Sarko tient la barre du monde, Villepin s’accroche à celle des accusés.
Cet été à l’Elysée un conseiller fait subitement tilt face à son calendrier. Pas un chromo cartonné avec l’Angélus, distribué par La Poste. L’éphéméride de ces communicants si modernes, gérants de l’avenir, est un tableau Excel capable de signaler les lourdes convergences de l’histoire par un « bip ».
Cet « ensemblier » élyséen remarque qu’il est sot de faire démarrer le procès Clearstream un 14 septembre, veille de la fête de « Notre Dame des Sept Douleurs », ce qui risque de transformer les prévenus en martyrs. Au prétexte de travaux dans le prétoire, on décale l’audience et la chasse au Villepin n’ouvrira qu’une semaine plus tard.
Au vrai des choses, le spin doctor a remarqué une aubaine : faire coïncider le début de Clearstream avec l’hyper voyage de son président aux Etats- Unis. Juxtaposons les agendas de Sarkozy et de Villepin pour un résultat suffoquant : le premier sera roi à New York quand l’autre, ficelé en prévenu, tentera d’échapper à sa peine. A Nicolas le marbre vert et noir en fond d’écran, celui des murs de l’ONU où Dominique à naguère fait exploser l’audimat en refusant la guerre de Bush. Environnement, sauvetage de la planète : c’est Nicolas Sarkozy qui tient la barre du monde et Villepin celle des accusés. Chaque présidentiel postillon, égaré dans l’air de cette 64e Assemblée Générale des maîtres de l’univers, est un crachat qui doit atterrir à la face de Galouzeau l’aristo.
Accompagné aux USA par Carla, qui fait à nouveau les « covers », par cent journalistes français et bien sûr TF1, Nicolas Sarkozy divise désormais le monde en deux : Moi et Obama. Avec dans les veines un EPO écolo injecté par Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand, il s’en est allé sauver nos bronches à la tribune de l’ONU. A Pittsburg, pour le G 20, en ces temps de vendanges le président a programmé le Sarko nouveau : « Moi contre le grand capital », un sketch qui fait tellement rire Bouygues, Bolloré et Lagardère.
Au palais de justice, quai de l’Horloge, loin de ces nuits et de ces jours américains la Clearstream-party, genre procès de Moscou, a toujours pour objet de pendre l’aristocrate à une lanterne en forme de un croc de boucher, Galouzeau de Villepin fait face, cet amoureux de l’Empire devient le maréchal Ney, celui que l’on fusille à l’Observatoire, criant au peloton : « Camarades tirez sur moi, mais visez juste ». J-M.B.