Aves leurs cultures spécifiques, les DOM-TOM n’ont pas grand chose en commun. C’est à tort que les gouvernements successifs souhaitent leur appliquer un traitement uniforme.
Par facilité, les médias et les politiques en métropole évoquent souvent l’ensemble des possessions françaises à travers le monde sous le vocable d’Outre-Mer. Comme si ces territoires éloignés, décrits tour à tour comme de jolies cartes postales ou au contraire comme des marmites explosives, représentaient un seul et même monde.
Comme si ces bouts de territoire, éloignés par des dizaines de milliers de kilomètres, étaient régis par les mêmes lois sociales et culturelles. Or de la Guadeloupe à la Martinique et à la Réunion, en passant par la Guyane et Mayotte, les situations sont fortement aussi différenciées qu’imprévisibles. Tout pronostic général est trompeur.
Les 28 et 29 mars derniers, l’île de Mayotte a connu de violentes émeutes où les Blancs furent pris à partie. Quelques années auparavant, la Réunion a connu plusieurs semaines de grève des enseignants qui refusaient que les personnels techniques de l’Education nationale soient gérés, comme ce fut le cas partout ailleurs, par les Conseils Généraux. Autant d’embrasements qui ont laissé les Antilles indifférentes. Les territoires dit d’Outre-Mer ont tous des particularismes, renforcés par leur caractère insulaire. Pourquoi leur imposer des solutions communes ?
Naturellement, ces possessions françaises ont des points communs : une économie de comptoir, des clivages sociaux exacerbés, des transferts sociaux massifs (150000 Rmistes sur 780000 réunionnais), une jeunesse à la dérive, des élites politiques globalement très corrompues, à l’image d’un Gaston Flosse, dont les frasques seraient impensables en métropole.
L’ensemble de ces territoires, à l’exception de la Nouvelle-Calédonie riche en nickel, vivent de subventions publiques et de gros chantiers de BTP et de tourisme. Cette situation se retrouve également en métropole où des régions entières sont dévastées dans des conditions en partie comparables. Les jeunes du 93 n’ont rien à envier à ceux de l’Outre-Mer, et leurs parents non plus.
Pourquoi les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, se sont-ils obstinés à imaginer l’avenir de ces territoires de façon uniforme ? Pourquoi avoir fait du département le seul horizon institutionnel des réflexions gouvernementales engagées à Paris ?
Lorsque la Réunion allait mal, les socialistes ont ainsi préconisé la création de deux départements -la fameuse bidep- dans l’île. Ce véritable serpent de mer dura des années, accapara les énergies et finit dans les sables. Il s’agissait en fait, pour les socialistes, de faire un cadeau au Parti Communiste réunionnais de lui attribuer quelques nouveaux sièges de député ou de conseillers généraux. Ce qui allait couter les yeux de la tête.
A Mayotte, on s’achemine vers la transformation du statut de l’ile qui deviendrait un département. Et tant pis si un rapport conjoint de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), de l’Iga (Inspection générale de l’admnistration)et de l’Igf (Inspection générale des finances), remis il y a six mois, s’est prononcé contre un tel choix.
Alors que l’île compte presque un tiers de clandestins (50000 sur 170000) et des statuts civils marqués par la polygamie, il paraît bien risqué et couteux d’aligner, dans le cadre de cette départementalisation, les droits sociaux des mahorais sur ceux des métropolitains.
En revanche en Nouvelle-Calédonie, à la fin des années 8O, les audacieux accords concoctés par Michel Rocard et Christian Blanc permirent de faire du sur mesure institutionnel. Avec une relative paix sociale au rendez vous.
De même, su le plan économique, il faut vite prendre des mesures beaucoup plus ciblées. Il est anormal que les salaires et les retraites des fonctionnaires dépassent d’un bon tiers ceux des locaux, provoquant une flambée des prix et un déséquilibre social. L’actuel gouvernement, qui avait envisagé de supprimer ce privilège pour les retraites, n’en a rien fait pour l’instant
Allez monsieur Jégo, encore un effort d’imagination !
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