Le collectif LKP qui avait mené la grève générale voici un an a envoyé un nouveau préavis de grève. Une manifestation a eu lieu samedi à Pointe-à-Pitre, rassemblant de 20 à 25 000 personnes selon le LKP, 7500 selon la préfecture.
Un an quasi jour pour jour après le début de la grève générale, Gwada est de nouveau mobilisée. Avec autant de force que l’année passée ?
Souvenons-nous… 44 jours durant, la Guadeloupe était comme morte. Magasins fermés, pas de circulation ni d’activité. Seuls deux restaurants et l’hôtel du port, réservé aux journalistes, continuaient d’offrir leurs services. Les rues de Pointe-à-Pitre au contraire vivaient des manifestations quotidiennes, réunissant jusqu’à 80 000 personnes (pour environ 400 000 habitants), des moments de liesse, quand les grévistes dégustaient leurs repas savamment concoctés par des familles mobilisées au bord d’un trottoir…
Et, à mesure que la grève durait, les paysages de l’île se parsemaient de barrages faits de bric et de broc, et de vieilles voitures brûlées. Puis, ce fut le couvre-feu. Et puis un mort, Jacques Bino, dont le nom résonne encore, moins grâce à l’enquête policière – qui n’a pas abouti – qu’à un accord, qui mis fin à la grève, et qui porte son nom.
Un an après donc, le 4 janvier 2010, un nouveau préavis de grève a été envoyé à la préfecture par le Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) – le « collectif contre l’exploitation outrancière », dirigé par Elie Domota, le secrétaire général de l’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe), qui avait mené la grève générale. Des meetings, organisés par le même LKP, ont eu lieu toute cette semaine. Une manifestation a animé les rues de Pointe-à-Pitre ce samedi, rassemblant de 20 000 à 25 000 personnes selon les manifestants, 7500 selon la préfecture. Et selon Le Parisien, Elie Domota aurait appelé à la grève générale le 20 janvier.
Une coquille ? Samedi matin sur France Info, en effet, le leader du LKP a indiqué que la date du 20 janvier n’avait jamais été évoquée par le collectif. D’autres membres du LKP évoquent la date du 11 janvier pour le début des grèves, un peu partout en Guadeloupe, de façon éparpillée.
En cause, les prix élevés, l’augmentation du chômage, et avant tout, du prix de l’essence de 4 centimes d’euros depuis le 1er janvier, à l’actif du préfet de Guadeloupe Jean Fabre. Résultat, le prix du gazole est passé de 0,95 euros à 0,99 euros tandis que l’essence est désormais à 1,18 euros contre 1,14 avant le 1er janvier. C’est moins qu’en métropole, où le prix de l’essence tourne autour de 1,55 euros, mais à Gwada, le niveau de vie est bien plus bas (25 % de chômage) et les prix des produits alimentaires de marque jusqu’à 112 % plus élevés qu’à Paris…
Surtout, si cette décision est tellement critiquée, c’est parce qu’elle a été prise contre les engagements de l’accord Bino, du 4 mars 2009 (entre autre la baisse de 18 centimes du prix de l’essence). Mais aussi parce qu’il s’agit de la deuxième vague d’augmentation en 4 mois : le prix de l’essence avait déjà pris 6 centimes d’euros à la mi septembre.
Serait-ce là un nouveau petit cadeau fait à Total ? Total en effet, est l’actionnaire principal de la SARA (Société Anonyme de Raffinerie des Antilles), qui contrôle le carburant en Guadeloupe. Or, mécontente des grèves, la SARA demande régulièrement des compensations financières. Victorin Lurel, le président socialiste du Conseil régional de Guadeloupe, s’en était fait l’écho dans un communiqué, dans lequel il expliquait que, suite à la grève générale, la SARA a bénéficié d’un « chèque de 44 millions d’euros de compensation ». Et « tiré sur le budget de l’Outre-Mer » !
Un don de l’Etat que la SARA justifie par un important manque à gagner : « De février à mars 2009, tandis que le prix du baril avait augmenté, le prix de l’essence en Guadeloupe est resté gelé. Nous avons donc vendu à perte », a indiqué à Bakchich une déléguée de la société. Et d’ajouter : « Le chèque en question n’était pas de 44, mais de 30 millions d’euros ; le reste est allé dans les caisses des autres raffineries ». La nuance est de taille !
Joint par téléphone lundi 4 janvier, Elie Domota, le porte-parole du LKP, a expliqué à Bakchich pourquoi son collectif venait d’envoyer un préavis de grève. « Les Guadeloupéens sont prêts à payer l’essence, bien sûr, mais à condition qu’il y ait une transparence dans la façon dont le prix est calculé ». Dans la même veine, le rapport de la commission Bolliet, commandé par le gouvernement en décembre 2008, préconisait « une meilleure transparence du système » et « une clarification des règles d’administration des prix des carburants ».
Le document, relayé en exclusivité par la journaliste du Monde Béatrice Gurrey, dénonçait aussi « le manque de compétitivité et les marges surévaluées » de la Société Anonyme de Raffinerie des Antilles. Même constat dans le rapport du Comité économique et social régional (juillet 2008), et dans le rapport Brissac, qui, en avril 2009, pointait du doigt « l’opacité (…) dans les relations entre la SARA qui est, pour l’essentiel, une Société commerciale et non la Société industrielle originelle, ses fournisseurs et ses clients (90 % d’entre eux sont ses actionnaires) et le non respect dans bien des cas des règles de la libre concurrence ». Lors, la SARA s’est entichée de pondre un « projet » pour palier au problème… qui a reçu l’avis défavorable des Conseils régional et général. Selon notre déléguée de la société antillaise, un nouveau « projet » devrait voir le jour avant le mois de juin. Soeur Anne a le temps d’attendre…
Face à la manifestation et aux grèves annoncées, le gouvernement est visiblement sur la défensive. Selon l’AFP, « depuis le début de la semaine, des piquets de gendarmes mobiles sont positionnés chaque matin sur les ponts et aux principaux carrefours routiers stratégiques. Arrivés en renfort de métropole, ils effectuent également des rondes dans ou aux abords des parkings des centres commerciaux ». Une « concentration de gendarmes » effarante, pour le porte-parole du LKP. Qui témoigne : « Il faut les voir s’entraîner à maîtriser l’adversaire sur la plage en tenue de guerre, nos regards inquiets, s’interrogeant sur l’objet d’autant de préparation physique. Et le soir, ils font la fête ». Avant le couvre-feu ?
A lire ou relire dans Bakchich notre dossier spécial Antilles
Z etes autistes ou sourds en FRANCE…… la population a déjà répondus 2 fois……a la question lourde et insistante des loges maçoniques…. NNNNNOOOOONNNN c est NNNNNOOOOONNNNN
on veut plus de france et le fonctionnement normal des instances judiciaires locales…enfin
A l attention de melle VIERZAUX….
dômmage que vous n ayez pas prise la peine de venir sur place voir les bonnes personnes…par exemple les ASSOCIATIONS DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION "RIPOSTE" en martinique par exemple…. vous auriez eu des informations top… un peu plus justes et concrêtes….
curieuse , mais curieuse et demie ????