Après l’interview de Daniel Carton (voir vidéo ci-contre), Bakchich poursuit son tour du monde de la Grippe A. Outre-Manche, les Britanniques ont trouvé leur potion magique pour éviter la psychose : le Tamiflu.
Si nos amis les Anglais sont réputés pour leur bière et leur rock’n’roll, le système de santé, c’est pas tellement leur fort. Preuve en est, en cet an de grâce 2009 qui voit émerger la « plus grave pandémie du 21ème siècle », dixit l’OMS. Côté gouvernement, on s’illustre par le flegme légendaire relatif au pays de James Bond.
Le Royaume-Uni est pourtant le pays qui comporte le plus de cas détectés et de décès liés au virus H1N1. 40 morts, ce n’est pas rien !
Lorsque le 11 juin dernier, date à laquelle l’OMS avait décrété la pandémie mondiale, la compagnie d’assurances britannique Maplecroft établissait la Grande-Bretagne en tête d’un classement de 213 pays, hiérarchisés selon leur vulnérabilité à la contagion. La France a été placée en 33ème position.
« Vous pensez avoir la grippe A ? Pas de problème, voici du Tamiflu ! » C’est en substance ce que les autorités britanniques proposent depuis le début de l’épidémie. Au rang des accusés, le service téléphonique et internet mis en place pour soulager les médecins et les hôpitaux, et qui permet de délivrer du Tamiflu, un antiviral, après un simple diagnostic par téléphone.
Cette mesure qui vise à éviter toute contamination est un peu brutale. Un adolescent de 13 ans s’est vu prescrire le sacro-saint Tamiflu, alors qu’il souffrait en réalité d’une « grave infection rénale ». On apprend également cette semaine que le fameux antiviral serait tout simplement… dangereux pour les moins de 12 ans. Les risques l’emportant sur l’action thérapeutique du produit.
En France, l’antiviral du laboratoire suisse Roche ne s’obtient que par ordonnance du médecin. De l’autre côté de la Manche, les Anglais se passent de médecins et plébiscitent le Tamiflu. En se perdant du côté des courbes du marché boursier de Zurich, on découvre, ô surprise, que depuis la mi-mars l’action Roche est passée de 124 CHF à près de 170 CHF aujourd’hui, soit une variation positive de 37%. Comme quoi une bonne petite grippe et hop oubliée la crise ! Mais restons à nos moutons. Les cours d’un laboratoire pharmaceutique qui s’envolent à l’apparition d’un nouveau virus n’est pas nouveau.
Ce qui inquiète vraiment la population, c’est la question de la fermeture des écoles. La faute à un calendrier scolaire tardif, certains établissements n’ont fermé leurs portes qu’à la fin du mois de juillet. Au 10, Downing Street, on se demande encore s’il faut retarder la rentrée initialement prévue le 3 septembre. « Fermer des écoles, comme le préconisent des experts serait extrêmement perturbateur socialement. Je crois qu’il en faudrait beaucoup plus pour qu’on aille dans cette direction », indiquait il y a peu le conseiller médical du gouvernement Liam Donaldson.
Mais que l’on se rassure, le ministre britannique de la Santé Andy Burnham ne tarit pas d’éloge sur sa méthode. « Il n’y a pas de raison de tricher, car la Grande-Bretagne a suffisamment de Tamiflu pour toutes les personnes contaminées dans les mois à venir. » Prends ton Tamiflu et tais-toi !
Lire ou relire sur Bakchich.info notre série sur la Grippe A
Et l’action de sanofi-Aventis ,elle est as mal non plus ! Elle a commencé à remonter le lendemain du jour où, au Mexique début mars), le nabot-pamé a annoncé la cration d’une usine à vaccins au Mexique avant que la grippe n’ait démarré . Si c’est pas bien joué pour renflouer les caisses des copains comme cochons, je n’y comprends plus rien. Business as usual.
PS : comptez-pas sur moi pour le vaccin ou le Tamiflouze, faut pas déc quand même. "Ils" ont le droit de nus prendre pour des cons (depuis le tmeps que ça dure), mais qu’ils ne croient pas qu’on s’en rend pas compte !!!
