C’est avéré, les médicaments tuent. Mais combien de personnes par an ? Répondre à la question est ardue, tant les chiffres se télescopent.
Un récent rapport de l’Assemblée nationale propose une estimation des hospitalisations, « 5 à 10 % des hospitalisations » totales en France seraient dues à la consommation de médicament. Ce rapport du 30 avril 2008, traite des effets dus à la surconsommation de médicaments. Il s’intéresse aux iatrogénies médicamenteuses. Derrière ce barbarisme se cache les effets indésirables liés à la fréquentation des médecins, et dans le cas présent, à la consommation de médicament.
Ce chiffre de 130 000 hospitalisés vient d’une étude très limitée de 1998 réalisée par deux professeurs de médecine, à la demande du ministère de la Santé. Il agrège les hospitalisations liées à la consommation de médicament. Il ne traite donc pas les conséquences qui n’ont pas nécessité d’hospitalisation, ni celles qui ont entraîné la mort du patient sans hospitalisation.
De plus, le rapport de l’Assemblée le rappelle, le chiffre ne tient pas compte de la montée de la résistance des Français aux antibiotiques. En effet, « la France consomme deux fois plus d’antibiotiques que l’Allemagne et le Royaume-Uni », et les bactéries s’adaptent rapidement, « la France est le pays européen où les phénomènes de résistance aux antibiotiques sont les plus élevés ». Comme le dit tout en nuance le rapport, « Cette situation est susceptible d’entraîner des pertes de chance de guérison pour les patients », sans pour autant fournir de chiffre.
Si ce chiffre donne un aperçu du nombre de personnes hospitalisées et du coût que cela entraîne pour la société. Rien ou pas grand-chose sur la mortalité du phénomène. Douste Blazy, à l’époque où il régnait à la Santé, avait annoncé 8 000 morts. D’où tenait-il ce chiffre ? Mystère. Plus personne ne s’en souvient au ministère. D’autre part le 6 décembre 2005, la sénateur Anne-Marie Payet a affirmé lors d’une audition : « les chiffres les plus couramment avancés font état… de 13 000 décès avérés ». Mais ici encore, aucune trace de ce chiffre nulle part.
Les États-Unis seraient un peu mieux informés, selon le ministère français de la Santé, « globalement les évènements iatrogènes seraient classés comme la huitième cause de mortalité aux États-Unis », dans lesquels 10 à 20 % sont liés aux médicaments. Ce qui fait que « les médicaments prescrits sur ordonnance tuent plus que les accidents de la route, la pneumonie ou le diabète » d’après la conclusion d’une enquête menée par le Journal of the American Medical Association.
Donc attention, on peut mourir à vouloir trop se soigner. Qu’on se rassure, le ministère de la Santé s’est donné des objectifs de réduction de ces effets secondaires. La chose est donc sérieuse.
C’est bien joli tout cela mais il manque un paramètre : dans ces hospitalisations quelle est la part des tentatives de suicide médicamenteuses ? des personnes utilisant des médicaments pour se droguer ?
Il me semble que les dangers entrainés par ce type d’usages ne doivent pas être confondus avec les conséquences de l’automédication inadaptées ou d’erreurs de diagnostiques. De ce fait il me semble que les chiffres que vous donnez ne sont pas interprétables et que votre titre est abusivement sensationnaliste.