Coincé dans son obscur club du Nord-est anglais, Djibril Cissé ne peut vraiment faire confiance à ses agent et conseiller, le duo Stojic-Bettoni. Trop affairés avec la justice marseillaise…
Une pensée pour l’ancien plus gros salaire du foot français, Djibril Cissé, et ses quelque 400 000 euros brut par mois. À l’heure où Le Parisien a dévoilé les émoluments des joueurs de l’OM et du PSG (qui plafonnent à un ridicule 285 000 euros par mois) dans son édition de mardi 10 mars ; où le club le plus drôle du monde et le plus grand club du monde vont s’affronter pour –enfin- un sommet du championnat de France, l’attaquant arlésien se met à parler. Parti des abords de la plus belle ville du monde pour rejoindre la froide Sunderland, le footballeur au style décoiffé subit -si, si- la crise économique mondiale. Enfin surtout la crise de la livre Sterling. Prêté avec une option d’achat de 12,5 millions d’euros au club anglais par l’OM, le prix du Cissé s’est bien évidemment envolé avec la chute de la monnaie.
Et le garçon s’inquiète, s’en ouvre à l’AFP, clame son désir de ne pas revenir à Marseille, de rester en Angleterre, si possible dans un meilleur club que l’obscur Sunderland, englué dans les limbes de la Premier League et du Nord Est de l’Angleterre.
Bref au boulot les agents, il faut sauver le soldat Cissé. Sauf que lesdits agents, officiels ou officieux, se trouvent un brin occupés.
Une jolie triade ciblée par la justice.
Premier de cordée, l’influent agent serbe Ranko Stojic. Déjà mis en examen dans le dossier des transferts douteux du PSG, l’ami yougoslave se trouve dans la mire du juge marseillais Charles Duchaîne. « Recel d’abus de biens sociaux au préjudice de la Sasp Olympque de Marseille » et surtout « complicité de l’activité d’agent de joueurs dans le cadre des transferts (…) Djibril Cissé à Liverpool (en 2004, ndr) », notent les flics marseillais, dans leur procès-verbal de synthèse du 14 février 2008.
Les flics reprochent à Stojic, agent dûment agréé par la fédération serbe de football et reconnu par la Fifa, d’avoir sous-traité le boulot à Richard Bettoni. En somme de l’avoir aidé, quand celui-ci n’a jamais réussi le concours d’agent de joueur, à faire le métier. « Je ne conteste pas que ma présence ait pu être interprétée (…) comme celle d’un agent », glisse-t-il lors de son interrogatoire de première comparution du 2 décembre 2008. « Mais ce qui me passionne, c’est le suivi du joueur sur le plan footballistique ».
Salarié de l’ancien international français Jean Tigana, alors agent de joueur, jusqu’en 2000, Bettoni décide de se lancer tout seul ; crée sa société Pro RB et signe un contrat avec Stojic. « Mon rôle consiste à observer, à détecter les talents et assurer le suivi des joueurs (…) En octobre 2000 nous avons Stojic et moi conclu une convention parce qu’il souhaitait avoir quelqu’un en France pour faire le travail de suivi ». D’agent de joueur à rabatteur, la différence est ténue et ne convainc pas les juges. Les limiers, à force de commission rogatoires internationales et d’auscultation des comptes en banque de Stojic et Bettoni se sont rendus comptes que, sitôt un transfert réalisé et sa commission payée, Stojic en répercutait une part vers Bettoni…
Des vases communicants qui ont fonctionné tant pour le transfert de Philippe Christanval de Barcelone à l’OM, que pour le passage de Cissé d’Auxerre à Liverpool…
Ainsi Bettoni a reconnu devant les enquêteurs « avoir perçu 300 000 euros dans la cadre du transfert du joueur à Liverpool » et « 230 000 euros dans le cadre de son prêt à l’Olympique de Marseille ».
Dans la boucle, un troisième larron se trouve récompensé de son travail auprès du footballeur itinérant et multi-tatoué, son frère. « Abou Cissé a reconnu avoir été présent lors des négociations du transfert de son frère à Liverpool en compagnie de Richard Bettoni, qui « conseillait son frère » et Ranko Stojic, qui négociait les salaires. Il a admis avoir reçu de Pro Agency [1], via Pro RB (…) la somme totale de 113 837 euros », décrivent gentiment les poulets marseillais dans leurs synthèses de février 2008. Le frérot décrit également, lors d’un interrogatoire du 14 septembre 2007, que les sommes qu’il « avait reçu de Pro RB correspondaient aux interventions qu’il avait pu faire auprès de son frère pour le compte de Richard Bettoni » . Et la flicaille de tonner qu’il peut être reproché « à Abou Cissé les infractions d’exercice illégal d’agent de joueur et d’abus de biens sociaux ».
Une analyse un chouia péremptoire mais qui a convaincu le juge marseillais de demander- et d’obtenir- un supplétif le 17 novembre dernier.
« Le juge en a marre que ce dossier traîne, il veut le boucler et aller au bout », glisse-t-on au Palais de justice marseillais. Pas franchement une bonne nouvelle pour Cissé et ses envies d’ailleurs. Ses agents et conseils risquent d’être très occupés.
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[1] la société de Stojic