Philippe de Villiers, sur un "Buisson" ardent

Lors de son récent voyage au Liban, suite à l’élection du nouveau président libanais Michel Sleimane le 25 mai dernier ; Nicolas Sarkozy s’était entouré de politiques français de tous bords : François Hollande (PS), Marie Georges Buffet (PCF), François Bayrou (MoDem), Patrick Devedjian (UMP), Jean Michel Baylet (PRG), Cécile Duflot (Verts)…

La volonté du chef de l’État : « témoigner de l’unanimité française face à l’unité libanaise. »

Pour convaincre Sarkozy de l’emmener avec lui dans ses bagages, Philippe de Villiers (le MPF ayant été oublié dans la liste des invités) n’avait pas hésité à faire appel à un intermédiaire, son ancien conseiller de campagne (pour les élections européennes de 1994 et pour les élections présidentielles de 1995) et son ami : Patrick Buisson.

Ce journaliste politologue, proche « leader d’opinion » du président, a tout crédit aux yeux de ce dernier. En effet, depuis qu’il avait prédit le 29 mai 2005, que le « Non » à la Constitution Européenne l’emporterait par 55% ; le « Buisson ardent » comme on le surnomme, est un homme écouté et décoré (de la Légion d’Honneur) par Sarkozy.

Comme quoi « un journaliste décoré » ayant de plus, officié comme correspondant à l’Assemblée nationale pour le journal Minute peut être estimé à l’Élysée. Pour Sarko, « Patrick est un journaliste de conviction, ce qui est rare », et d’ajouter « Patrick est un journaliste de grande culture, ce qui est très rare. »

Mais revenons à l’affaire « De Villiers-Sarko-Buisson-Liban » ou le voyage improbable de Philippe au pays du Cèdre. En suivant les conseils de son cher Patrick Buisson et au regard des services rendus par De Villiers au cours de la campagne présidentielle de 2007, Sarkozy avait finalement accepté la présence de ce dernier au sein de la délégation française. C’est ainsi que « le Buisson » encore plus « ardent » qu’à l’accoutumée, avait annoncé la bonne nouvelle au Vicomte. Un aéronef décollant du Bourget était d’ailleurs mis à sa disposition, pour son voyage à Beyrouth.

Mais le Vicomte refusait de se présenter aux Libanais dans un simple appareil de banlieusard plutôt que dans l’aéroplane de la cour présidentielle. Au bord des larmes, le « Kissinger » du Bocage se retrouvait ainsi coincé entre le « Kaiser Sarko » et le Vicomte De Villiers. Mais Nicolas ne lâchait pas : « Ce sera le Bourget ou rien ! »

Têtu, têtu à demi ; Philippe avait finalement décliné l’invitation, en raison d’un emploi du temps chargé : les préparatifs du 30ème anniversaire du Puy du Fou (Vendée).

Agacé et en guise de représailles, Sarko avait quant à lui annulé son déplacement du 14 juin 2008 pour la cérémonie vendéenne. Événement dont ils devaient être, lui et sa femme, les invités d’honneur. Faits que nous avons déjà évoqués dans Bakchich.

Il reste que toutes ces fâcheries et bouderies entre présidents font un sort bien injuste à ce si dévoué « Buisson » qui s’était dépensé sans compter, pour jouer les « Tours-operators » entre l’Élysée et le Puy du Fou. Mais en ces temps de farniente, Patrick loin d’être rancunier, se la coule douce…en Vendée ! Il est vrai qu’ici, comme ailleurs, la question du redécoupage des circonscriptions pour les prochaines élections législatives est présente dans tous les esprits. Il ne faudrait pas que la nouvelle carte électorale soit défavorable à son ami Philippe, qui lui bronze à quelques brassées de là, sur une plage de l’Île d’Yeu.

On compte évidemment sur Patrick pour arranger les choses avec Nicolas et au passage, le dénommé Alain Marleix, secrétaire d’État chargé de l’Intérieur et des collectivités locales, responsable du dépeçage électoral. Mais cette fois, il l’affirme, Patrick sera prudent comme un serpent dans un buisson d’épines.