Hier, mercredi 15 octobre, la ligne 14, dite la « Météor », fêtait ses 10 ans. L’ethnologue Marc Augé vient de publier « Le Métro revisité », un espace très surveillé…
La ligne Météor, qui relie la gare St Lazare à la station Olympiades, dans le XIIIe arrondissement, soufflait hier ses bougies sous l’œil attentif de ses 680 caméras. Un joli score qui fait de cette ligne l’une des plus surveillées du réseau RATP. Dans son livre Le Métro revisité, l’ethnologue Marc Augé revient par touches sur cette préoccupation sécuritaire de plus en plus présente sur les quais et dans les stations.
Si le personnel tend à se réduire dans les couloirs du métro, ce n’est jamais au détriment de la sécurité. « Des tâches d’information aux tâches de surveillance, il n’y a qu’un pas, et l’on voit se multiplier des sortes d’opérations "coup de poing" dans les couloirs », ne manque pas de rappeler l’ethnologue. Le souvenir des événements de la Gare du nord en mars 2007 n’est pas loin… Et au détour d’une page, Marc Augé précise ses impressions : « Des foules immenses l’empruntent chaque jour, y prennent connaissance des dernières nouvelles (…) et y font l’expérience concrète du fonctionnement des services publiques – non seulement des transports, mais aussi des agents de sécurité, de la police, de l’armée ». A n’en pas douter, l’ordre est assuré !
Le métro, cet espace public tentaculaire où « s’élabore l’opinion » nous dit l’auteur, est devenu un espace de « liberté surveillée ». Le pouvoir politique ne s’y est pas trompé en gardant sous contrôle cette jungle souterraine. Résultat ? « Le voyageur du métro est de moins en moins chez lui ». Il a perdu « au fil des ans toute occasion d’échanger quelques mots avec le conducteur, le vendeur de tickets, le poinçonneur, le chef de station… ». Seuls restent les râles des usagers en souffrance entassés dans leur wagon comme sur une certaine ligne 13. Vingt ans après la publication d’Un ethnologue dans le métro, Marc Augé s’est forgé une nouvelle idée de la vie dans les wagons. Le métro tend maintenant vers l’archétype du « non-lieu » où règne l’anonymat et les services. Un univers aseptisé. Voilà les conséquences d’une surveillance continue.
La ligne 14, « le métro du XXIe siècle » qui parcourt une partie de la capitale en moins de 15 minutes. Une performance mais à quel prix ?
NB Selon une information du Figaro, un plan de vidéo-surveillance de la capitale, baptisé « Plan 1 000 caméras pour Paris », devrait être mis en place d’ici la fin 2009.