Super Sarko dans le rôle de président est confronté à la fronde de ses élus. Lui qui, lorsqu’il était ministre, n’hésitait pas à cracher dans la soupe du gouvernement se retrouve de l’autre côté du miroir, et ça l’énerve !
Quel ministre s’en prenait en ces termes au président de la République : « à force d’user de la langue de bois, à force d’éluder la réalité des faits, à force d’esquiver les défis, la France gronde. J’essaie de l’entendre. Je n’ai pas vocation à démonter tranquillement les serrures à Versailles pendant que la France gronde » ? Quel ministre déclarait : « On ne peut pas voir la France accumuler tant d’échecs, y compris aux Jeux Olympiques, sans se demander si ce n’est pas nous qui avons tort et le monde qui a raison » ?
Vous l’avez reconnu : il s’agit de Super Sarko. Quand il était ministre de l’Intérieur ou de l’Économie, c’est-à-dire jusqu’à début 2007, il ne ratait pas une occasion de flinguer Jacques Chirac. Installé à l’Élysée, l’agité de Neuilly est confronté non pas à des critiques (les élus de l’UMP ne sont pas suicidaires ou malpolis, au choix) mais à des opinions différentes.
Ainsi, le député UMP François Baroin explique pourquoi il est contre le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan. Ainsi, le député Pierre Méhaignerie propose de mettre à contribution les hauts revenus (qui bénéficient depuis 2007 d’un bouclier fiscal qui coûte quelques milliards d’euros au budget de l’État), afin de trouver les moyens financiers de faire face à la crise.
Mais ces malheureux n’ont rien compris : depuis le 6 mai 2007, le débat est interdit en France. C’est ce qu’a rappelé Super Sarko aux dirigeants de l’UMP, si l’on en croit Le Figaro (18/03), le journal officiel de la Sarkozye. Il aurait « vertement » reproché au président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, d’avoir donné un temps de parole trop important aux opposants UMP au retour total dans l’Otan. Non mais.
Il s’en est aussi pris à ceux qui veulent détricoter son bouclier fiscal. « Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts ! », a-t-il asséné. Non, mais ! La phrase est à encadrer : on pourra la ressortir dans quelques mois. Car la situation économique du pays est catastrophique : les déficits publics devraient atteindre 100 milliards d’euros cette année (soit deux fois le plafond autorisé par l’Union européenne) et la dette va représenter 75% de la richesse du pays et le niveau devrait être dépassé allègrement.
Confrontés aux mêmes défis, Gordon Brown en Angleterre et Barack Obama aux États-Unis ont décidé d’augmenter les impôts les plus riches. En France, non seulement Super Sarko ne veut pas prendre cette direction (on se demande bien pourquoi) mais il veut aussi interdire tout débat au sein de l’UMP. Il estime que les députés de son camp n’ont pas le droit de lui faire ce que lui-même faisait à Chirac alors qu’il était un peu plus qu’un député puisqu’il siégeait au gouvernement. Jean-Pierre Chevènement avait dit à une autre époque : « Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Super Sarko, lui, l’a ouverte tant qu’il a pu jusqu’à ce qu’il se fasse élire à l’Élysée. Il fait aujourd’hui l’expérience de la contestation interne.
Avec la crise qui s’amplifie et les mécontentements qui s’exacerbent, il n’a pas fini de râler. Dans les rangs de la majorité, certains députés et même ministres souhaitent que le Premier ministre, le jusqu’ici transparent François Fillon, hausse le ton pour rappeler la nécessité de gérer avec plusieurs sérieux les finances publiques. Y va avoir du sport.
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