Un livre explosif sur le monde politique vendéen fragilise le consensus précaire de la droite locale.
Avec la sortie d’un pamphlet bien senti, intitulé « le Mouton noir » un citoyen de la Roche sur Yon jette un pavé dans la mare villiériste. Un pavé qui tombe assez mal, au moment où -à droite en tout cas- on s’efforce d’arranger les bidons entre villiéristes, umpistes agacés de servir de paillassons au Vicomte, centristes, néo-centristes, et autres coquecigrues. Un début de consensus pas facile, qui commençait à prendre tournure, en vue (déjà) des futures élections régionales.
Patatras ! Voilà qu’un persifleur, met à bas le beau projet d’union fraternelle et loyale. Le plus inattendu, c’est que cet empêcheur de comploter en rond, est un ancien adhérent de l’UMP, viré depuis pour appartenance à un bidule intitulé « Vendée Républicaine » qui compte parmi ses membres, un ou deux militants « Vert », un militant « PS » quelques UMP, et quelques quidams non identifiés. Bref, un « machin » très tendance, style « ouverture » cher à notre président de la République : mais surtout une association qui fait de la résistance au seigneur du Château : le Vicomte en personne !
Quoiqu’il en soit, à force de voir, leurs troupeaux de moutons dociles et silencieux, les bergers fidèles de la Majorité Départementale (MPF, UMP, Nouveau Centre, Modem, CNI, FN, MNR, FRS, divers droite, sans étiquette, monarchistes, bonapartistes plus un ou deux ratons laveurs) de Vendée, ne se sont pas méfiés, en ces « temps déraisonnables » et post-électoraux, d’un mouton enragé.
Du coup, ils ont pris le brulôt, comme un crochet au foie…
Le « Mouton noir » est donc le titre du bouquin écrit par un certain Stéphane Frimaudeau, publicitaire connu de la place, et ancien candidat aux élections cantonales de 1998, sous l’étiquette : RPR.
Or, dans ce canton, béni des dieux, de la Roche-sur-Yon Nord se présentaient également deux autres compétiteurs : le villiériste Philippe Darniche et le socialiste Pierre Régnault.
Frimaudeau n’étant pas au second tour, les villiéristes, au nom du Sacré Coeur, sommèrent brutalement celui-ci de faire voter ses électeurs en faveur de « Darnichou ».
Hélas, pour le servant du Château, le candidat Stéphane Frimaudeau, -malgré promesses pressions et menaces – s’entêtait comme un baudet de Chasseneuil du Poitou à ne pas faire la campagne du sénateur. Résultat, c’est le candidat socialiste qui fut élu… À dater de ce jour, on n’allait pas tarder à faire payer cher à cet obstiné qui n’a rien compris à la tactique vendéenne, le mauvais tour joué à l’ami du Vicomte. Faire tomber un sénateur villiériste en plein bocage, frisait le mauvais goût.
Pendant dix ans, et au passage, son éviction de l’UMP, en accord du reste, avec les villiéristes, il allait comme on dit, comprendre sa douleur. Las de recevoir des coups, il vient de publier, à comptes d’auteur, son livre, en guise de thérapie. Un ouvrage pas triste bourré de révélations sur le monde et même le demi-monde politique vendéen. Sous la couverture on peut trouver dans cette publication toutes sortes de compliments sur les héros de nos temps modernes. Ainsi page 105, cet alinéa : « Philippe de Villiers était devenu l’ami d’une certaine gauche caviar parisienne. Il ne négligeait pas non plus, en ces temps déjà anciens, de collaborer avec Jean-Claude Casanova et Bruno Durieux, le futur ministre de la santé du cabinet Rocard, dans la cellule idées. Il s’y occupait un peu de communication, et surtout de culture ». Et plus loin : « C’est peut-être, à cause de ces fréquentations que Joël Sarlot, qui soufflait autrefois dans le derrière ds chevaux, député villiériste, a élégamment donné le fichier des adhérents du MPF de sa circonscription , à l’UMP de Vendée. Il a bien fait car il ne faut jamais insulter l’avenir ! » Et tout le reste est à l’avenant ! Le pamphlet n’épargne pas le personnel politique, dont l’auteur assure qu’il a pour lui, une indicible tendresse. Reste que les libraires du coin vendent le bouquin quasiment sous le manteau, et évitent de l’exposer à la vue du public, dans leurs étals, à côté du Figaro, de la Croix et de Libération… des feuilles amies du Vicomte. Sauf ceux évidemment qui se sont dotés de vitrines à l’épreuve des balles, des pierres et autres objets contandants comme les fleurs de Lys , par exemple !
Ne pas être fichu d’être présent au second tour lorsqu’on est investi par le RPR, c’est petit.
Une revanche qui consiste à bouder plutôt que de soutenir un candidat du même bord que soi, c’est petit.
Les "révélations" de ce livre, c’est-à-dire des coup-fourrés politiciens sans envergure ni intérêt, sont de la petite bière. Là encore, rien qui assurera la postérité de l’auteur.
Je comprends qu’aucun éditeur n’ait été intéressé. Et ne dites pas que tous les éditeurs de France tremblent face au vicomte. Déjà, l’argument de la peur et de la "vente sous le manteau", pour donner une manière d’attrait à un livre qui est, en fait, d’une fadeur accablante, est un peu limite…
Bref, vous faites de la pub pour un baudet. Vous avez une obligation éditoriale quantitative ?
EM