : "ces informations ne sont pas sérieuses".
D’abord, nous n’aurions pas dû divulguer ce « document de travail intermédiaire strictement confidentiel » portant sur la gestion de la RATP de 2001 à 2007.
Plus grave, nous nous serions fait grossièrement manipuler, sous-entendu par l’opposition socialiste qui conteste le projet du Grand Paris. Lequel doit renforcer l’entreprise publique dirigée par Pierre Mongin, l’ex dir’cab de Villepin. Pour preuve, « la RATP souligne que les éléments rapportés donnent une version volontairement tronquée, sortie de son contexte et polémique d’un rapport d’étape ». Bref, le rapport de 100 pages que nous possédons aurait été bidouillé comme un vulgaire listing de Clearstream !
Le même jour, le syndicat Sud RATP a emboîté le pas à la direction sur le même thème de la « divulgation orchestrée d’un pré-rapport tronqué de la Cours des comptes sur la RATP ». Le virulent syndicat n’a pas apprécié que soit publié dans notre hebdo le temps de conduite effectifs des agents (2h50) du RER B. Provocateur, « SUD RATP envisage de proposer une grande journée d’action pédagogique à la RATP qui pourrait prendre la forme d’une journée de grève le 24 décembre prochain où les agents de la RATP ne travailleraient effectivement que 2h50 ».
Bref, aux yeux de Mongin comme du syndicat, toutes ces informations seraient biaisées car provisoires mais la vérité éclatera bientôt ! Il suffit que la Cour des comptes publie ses travaux définitifs, intégrant les observations de la RATP, et tout ira bien. En substance dans son communiqué, cela donne : « La RATP est confiante dans la teneur des conclusions que la Cour des Comptes, si elle le souhaite, après s’être réunie en chambre du Conseil, pourrait décider de publier dans son rapport public annuel. » Du jamais vu !
La réponse du berger à la bergère est arrivé le lendemain, en forme de terrible camouflet pour Mongin. Ce n’est pas pour nous faire mousser, mais la Cour des comptes de Monsieur Séguin a publié un communiqué faisant « suite à la publication par Bakchich Hebdo d’un article faisant référence à son rapport particulier sur la RATP ».
Lequel précise l’institution de la rue Cambon « retrace les observations définitives de la Cour formulées au terme d’un procédure contradictoire » et « est donc bien le rapport définitif sur la gestion de la RATP de 2001 à 2007 ». Ce dernier passage est écrit en caractère gras, au cas où certains ne comprendraient pas.
Mais comment un homme aussi bien armé que Mongin a-t-il pu autant se prendre les pieds dans le tapis ? La grande "prêtresse" Anne Méaux qui gère sa communication personnelle ou Isabelle Ockrent n’ont pu lui éviter le ridicule. Peut-être l’ex-préfet aurait-il dû s’entourer des services d’un spécialiste des juridictions financières ?
A lire sur Bakchich.info :
Décidément, certaines gens sont impayables. Elle devrait avoir la mémoire fraiche avant la retraite…
Je me souviens parfaitement de l’ enfumage des actionnaires de l’ ancienne privatisée du tabac en 2003-2004… et d’une certaine AG ou une personne toute menue est venue insulter en fin de cocktail, un actionnaire vigilant qui ne voulant pas avaler la com’ enfumée de la société. Cet audacieux avait sérieusement mis en difficulté en public le président de la société et l’ avait payé d’ une injure indigne. Les poissardes en tailleur de marque se croient tout permis de nos jours.
Tout cela n’ était pas "sérieux" ni professionnel… tout comme aujourd hui le démenti de la RATP . On prend les mêmes et on recommence…
Bel exemple de co-gestion d’entreprise, la direction de la RATP et le syndicat SUD Ratp parlant le même langage !
Misère, faire croire qu’il y a co-gestion — alors que sur le fond les protagonistes s’opposent —, c’est mésuser gravement de l’expression parler le même langage. Dans le sens courant comme chez Artaud, on évoque une manière de parler parce qu’elle est une manière de penser.
Faire croire que le syndicat Sud a la même manière de penser que ses patrons, bien plus que ce simple cas, c’est user d’une rhétorique qui supprime toute pluralité en facilitant le très facile « tous les mêmes » (en parlant de co-gestion).
Au final, c’est couper la parole plus que la donner…
« nul besoin d’être d’accord sur tout pour s’entendre sur certains points » ne colle justement pas dans ce cas : le fait qu’un syndicat récuse un rapport de la cour des comptes ne signifie pas qu’il soit sur la même ligne qu’une direction patronale.
La tournure n’est pas ironique : elle joue sur une opposition idéologique politique digne de ce nom (ex : quelle position syndicale sur les prud’hommes, on y siège ou pas) mais là, pour le coup, tombe à côté de la plaque.