En France, on en fait trop. En Grande Bretagne, pas assez. J’ai entendu parler d’un gamin qui avait de la fièvre à qui on a prescrit du Tamiflu par téléphone et qui avait en réalité une méningite en Angleterre. Ca fait désordre. La fronde des médecins contre le Tamiflu en incluant l’article du BMJ sur ses effets indésirables pourrait n’être qu’une fronde contre le type d’organisation adoptée par les dirigeants.
C’est vrai que l’ensemble des paramètres est un peu compliqué à gérer :
un virus peu virulent pour le moment
une population susceptible puisque jamais exposée ; ce qui fait que même avec une létalité faible (2 pour 10000 personnes atteintes) ça pourrait faire du dégât si tout le monde était touché (12000 morts sous cette hypothèse avec 60 millions de touchés),
la possibilité que le virus mute (c’est le boulot des virus) et que sa virulence change, mais peut etre sa capacité à se transmettre en même temps,
le cout exorbitant de tout ce qui est fait : 700 millions d’euros de vaccin en France, le prix du tamiflu que je ne connais pas mais qui n’est pas donné, le coût d’une recherche de h1n1 en labo (minimum 200 euros), l’achat des masques, les heures passées par les experts qui pendant ce temps ne se consacrent pas à autre chose.
Tout ça peut amener à se poser la question de la pertinence d’une telle politique de santé. Cette somme de pognon et d’efforts serait-elle mieux allouée ailleurs ? Et évidemment, il n’y a pas de réponse évidente et univoque. Bref, c’est un vrai choix politique.
Alors les mecs de Backchich, qu’est ce que vous diriez de vous mouiller un peu sur ce coup ?
"40 morts, ce n’est pas rien…". En Afrique, le paludisme, le choléra, le Sida, la famine font davantage de dégâts et les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas l’air inquiets de cette situation. Ils doivent se dire qu’il n’y a pas un marché potentiel dans ce continent, alors mettons le paquet dans les pays riches même si on s’aperçoit à postériori que le Tamiflu peut être dangereux et que les vaccins peuvent avoir davantage d’effets secondaires par rapport à la protection annoncée…
Pour la grippe A, il y a un plan B… ?!
C’est fou tout ce que l’on peut faire avec des "si".
Bravo pour les deux précédents commentaires bien plus engagés et pertinents que l’article lui-même.
Ajoutons toutefois à cela la dimension de contrôle social qu’offre une possibilité de pandémie : assignation à domicile, interdiction de réunion de masses (je pense aux potentielles manifestations de la rentrée), mises en quarantaine, essai opportuniste sur l’éducation privée (enfants et parents, enseignants à la maison), maintient de l’opinion publique favorable à l’état salvateur et contrôle des agents (fonctionnaires de santé ; privés) en activité.
Notre hygiène de vie est notre meilleur rempart contre les virus et peut toujours s’améliorer sans effets secondaires. Sans entrer dans la polémique de l’utilité supposée des vaccins (à ce titre, lire en finir avec Pasteur), un virus trop violent ferait son office sans laisser le moindre temps de réaction à l’appareil étatique. D’où son actuelle agitation. Quant on pense aux effets d’une simple et célèbre canicule bien plus prévisible, il y a de quoi rester pantois devant ce battage médiatique sans proportion avec le risque encouru.
Le virus de la grippe "classique" fait chaque année entre 1500 et 2500 morts selon l’institut pasteur. Pour l’heure 168 personnes ont trouvé la mort dans l’ensemble du monde du fait de cette grippe H1N1.
Il n’y a rien d’étonnant à voir fleurir au sein des médias en quête de sensationnels profits (en faisant au passage la réclame pour le tamiflu) une autre épidémie : celle de l’écholalie apeurante récente. Souvenons nous de tout le foin remué pour quelques poulets crevés à l’époque de H5N1.
Vous avez peur ? Vous en reprendrez bien un peu !
"Tous les emballages censés être périmés avant 2016 pourront être utilisés pendant deux ans au-delà de la date de péremption. Les nombreux stocks constitués par plusieurs pays notamment au moment de la grippe aviaire voient ainsi leur durée de vie augmentée." AFP
Comme les choses sont bien faites… Il fallait bien trouver un moyen d’écouler les millions de doses de Tamiflu restées dans les placards après la déception du H5N1.