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À la barre, l'agent RATP défend sa défonce au haschich

1er novembre 2008 à 19h06

La police l’aura traqué ce fumeur de joints. Agent de la RATP, Fabien D., 40 ans, comparait devant la 23e chambre pour consommation et recel de cannabis. Tout part d’un tuyau livré aux enquêteurs selon lequel ce directeur de gare, fonctionnaire de la régie parisienne depuis plus de vingt ans, se livrerait à « un important trafic de cocaïne ». Le portable du suspect est immédiatement mis sur écoute et les conversations de ce tranquille père de famille paraissent d’emblée suspectes : il est trop souvent question de « petit apéro » et de « répète de musique ». Les allées et venues de Fabien sont surveillées et l’individu finalement arrêté en pleine transaction dans le hall de son immeuble. Perquisition est effectuée à son domicile avec un chien de la brigade cynophile. On y déniche 1200 euros en liquide, 70 grammes d’herbe et 120 grammes de résine. Mais point de cocaïne.

Face à la barre, Fabien, cheveux courts, lunettes carrées, allure sage, reconnaît posément tous les faits. La consommation (« Entre trois et vingt pétards par jour, Madame la Présidente ») et le recel (« Pour dépanner une dizaine d’amis et payer ma consommation »). L’agent avoue le trafic de 250 à 500 grammes par mois depuis plus de deux ans et aurait donné aux policiers l’identité de son fournisseur : « Un Africain à Château Rouge ».

« Jusqu’à vingt pétards par jour, s’exclame la présidente. Vous fumez depuis combien de temps ?

« Depuis l’âge de 14 ans, répond-t-il. Mais le cannabis a changé ma vie, Madame la Présidente, dans le sens positif du terme, je veux dire ».

La présidente grimace. L’homme accélère son débit de parole pour placer sa défense : « Adolescent, j’ai rapidement été diagnostiqué hyperactif. On m’avait prescrit des calmants qui m’assommaient. Grâce au cannabis, j’ai pu les arrêter. Cela m’a révélé à moi-même, j’ai pu commencer à réfléchir, à me concentrer. Sans cannabis, jamais je n’aurai réussi dans la vie. Certains sont assommés par le haschich, moi non, moi… ».

La présidente le coupe net : « Ce n’est pas ici que vous allez nous convaincre des bienfaits de la résine ».

Parole est donnée au procureur, pour qui Fabien a beau reconnaître les faits, il participe malgré tout à « l’activité sous-jacente d’un trafic international et contribue ainsi à une problématique de santé publique ». L’avocat de la défense plaide la prise de conscience de son client : « Certes, cela fait 26 ans qu’il consomme régulièrement et de plus en plus. Mais mon client a déjà commencé à se soigner et consulte à l’hôpital Cochin. Il veut s’en sortir. Encore faudrait-il qu’on le lui en donne la possibilité… » Un instant de pause, et l’avocat reprend : « Si je vous disais que, pas plus tard qu’hier, mon client s’est de nouveau fait serré par la police en sortant de chez lui. Deux agents l’ont coincé dans la rue et lui ont proposé de reprendre son trafic en échange de renseignements. On lui a même dit qu’il serait couvert jusqu’à 500 grammes ». Regard du procureur. L’avocat s’arrête net. Puis conclue simplement : « Laissons à mon client la chance de se soigner de sa dépendance ».

Verdict : huit mois fermes avec aménagement de peine et quatre mois avec sursis. Au lendemain du procès, l’agent RATP disait « digérer doucement » sa condamnation. Il n’aurait pas honoré la proposition policière de se transformer en indic’.

Défense muette face à l’œil de Moscou L’autre gang des postiches

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