Veillée d’armes et veillée funèbre ce week-end en Guadeloupe. Les négociations sont suspendues jusqu’à lundi. Le syndicaliste tué a reçu les derniers hommages, dont ceux de Besancenot et Royal. Récit.
21 février En attendant les négociations, l’hommage à Bino
Malgré l’échec des négociations, vendredi soir, entre Le collectif LKP, les pédégés de Guadeloupe, et l’Etat, Nicolas Sarkozy vient de déclarer : « Le paroxysme de la crise est peut-être derrière nous ». La phrase tourne ce matin sur les ondes des radios locales. Au Palais de la Mutualité ce samedi, les points de vue sont partagés. Mais la grande majorité des grévistes ne veut pas céder : le mouvement doit, donc va, continuer. Le patronat proposant nettement moins (50 euros de prime) que l’Etat (une prime d’un montant qui devrait approcher les 200 euros), qui lui-même ne répond pas aux attentes des grévistes. Les négociations reprendront lundi, à partir de 11 heures locales.
D’ici là, c’est veillée d’armes… et veillée funèbre.
Les barrages ont été levés vendredi par la gendarmerie, mais aussi par les grévistes, dans certains secteurs comme à Chauvel, répondant au break demandé par le LKP. Après José Bové, un autre leader de la gauche s’est joint au mouvement, et a posé pied dans les îles. Le facteur Besancenot, chef du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), a déboulé sur l’île vendredi soir, à la demande du collectif LKP.
Les petits patrons eux, se sont réunis à Lakasa, une espèce de pub branché de Baie-Mahault (NDR : et non à Pointe-à-Pitre comme précédemment indiqué), qui le temps du week-end, reprend des airs de vie classique. Comme chaque fin de semaine depuis le début de la grève. Les voitures roulent, les stations services sont ouvertes.
C’est aussi le temps du dernier hommage à Jacques Bino, le syndicaliste assassiné en début de semaine. Et dont le cercueil est exposé, toute la matinée et jusqu’à 16 heures, au Palais de la Mutualité.
Une longue file qui patiente dans la matinée, devant les portes du Palais de la Mutualité. Les uns après les autres, les amis et les collègues de Jacques Bino, mais aussi de simples grévistes, pénètrent dans le hall du Palais pour se recueillir sur le cercueil du défunt syndicaliste. La famille est à l’intérieur, autour du cercueil.
Dehors, à quelques mètres des grilles d’entrée, la sécurité du collectif LKP s’agite, et demande à la petite foule qui s’est regroupée autour d’Olivier Besancenot de s’écarter. Considéré comme l’opposant politique numéro un à Sarkozy, Besancenot a été appelé à Pointe-à-Pitre par le LKP. Le facteur répond et devance les questions des journalistes : « Je soutiens le mouvement, c’est pour ça que je suis là. Mais il ne s’agit pas de transposer ce qui se passe ici dans la métropole (…) Et je ne donne pas d’indications au collectif LKP, ce n’est pas à moi de le faire, et ce n’est pas le genre de la maison. » Ce qui ne l’empêche pas de donner son point de vue sur les propositions avancées par Nicolas Sarkozy : « Les Guadeloupéens demandent une hausse des salaires de 200 euros, et non une prime… Il faut que ce soient ceux qui se sont enrichis, les patrons békés, qui payent ».
A trois mètres à peine de Besancenot, une autre figure de la matinée, Fabrice, attire les caméras. Libéré dans la matinée, le jeune Guadeloupéen de la cité Henri IV vient de sortir de 24 heures de garde-à-vue. Dénoncé, selon ses proches, par trois personnes, il était accusé d’avoir participé à l’assassinat de Jacques Bino.
L’oeil gauche au beurre noir, la joue blessée et la casquette sur la tête, le jeune homme élancé témoigne : « C’était en pleine nuit, je dormais, quand les gendarmes ont défoncé la porte d’entrée de notre appartement, et ont déboulé dans ma chambre. Ils étaient une trentaine, ils m’ont frappé. Ma grand-mère, chez qui j’habite, était effrayée. » « Au passage », nous dit-il, « les gendarmes ont volé mon ordinateur ». Etouffée par les cérémonies en mémoire de « Jacky », l’histoire ne buzze pas aujourd’hui. Peut-être aussi parce que la tirade change un peu trop au fil du temps. Le matin, à entendre Fabrice et sa famille, l’appartement avait presque été mis à feu et à sang. L’après-midi, en les écoutant à nouveau et dans leur chez soi cette fois, les armes des gendarmes sont devenues des boucliers, l’ordinateur volé a été simplement « regardé » pour savoir « si j’appartiens à un mouvement terroriste » (Fabrice). « « Ils ont vu que non évidemment ! », embraye sa grand-mère. « Mais ils auraient dû le savoir avant d’entrer chez nous… nous avons une mauvaise police ! », poursuit-elle.
Mais la petite exagération du matin ne change rien au visage, bien écorché, de Fabrice. La préfecture et le ministère de l’Intérieur chercheraient-ils un coupable rapide à la mort de Jacky du côté des jeunes ? L’avocat de Fabrice décidera si son client porte plainte. Contre X ?
Au recueillement au Palais de la mutualité, succède une veillée nocturne toute religieuse, de 20 heures au petit matin, au stade de Petit-Bourg. Avant la mise en terre, dimanche 22 à 15 heures (locales), à laquelle Ségolène Royal, toute fraîche débarquée, a assisté.
A lire ou relire dans notre dossier spécial Antilles
Lire ou relire l’hebdo N°112 : Y a Antilles sous roche
hier, dans la manif …
la même info circulait : les bérets verts sont arrivés par "avions cargo" à la guadeloupe. Coût de l’opération 16 à 18 millions d’euros.
Pourquoi n’en parle-t-on pas ?
Y a t il une enquête sur cette info ou est-ce une rumeur ?