Bakchich poursuit son tour du monde de la Grippe A. En Italie, après un pic de fièvre mi-juillet, la température est retombée.
Un petit pic de fièvre à la mi-juillet et l’Italie transpire. En annonçant une contamination massive au virus A(H1N1) dans la péninsule, le secrétaire d’Etat à la Santé Ferruccio Fazio s’est risqué à quelques évanouissements chez les mamma. 13 millions d’Italiens (soit près d’un quart de la population) seront touchés par la grippe A si rien n’est fait, lançait-il. De quoi provoquer quelques sueurs froides. En fait, grâce à la vaccination d’une bonne partie de la population d’ici la fin de l’année (8,6 millions d’Italiens sur 58 millions), le nombre fatidique était ramené à trois ou quatre millions de malades.
Mais cela n’a pas empêché les citoyens, médias et politiques de subir une petite psychose passagère, dans ce pays d’Europe jusque-là relativement épargné - 1238 cas recensés et aucun décès lié à la grippe A – au regard des victimes britanniques et espagnoles. Le numéro vert mis à disposition, le 1500, est submergé de coups de fil. Un conseiller régional lombard, Luciano Bresciani (appartenant à la xénophobe et populiste Ligue du Nord), visiblement très agité, propose d’équiper tous les aéroports de sa région de détecteurs de fièvre, comme le rapporte le quotidien milanais Il Corriere della Sera dans son édition du 23 juillet. Ces appareils magiques, répondant au joli nom de « scanneurs thermométriques », plutôt répandus en Asie du Sud-Est, permettent de détecter en 15 secondes chrono la fièvre des passagers à peine débarqués de l’avion. La requête du bon monsieur, envoyée au ministère de la Santé, est restée lettre morte. Pour la petite histoire, seuls 70 Lombards ont attrapé le virus A(H1N1).
Un peu plus au sud, une fièvre toute autre emportait le Vatican. Pris de peur pour ses fidèles et pour le Pape, le petit État du centre de l’Italie n’excluait pas, le 24 juillet, de suspendre les audiences générales de Benoît XVI, qui rassemblent chaque semaine des milliers de pèlerins du monde entier (en 2008, 2 millions de personnes y ont assisté). Des audiences déjà annulées suite à la blessure au poignet du Pape.
Mais la question qui taraude le plus les Italiens, en cette mi-juillet, concerne les bambini. Oui ou non va-t-on reporter la rentrée des classes ? Parce qu’il ne l’a « pas exclu », le vice-ministre à la Santé, Ferruccio Fazio, s’est attiré les foudres de ses collègues au gouvernement. Le 18 juillet, il indiquait à l’agence de presse italienne Ansa qu’avec la rentrée des classes, on pouvait craindre une propagation de l’épidémie « jusqu’à dix fois plus rapide ». Son ardeur à combattre le méchant virus – à la manière de Luc Chatel - a vite été freinée par la ministre de l’Education, Mariastella Gelmini. Le lendemain, elle lui répondait, via un communiqué : « Pour le moment, cette hypothèse n’existe pas ».
Le ministre de la Santé, Maurizio Sacconi, mettra fin à cette guéguerre deux jours plus tard. « Les inquiétudes excessives n’ont pas lieu d’être. Tout est sous contrôle, nous surveillons avec attention. Inutile de surévaluer mais aussi sous-évaluer (la situation) ». Et au cas où son « vice » n’aurait pas compris le message, il ajoutera : « La fermeture des écoles est à exclure, et cela vaut aussi pour les lieux publics et de travail ».
Ce petit imbroglio gouvernemental a été vite oublié. La température de la péninsule est retombée. Les Italiens ont pris le chemin des vacances et du sable chaud. Mais il y a fort à parier qu’à la première montée de fièvre de leurs bambini, les mamma donnent de la voix.
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