De catastrophes en catastrophes, les hommes politiques font parfois preuves de réactions… désastreuses.
Dans leur malheur, Vendéens et Charentais ont au moins été préservés de remarques incongrues de nos chers politiciens. Personne pour prétendre que la catastrophe naturelle résulte d’un pacte signé avec le diable ou, de bévue du genre de celle du président français Patrice de Mac Mahon s’exclamant le 26 juin 1875 devant la Garonne inondée : « Que d’eau, que d’eau ! » Pour le moment, aucun élu ne se trouve empêtré dans l’oeil du cyclone médiatique après des déclarations à l’emporte-pièces.
Même l’intenable Frédéric Lefebvre s’est montré très sobre en point presse dimanche (28/02). Mais en pleine campagne pour les élections régionales, les questionnements et les polémiques sur les causes et la gestion de la catastrophe de ce week-end ne devraient pas tarder à surgir. Et emportés avec eux, leur lot de dérapages. Avant la tempête politique annoncée, petite revue en images des gaffes (trop) naturelles qui ont suivi les pires catastrophes.
Quand le 12 décembre 1999, le pétrolier maltais de Total l’Erika se brise en deux avant de s’abîmer à quelques dizaines de kilomètres des côtes bretonnes, tout le monde est conscient du désastre écologique à venir. Tout le monde… sauf la ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire Dominique Voynet. En débarquant au lendemain de Noël sur une plage de Loire-Atlantique atteinte par les nappes de pétrole, la ministre, déjà montrée du doigt pour ne pas avoir écourté ses vacances, lance cheveux aux vents : « C’est évident c’est une catastrophe écologique de grande ampleur, mais ce n’est pas, comme certains me pressaient de le dire hier, la catastrophe du siècle ! ». « Je ne peux pas dire ce genre de choses alors qu’il y a 25 ou 35 000 morts au Vénézuéla, je crois qu’il faut qu’on soit raisonnable », justifie-t-elle sa position.
Devant le tollé provoqué par cette apparente désinvolture, le secrétaire général des Verts de l’époque Jean-Luc Bennahmias vient à la rescousse de Voynet : « Chez les Verts on a essayé de ne pas mélanger toutes les catastrophes qui existent. Une tempête est vraiment une catastrophe écologique extrêmement grave. Une marée noire, c’est dégueulasse, c’est ignoble, ça pollue les plages, ça tue les oiseaux, mais on sait qu’en 5 ou 10 ans, un certain nombre de choses renaissent. » 10 ans plus tard, pourtant, les conséquences de la marée noire se ressentent encore.
Quinze jours plus tard, Voynet a fait son mea culpa. Dans l’émission France-Europe Express (diffusée le 9 janvier 2000) consacrée à la gestion de la crise de la marée noire, la ministre est revenue sur ces propos qui lui ont valu les foudres des habitants des régions sinistrées. « Ceux qui en ont souffert m’en ont beaucoup voulu d’avoir donné l’impression, par une phrase malheureuse, de sous-estimer la catastrophe », a expliqué Voynet, qui « a cru pouvoir rassurer » mais « s’est trompée ».
La gestion de Voynet a été superbement imitée par le ministre de la Santé Jean-François Mattéi pendant la canicule de l’été 2003. Le 11 août, alors que de nombreuses personnes âgées souffraient de températures record depuis un mois, le ministre intervient… de sa belle villa de la Côte d’Azur en minimisant la situation. 15000 morts plus tard, en novembre 2003, Mattéi est convoqué devant une commission d’enquête sur les conséquences de la canicule de députés.
Alors que le gouvernement Raffarin culpabilise les citoyens qui ne se sont pas assez occupés de leurs parents, Mattéi argue devant la commission qu’il n’était au courant de rien : « Chacun comprendra le décalage, au moment où je m’exprime, il y a 8000 morts, et personne ne sait rien ». Mattéi sautera au remaniement de Chirac de 2004. Beaucoup pensent que la « jurisprudence Voynet-Mattéi » a entraîné le fiasco de la grippe H1N1, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot préférant se faire accuser de céder à la psychose plutôt que de faire preuve de désinvolture.
En août 2005, plus de 75000 personnes se retrouvent à la rue après le passage de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans. George W. Bush attend trois jours avant de mettre fin à ses vacances. Quelques jours plus tard, l’administration américaine préfère mettre le paquet sur l’arrestation des pillards au détriment des secours.
En plein coeur de la polémique due à la lenteur de l’Agence fédérale des situations d’urgence (FEMA), George Bush a le culot de féliciter son directeur Michael Brown devant les caméras : « Brownie, vous avez fait un sacré boulot ! » Après sa gestion catastrophique, Bush a vu sa côte de popularité dégringoler. Sans Katrina, peut-être n’y aurait-il jamais eu de phénomène Obama.
Les félicitations de Bush à la FEMA sont devenues cultes. Au point de faire l’objet de pas mal de parodies, comme dans ce sketch de l’hilarant Will Ferell.
Berlusconi trouve toujours les mots qu’il faut… Le 8 avril 2009, sans doute pour réconforter ( !) les sinistrés, Il Cavaliere a déclaré à la chaîne allemande N-TV : « Il ne leur manque rien, ils ont des soins médicaux, de la nourriture chaude… Bien sûr, leur abri actuel est tout à fait provisoire mais justement, il faut prendre ça comme un week-end en camping ». Curieusement, les 17000 sans abris ne se sont pas fendus la poire.