En quatre paragraphes, la Cour des comptes assassine le projet de "métrophérique" de l’ancien président de la RATP devenu ministre du Grand Paris. Document.
Fier étendard du projet de loi pour le Grand Paris que l’Assemblée examine depuis mardi, le futur métro imaginé par le ministre Christian Blanc suscite autant de railleries que de consternation chez une majorité d’élus concernés.
Il faut dire que le dessein conçu par l’ombrageux ministre vient chambouler le projet de RER que la région Ile-de-France et certains départements – comme les Hauts-de-Seine chers à Sarko ! - ont patiemment concocté. Cette future rocade doit améliorer les transports de banlieue à banlieue dans la proche couronne de Paris.
Les études sont bien avancées et dans un climat normal, il suffirait à l’État et aux collectivités après quelques discussions d’épiciers autour d’une table de se répartir le financement pour donner vers 2011-2012 le premier coup de pioche de cette rocade appelée Arc Express.
Mais tac tac badaboum ! Sarkozy et Blanc ont déballé leur Grand Paris qui va mettre sens dessus dessous l’organisation institutionnelle en Ile-de-France.
Résultat : le schéma directeur d’Ile-de-France qui porte Arc Express risque de finir à la corbeille. Place au Grand huit de Blanc !
C’est le surnom imagé donné à son super métro automatique dont le tracé dessine une double boucle. Laquelle doit relier à la capitale l’aéroport de Roissy, la Défense, Versailles, Orly, le Plateau de Saclay etc. Autant de lieux très populaires…chez les hauts revenus !
Depuis le discours fondateur de Sarkozy au Trocadéro en mai 2009, les créatifs services du ministre ont ajouté tout un tas de bretelles supplémentaires. Et c’est ainsi que le grand huit s’est transformé en sac de nœuds d’au moins 130 kilomètres de long.
Résultat, nul ne sait vraiment combien coûtera cette affaire. Il faudra sans doute y consacrer une bonne partie des 35 milliards d’euros de budget prévus pour le Grand Paris ! En un an, aucune étude sérieuse n’a été réalisée. On peut en être sûr, le projet risque de faire très mal aux finances publiques.
Un passage d’un rapport confidentiel de la Cour des comptes spécial RATP – dont Bakchich Hebdo n°10 révèle cette semaine des passages croustillants sur les privilèges des agents de l’entreprise publique – laisse entendre combien les fondations du super métro de Blanc sont bancales.
En effet, un brin sentimental, le ministre du Grand Paris, qui fut patron de la RATP de 1988 à 1992, a directement puisé son inspiration dans les cartons de l’entreprise publique. Il a ressorti une idée qu’il avait lancée à l’époque pour faire rêver la boîte. Baptisé Orbitale, ce projet métro qui est défendu à la hussarde par Pierre Mongin, le villepiniste PDG de la RATP, répond à présent au doux nom de “Metrophérique“.
Fine mouche, la Cour des comptes, s’est donc intéressée à ce serpent de mer « différé depuis 15 ans ». Elle lui règle son compte en moins d’une page (voir notre document en fin d’article). « La grande instabilité du tracé potentiel du projet de la RATP traduit la difficulté à mesurer l’intérêt socio économique du projet et à identifier les besoins de transport (…) » peut-on lire.
Au sujet du devis présenté (91 millions d’euros du kilomètre quand Météor – actuelle ligne 14 - en a coûté 140 millions !), les magistrats en sont certains : « La RATP minimise vraisemblablement le coût du nouveau projet ».
On pourrait reprocher aux rédacteurs du rapport un excès de pessimisme. Mais ce qu’est que sagesse. A chaque fois, le coût des projets conçus par la RATP explosent : +69 % pour Météor, augmentation de 34,6 à 60 millions d’euros pour la partie gérée par l’entreprise sur le tram du boulevard des Maréchaux…
« Les décisions d’adoption des projets sont sujettes à caution car la RATP ne procède à aucune estimation de la rentabilité financière des projets » assassine la Cour ailleurs dans son rapport. Bref peu rassurant ! D’autant que si la loi Grand Paris passe telle quelle, « les études du super métro risquent d’être menée sous l’égide de la RATP » indique-t-on dans les milieux de l’ingénierie.
En tous cas, on pourrait éviter des dépenses. Car dans le débat qui consiste à se demander si cette future ligne doit être construite à l’air libre ou en souterrain, la Cour des comptes a son avis sur la question : mieux vaut enterrer le super métro de Blanc !
En moins d’une page extraite d’un rapport consacré à la RATP et que Bakchich s’est procuré, la Cour des comptes règle son compte à Métrophérique. C’est le projet dont s’est directement inspiré Christian Blanc pour imaginer le super métro automatique de son Grand Paris. Pas sérieux, copie à revoir estiment les magistrats !
A lire sur Bakchich.info :