Moments volés, situations cocasses, petites perles, c’est aussi cela la promiscuité de la garden party de l’Elysée du 14 juillet. Le récit de la journée par l’émissaire spécial de Bakchich.
La rue de Duras est bloquée pour laisser passer sa seigneurie Sarkozy. La foule attend son pain. Un jeune homme, les cheveux longs bien peignés, expliquait à des amis de la famille son échec à HEC : « le niveau exigé en mathématiques est vraiment redoutable ».
La rue est bloquée (suite). Une dame blonde entre deux âges, mince, bouscule tout le monde. Sa fille la suit. Elle est mal à l’aise : « maman, s’il te plait ». Le regard de la mère est sans équivoque. Il faut se faire respecter. L’enjeu est de taille : ce sont des petits fours.
Encore vingt petites minutes avant que le président n’arrive.
Un vieil homme couvert de médailles s’assied. Il est épuisé. Une jeune femme prévenante se penche vers lui. « J’ai laissé 10 kilos de viande pour la France, elle me manque ». On ne saura pas si ce sont les 10 kilos qui lui manquent ou la France ?
Enfin l’entrée dans les jardins de l’Elysée. Il est midi.
Des dames d’un certain âge, blondes l’Oréal, s’installent au buffet comme à une table de restaurant. La République appartient à leurs maris, elles font du buffet leur affaire. Un serveur républicain et démocrate les chasse : « vous n’avez rien à faire ici ». Offusquées les vieilles s’en vont après avoir demandé le nom du serveur et l’avoir noté sur leur carnet. A un certain âge la mémoire s’en va, mais la bêtise reste.
Le commandant d’un RPIMA, confie à un très vieux général qui se balade avec une canne : « …il a quitté l’Algérie parce qu’il a été puni ». Parlait-il de son père ?
Dans la contre-allée, des enfants attendent, ils sont alignés en tee-shirt blanc.
Pendant le discours du président un adolescent se lâche « Oh ! le pipeau ». Personne ne réagit. C’est un fils de famille, il ne sera pas poursuivi.
Un lieutenant-colonel du 2ème REP reprend un de ses caporaux : « vous avez été trop rapide au départ ». Lorsqu’il s’aperçoit que je suis la conversation, il m’explique. « C’est le problème avec le pas de la Légion, il est moins rapide que les autres », je n’ai rien compris, mais il me quitte pour commander une bière. La Légion est un monde de tradition.
La fanfare de la Garde Républicaine a le droit à de l’eau Cristaline, les invités à de l’Evian. Cette année l’Elysée fait des économies.
Le défilé s’est bien passé. « T’avais presque l’air intelligent quand t’es passé devant le président ». Le colonel a le sens de l’humour. Son camarade de promotion, colonel lui aussi, sourit à la pique, son épouse pas du tout.
Une belle femme en jaune fané dit à un homme qui tente de s’échapper, « j’ai de la chance, j’habite juste en face de Carla Bruni, comme le président vient deux fois par semaine… ». L’homme est déjà parti.
Des fils de familles en lunettes Armani et à la mèche versaillaise préparent leurs vacances aux frais du contribuables : « Cet hiver j’y retournerai, c’était si bien, j’espère que vous viendrez ». Nous aussi on espère.
Un colonel de chasseur alpin, en uniforme d’hiver (il refuse de suivre les saisons) présente un camarade de promotion à son épouse : « Patrick est l’aide du camp du président, il est toujours sur la photo ». La fin de la conversation nous apprend que le colonel va quitter son corps et venir s’installer à Paris. La vie dans la capitale est plus monotone qu’en Afghanistan. Il prépare des soirées entre amis.
Un conseiller d’Etat à un ami : « je viens tous les ans ». L’homme tout en bonhomie n’a peut-être rien d’autre à faire.
Le patron de l’Express, Christophe Barbier, pose avec une belle femme. Son journal coule, il fait le beau. « C’est une belle journée » dit-il. Ce sera peut-être le titre de sa chronique vidéo du lendemain. Les paris sont ouverts.
Un juif se promène avec sa kippa et deux rangées de médailles. Il est magnifique. Avec son épouse ils se sont assis sur une chaise et boivent une coupe de champagne : « tu trouves pas qu’on est bien ici ? ». Il sait que tout le monde en passant le verra. Sa femme lui sourit, elle le le sait un peu cabot.
Le même conseiller d’Etat s’adresse à un général de gendarmerie : « Au Conseil d’Etat, on vous aime, vous pouvez compter sur nous ». C’est si dur que ça de travailler avec les flics ?
« Il est où actuellement ? ». Il, c’est lui : Sarkozy.
Jacques Séguéla est évidement au téléphone. Il pose. La vieillesse est un naufrage. C’est de qui ?
Madame Lagarde se prête de très bonne grâce au jeu des photos, pendant deux heures elle va accepter de se faire photographier avec toutes les personnes qui le lui demandent. Félicitations madame.
Ma femme s’ennuie. Je dois partir. Il est quatorze heures trente, direction le métro.
A lire ou relire sur Bakchich.info
pas sympa d’aller boire le champagne à l’elysee, se taper les ptits fours, se rincer l’oeil, se faire surement prendre en photo, et le lendemain cracher ds la soupe, tt balancer pr pondre un article inquisiteur…
strym.