Autorisé par la préfecture de Paris, le colloque islamophobe organisé par le Bloc Identitaire s’est tenu samedi dernier. Dans une ambiance quasi-religieuse. Au diable la laïcité…
Froid glacial. Cordon de sécurité et contrôle d’identité. Une vingtaine de fourgons de CRS encerclaient samedi dernier l’espace Charenton (12ème) où se sont tenues les « Assises internationales contre l’islamisation de nos pays ». Un colloque islamophobe autorisé par la préfecture malgré les nombreuses protestations d’élus et d’associations.
Conscients des risques de débordements, les organisateurs avaient déployés un important service d’ordre pour fouiller une partie de leurs propres ouailles. De jeunes participants à l’allure de « hooligans », cranes rasés et chaussures de sécurité. Quelques rues plus loin, les contre-manifestations du groupuscule islamiste Forsane Alizza et du Collectif contre l’islamophobie en France sont restées en retrait.
Loin d’être une première du genre, cette petite sauterie aux forts relents de racisme était orchestrée par les mêmes inspirés qui avaient invoqué un apéro saucisson-pinard pour conjurer les « prières de rue ». En grand prêtre organisateur : Fabrice Robert, chef du Bloc Identitaire, groupuscule d’extrême droite. Et reléguée à l’intendance : Christine Tasin, de l’association Résistance Républicaine, maison-mère de Riposte laïque. Elle a beau courir partout, la « pasionaria » de la lutte contre « l’hallalisation » de la France, s’est fait voler la vedette.
« On ne peut pas cataloguer cette réunion comme étant d’extrême droite », assure Fabrice Robert. « Il y a tous les profils. Militants identitaires, militants laïques, féministes. Gens de droite et de gauche. » Prière de le croire sur parole.
Ce qui rassemble tout ce beau petit monde ? « Un front commun contre l’islamisation pour la défense de la laïcité et des valeurs de la civilisation européenne. » C’est là où le bât blesse. Les intervenants qui se succèdent prêchent moins la laïcité que la diabolisation de l’Islam qui menace, selon eux, les valeurs occidentales, notamment catholiques.
A midi, on boit du vin rouge et on rompt le pain autour de belles tranches de saucisson. Histoire de montrer qu’on est bien Français de chez nous.
Oskar Freysinger, la vraie star de la journée, est déjà arrivé comme le Messie, poursuivi par une horde de journalistes. Photogénique, catogan et veste en cuir, le Suisse du parti UDC (Union démocratique du centre) à l’origine de la votation sur l’interdiction des minarets s’exprime en France pour la première fois. « La politique d’immigration de l’UE est un échec patent », regrette-t-il admettant qu’en Suisse « on a très peu de burqa, peut-être quelques dizaines. »
Lui aussi, il prêche la laïcité et affirme que « 90% des musulmans sont victimes d’un dogme » dont il faudrait les libérer. « Je suis né dans le comté de Valais, c’est dans les montagnes, donc le catholicisme s’y est tenu encore un peu plus longtemps », raconte-t-il, « je pense que le message d’amour du Christ est un message valable. » Ite missa est.
Tout ceci est passionnant … et révélateur ! C’est en particulier la présence à cette manifestation du mouvement "Riposte Laïque", supposé être "très" à gauche, mais plutôt prôche, pour cogner sur les ar … pardon, sur l’islam, d’un mouvement très à droite !
C’était tout de même prévisible : combien d’hypocrites autoproclamés de gauche mettant en avant les valeurs républicaines, prêchant (quelle ironie) la laïcité militante pour justifier leur racisme ?
Du coup, je ne suis pas trop surpris par cette alliance pas vraiment contre-nature entre Bloc Isdentitaire et Riposte Laïque.
Oui, les extrêmes peuvent se rencontrer : la preuve !