Avec 4,80% des voix aux européennes, Philippe de Villiers a réussi à sauver son siège. Mais son échec n’en agite pas moins sévèrement le bocage vendéen où le MPF et l’UMP se livrent une guerre secrète sur fond de remaniement.
Pour Bruno Retailleau (MPF), sénateur de Vendée et chouchou des Bocains – du pays de Charette – le suspense est insoutenable. Juste avant les élections européennes, François Fillon, fin politique qui avait commencé sa carrière sous le gaulliste Joël Le Theule, s’était escrimé à convaincre le chef de l’Etat de nommer le Vendéen au gouvernement.
C’était compter sans la réaction de Philippe de Villiers, le président du département de Vendée, qui a formaté, sinon fabriqué de toutes pièces le jeune Bruno, au point d’en faire son plus fidèle affidé. Pas question de se faire piquer une de ses créatures, d’autant plus que les électeurs n’auraient pas tous compris que le lieutenant du Vicomte (pas vraiment européiste) soit fondu dans un gouvernement pro-européen à tout crin, ouverture (à droite en la circonstance) ou pas … Au contraire des « félons » du PS ou du MoDem, Retailleau se vit contraint de refuser ce train, qui repassera peut-être un de ces jours … ou jamais.
Il n’empêche que le sénateur a gardé de ce ratage une légitime amertume. Détail passé inaperçu ; dans la petite commune de Saint Malo du Bois, douar d’origine de la famille Retailleau, la liste du Vicomte -chasseurs inclus- est arrivée derrière celle de l’UMP, emmenée par un certain Christophe Béchu. Une des rares communes de Vendée où le vicomte n’a point obtenu la première place….
Les européennes terminées, le ciel paraissait se dégager un peu pour le fidèle Bruno. La question de l’Europe étant évacuée. La main sur le téléphone, celui-ci espérait que le remaniement ferait de lui au moins un secrétaire d’Etat. Las, la machine de Bell refusait obstinément de se manifester. Deux occasions perdues, en si peu de temps, avaient de quoi alimenter une rancœur qui commençait à poindre…
Rancœur que comptent bien exploiter -sournoisement- deux très fins politiques : le chiraquien Luc Guyau, qui n’en revient toujours pas (écarté de tout soupçon dans l’affaire de financement de la FNSEA, dont il fut le président) d’avoir été oublié sur la liste UMP (en position éligible) de Christophe Béchu. L’autre est un certain Didier Mandelli, maire d’un patelin de Vendée (Le-Poiré-sur-Vie), transfuge du MPF, passé à l’ennemi UMP récemment.
Le « Dorgère » du Bocage et le « félon » du MPF, travaillant dans le secret le plus absolu à un rapprochement avec Bruno, rien que pour embêter le Vicomte de Villers, qui ne se doute de rien, comme bien on l’imagine.
Ces Talleyrand à deux balles ont même échafaudé, pour plus tard, un plan machiavélique ! Celui qui consiste à faire adhérer le sénateur Retailleau à l’UMP. Ce qui ferait un « félon » de plus, bien dans la tradition politique française, qui prévaut aujourd’hui… Le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, qui a évoqué dernièrement un rajout supplémentaire de secrétaires d’Etat, a rallumé l’espoir du pauvre Bruno… et des deux Machiavel au petit pied. Retailleau au gouvernement ferait bien leurs affaires.
D’autant que se profilent à l’horizon d’autres élections qualifiées de régionales où dans ce contexte, Philippe de Villiers fait la loi et exige de voir figurer les candidats de son choix sur le quota vendéen. Au nez et à la barbe de l’UMP du coin, qui s’abouche pour l’occasion, avec le beau Philippe, sous le vocable « liste majorité départementale ». Autrement dit liste Villiers et Compagnie.
On connaît la compagnie !
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