Quand Vincent Bolloré montre sa danseuse aux puissants, il dégouline de bonheur.
Venu de son lointain Finistère dans le but d’endosser le costume de Rupert Murdoch hexagonal, Vincent Bolloré, le copain nautique de Sarko 1er, n’en finit plus de gaspiller des arbres avec Direct Soir et Direct Matin Plus.
Si leur lecture est à pleurer, les promenades effectuées incognito par Bakchich dans la tour Bolloré, sise à Puteaux (Hauts-de-Seine), sont, elles, plutôt marrantes. Si ce n’est franchement navrantes.
Choses vues chez Bolloré, passées et présentes.
Subi. Philippe Labro, conseiller médias de Vincent, hurlant de bon matin, soit parce qu’il est de très bonne humeur (c’est souvent le cas), soit parce qu’il aime à pousser la chansonnette (ce qui est tout aussi fréquent mais totalement insupportable), soit parce qu’il y a un tas de bêtises dans le journal (ce qui est hélas le cas tous les jours). Heureusement pour lui, Direct 8 l’accapare.
Vu. Bolloré himself faisant visiter la rédaction à ses amis du CAC 40. L’Oréal, Carrefour… Quand ce ne sont pas les politiques, Christine Albanel, Sarkozy (alors aspirant président), Hollande mais aussi –intérêts économiques obligent – des représentants de chefs d’État africains, accompagnés par Christian Studer, homme aux multiples casquettes et qui a la confiance de Vincent. Dans ces cas-là, la fierté de Bolloré n’est pas mince. Le boss pérore et dégouline de bonheur à montrer sa « danseuse » aux puissants, à en raconter le fonctionnement et surtout à en livrer les chiffres de diffusion, de « prises en main » comme il aime le dire.
Croisé. Jacques Séguéla, 75 ans paraissant 90 (mais avec une Rolex), ami du patron, qui pond tant qu’il peut des éditos infusés dans l’autobronzant. Il n’est pas rare non plus de tomber sur Yann Arthus-Bertrand, un ami de Bolloré lui aussi. Le premier voit du ciel que le second produit des voitures électriques. Ils s’entendent.
Entendue. Madame Bolloré au téléphone. Préserver les intérêts de son mari est une tâche importante. En 2007, une belle double page sur Poutine président en a pris pour son grade. Et voilà donc madame qui coupe à tour de bras un article prêt à partir sous presse, via le directeur de la publication d’alors, Christian Studer. Les actes de caviardage sont fréquents dans la maison Bolloré, et pas qu’avec les papiers du Monde ou de Courrier international dont on entend parler régulièrement. Mais désormais, ce n’est plus elle qui tient les ciseaux.
Constaté. Une majeure partie des effectifs employés à la fabrication des journaux (éditeurs, maquettistes, iconographes, photograveurs…), soit plus de quarante personnes, sont intérimaires. Tranquillité et flexibilité assurées. C’est bien, c’est beau, c’est Bolloré.