Quand le ministre de l’Intérieur ne cite pas Blum ou Jaurès, il nomme un proche de Mégret inspecteur général de l’Administration…
Le geste amical est passé totalement inaperçu. Nicolas Sarkozy, qui a gauchi son discours libéral et qui se veut désormais consensuel, ne veut étonnamment pas se glorifier de jeter quelques passerelles vers la droite musclée. Et pourtant, le 17 janvier dernier, Sarko a promu Jean-Yves Le Gallou, un proche de Bruno Mégret, inspecteur général de l’ IGA (Inspection Générale de l’Administration), le prestigieux corps d’inspection de l’Intérieur.
Énarque, Le Gallou a été nommé simple inspecteur à la sortie d’école, en 1974. Depuis il a passé l’essentiel de son temps à militer auprès de Le Pen et Mégret, y compris comme député européen et surtout comme théoricien de la si ragoutante « préférence nationale » à la sauce frontiste. On vit même le trublion être expulsé du tribunal où il était intervenu bruyamment en faveur de l’écrivain Houellebecq, alors accusé de diffamation envers les musulmans.
Autant dire que ses états de service à l’IGA sont à peu près nuls. « On le voit au pot de fin d’année, décrit un collègue peu amène, et un point c’est tout ».
Mais le bon Jean-Yves, montagnard émerite à en croire son site personnel, n’est pas du même avis. Et a piqué une crise de jalousie quand trois de ses collègues de l’IGA ont été nommés au poste envié d’inspecteur général, tout récemment. Ni une ni deux, Le Gallou a porté plainte devant le Conseil d’État, façon « et pourquoi moi j’y ai pas droit ».
Or sans attendre que le juge administratif tranche, Sarko l’a promu. « Le Gallou a beaucoup contribué à détacher Mégret de Le Pen en 2002, explique-t-on Place Beauvau, Sarko ménage l’avenir. »
On dit aussi que son appartenance à la Grande Loge Nationale Française (GLNF), la loge maçonnique la plus réactionnaire et la plus opaque, lui a valu quelques appuis en haut lieu au sein d’un ministère où la franc-maçonnerie est omniprésente… Mais cela est une autre histoire.