Veolia Transport et une filiale de la Caisse des dépôts créent un géant mondial en fusionnant leurs activités de gestion de bus, tramway et métro et train en France et à l’étranger. La RATP se développe outre-Manche.
Les patrons de Veolia Transport, de Transdev et de la RATP ont fini par signer lundi 22 mars leur Yalta du transport public. L’accord n’est pas encore rendu public et doit encore être présenté aux élus du personnel des différents groupes en fin de semaine. Mais Bakchich est heureux d’avoir un métro d’avance en ce jour de grève qui a touché les transports en commun.
Concrètement, Veolia Transport et Transdev, filiale de la Caisse des dépôts vont pouvoir fusionner leurs activités de gestion de bus, tramway et métro et train en France et à l’étranger. A la clé, la naissance d’un géant mondial de quelque 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
En France, il exploitera une tripotée de réseau de transport en commun (à Orléans, Valenciennes, Grenoble, Nantes, Nice etc). Et à l’étranger les deux boîtes vont mettre en commun leurs pépites : TER en Allemagne, trains de banlieue aux USA, bus en Chine, métro à Séoul, bus aux Pays Bas, en Espagne etc.
Les géniteurs du nouveau groupe comptent sur une entrée rapide en bourse pour délester le bébé de quelque 2 milliards de dettes héritées d’une croissance qui a mangé beaucoup de capitaux.
Gestion de bus à Londres, des transports de Gênes et d’activités et de plusieurs villes françaises… Par quel tour de passe-passe la RATP de son côté se retrouve-t-elle à la tête de quelque 400 millions d’euros de contrats annuels ? L’explication est toute bête. Actionnaire à 25% de Transdev depuis 2002, elle a négocié sa sortie contre de beaux actifs en dehors de ses frontières d’Ile de France.
Fort du soutien de l’Elysée, Pierre Mongin le patron de la RATP a défendu son bout de gras (comme l’expliquera Bakchich Hebdo en kiosque samedi prochain ) comme un diable et retardé l’accord qui aurait du être conclu début mars. En fait, cela fait six mois qu’il fait tourner les patrons de Transdev et Veolia en bourrique, note un acteur du grand troc. Par rapport aux plans initiaux, elle n’hérite pas des cars lorrains mais se trouve renforcée en Angleterre.
Résultat avec ce Yalta, beaucoup de maires vont voir leurs transports en commun changer de marque d’exploitant sans qu’ils n’y soient pour rien.
Montelimar devrait être refilé à la RATP par Veolia. Certains élus de gauche fidèles à Transdev ( Grenoble, Nantes etc) ne goûtent guère l’idée de se retrouver in fine avec Veolia dans les pattes et laissent entendre qu’ils pourraient rompre leur contrat de délégation de service public ou choisir Keolis, filiale de la SNCF à l’avenir. Autre cas de figure avec Bayonne. Tout récemment, la mairie a retiré les clés de ses bus à Transdev pour les passer à Veolia. Résultat, avec la fusion, les deux vont copiloter le réseau. C’est bien la peine d’avoir organisé un appel d’offres…
En tout cas, Veolia et Transdev piaffent. Deux jours après l’accord, ils doivent avaliser ce mercredi 24 dans leur conseil d’administration respectif la création d’une holding préparant la fusion. Seul hic, le nouvel attelage ne pourra entrer légalement en vigueur sans l’aval de la commission européenne qui a du pain sur la planche pour s’assurer que tout ce montage ne tue pas la concurrence. Du coup ce n’est sans doute pas avant la fin de l’année que le “closing“, c’est à dire la vente finale dans le jargon des financier sera réalisé.
A lire sur Bakchich.info :