Pour un billet à tarif réduit dans le métropolitain parisien, le distributeur automatique a le cœur large.
Bonne nouvelle, payer son carnet de dix tickets de métro à 5,80 euros au lieu de 11,60, c’est possible !
Pourquoi ? Parce que l’« entreprise » publique transforme peu à peu ses guichetiers en agents d’ambiance. Signe ultime de modernité, leur bocal de vente n’en est plus un, transfiguré qu’il est en bulle orange, avec des mots sur les murs, comme dans une chambre d’enfant : « accueil », « conseil », « assistance »…
Dans cet univers très Bisounours, les vendeurs se tournent souvent les pouces. Du coup pour acheter un ticket, on est prié d’aller négocier exclusivement auprès du « DAB », le distributeur automatique de billets.
Et c’est là, au cœur du DAB, que réside la faille du plan du big boss de la régie Pierre Mongin : le robot vend n’importe quel type de billets, plein tarif ou demi-tarif, à n’importe qui, et sans contrôle du personnel !
Évidemment, se balader dans le métro parisien avec un titre de transport issu d’un « carnet tarif réduit » n’est pas juridiquement correct. Cependant, l’amende, de 25 euros, est vite amortie.
De cela, Pierre Mongin, ne se vante pas. Ce bouillonnant villepiniste se targue en revanche de progrès social. « Honnêtement, être receveur et rendre la monnaie est une tache d’un intérêt intellectuellement limité. Nous avons décidé de les redéployer à d’autres fonctions. »
En arrivant à la tête de la boîte en 2006, Mongin a trouvé sur la table ce plan de transfiguration des vendeurs de tickets. Emballé, il a choisi de passer à la très grande vitesse : produire plus avec moins de salariés. En 2010, la quasi-totalité des 400 bureaux de vente du métro et ceux de certaines gares RER auront donc disparu.
Dans la logique patronale, c’est la faute au progrès puisque la RATP est maintenant une entreprise bornée. Depuis que le coupon magnétique de la Carte orange a été remplacé par le passe magnétique Navigo, que l’usager recharge lui-même sur une borne (quand elle fonctionne !).
Quant au ticket papier, il continuera d’exister, notamment pour les voyageurs occasionnels et ceux qui ne supportent pas l’idée d’être fliqués par ce mouchard magnétique qu’est le Navigo.
A lire sur Bakchich.info :
Il est PARFAITEMENT NORMAL que les distributeurs automatiques fournissent des billets à tarif réduit, et j’espère que ça se généralisera ! C’est de la responsabilité du voyageur de pouvoir justifier d’une réduction, il y a quelques années (+ de 15 ans) c’était la règle : un guichetier n’a pas à vous demander de vous justifier, c’est du moins ce qui devrait se passer.
Il y a par ailleurs des distributeurs en gares RER de banlieue qui ne le permettent pas (guichets fermés à partir d’une certaine heure), imaginez un adulte se présentant avec un enfant à 11h du soir !
Il n’empêche que rien n’est plus nécessaire qu’une présence humaine.
Ah ces journalistes toujours sur le scoop. On s’en était bien aperçu de la faille. Mais fallait rien dire, surtout que les contrôleurs ne vont pas au-delà d’un simple contrôle du ticket.
Après s’être fait tailler un costard, sûr que le père Mongin, va y remédier : des pauvres qui prennent le métro à tarif réduit, çà c’est pas possible !
Il y a même des parcmètres dans Paris où tu ne payes rien… Mais çà je ne dirais pas où…
C’est ce que je me suis dit aussi. Maintenant les voyageurs vont être encore plus fliqués !
Sinon, il y a une frange de la population que ces suppressions de personnel vont gravement léser, ce sont les Français qui n’ont pas de carte bancaire ou de compte en banque , et surtout les illettrés. Comment vont-ils s’en sortir avec cet accueil robotisé et déshumanisé ? Et puis, avec le chômage qui grimpe, supprimer des emplois est particulièrement malvenu. Mais à quoi pensent ceux qui sont censés nous gouverner ?!