Les économistes et les banques d’investissement rivalisent d’imagination pour faire parler les statistiques et prédire le carré final de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud.
Plus besoin de boules de cristal, de jeux de tarots ou de cauris pour lire l’avenir. Les économistes et les banques d’investissement, comme Goldman Sachs, JP Morgan et l’Union des Banques Suisses, rivalisent d’imagination pour faire parler les statistiques et prédire le carré d’as de la prochaine Coupe du monde de football qui débute en Afrique du Sud vendredi 11 juin.
Ils mobilisent modèles économiques, séries économétriques et équations mathématiques. Tels les devins des temps modernes, grands prêtres de notre société libérale mondialisée, ils prédisent tout, de la reprise de l’économie mondiale aux performances sportives.
C’est sans compter sur le plus pointilleux d’entre eux,Wladimir Andreff. Se basant sur des variables économiques et footballistiques, il est le premier économiste européen à s’être intéressé à l’économie du sport et mobilise une kyrielle d’indicateurs pour mitonner son bouillon magique : le PIB par habitant, la population totale du pays - et leurs carrés - l’effet « pays hôte », une variable basée sur l’histoire des demi-finalistes de la Coupe du monde, le classement FIFA, le nombre de joueurs de football enregistrés dans les fédérations nationales des pays participants, une variable régionale (sic !), le nombre d’années membre de la Fifa, le nombre total de participation à la Coupe du monde et à la Coupe du monde Junior. En ce qui concerne cette dernière variable, la période d’observation court sur douze phases finales de Coupe du monde de la Coupe du monde de 1962 au Chili à celle de 2006 en Allemagne.
« Les données couvrent toutes les équipes nationales qui ont participé aux phases finales de la Coupe du Monde depuis 1962 - soit 16 équipes de la Coupe du monde 1962 à la Coupe du monde 1978 en Argentine, 24 de la Coupe du monde 1982 en Espagne à la Coupe du monde 1994 aux États-Unis, puis 32 de la Coupe du monde 1998 en France, soit 272 observations au total pour chaque variable », précise le Merlin l’Enchanteur du ballon rond.
Résultats des auspices du devin économètre, l’Allemagne, le Brésil, l’Italie et … la France seraient les quatre demi-finalistes de la Coupe du monde de foot 2010.
D’autres s’essaient également à ces prévisions. L’Observatoire des joueurs de football professionnel du Centre international d’étude du sport (CIES) de l’université de Neuchâtel donne un tout autre résultat. Les deux finalistes du 11 juillet seraient les équipes d’Angleterre et d’Espagne.
N’en déplaisent aux prévisionnistes du ballon rond, on n’est pas à l’abri de surprises …
Selon un rapport, commandité par le site comparatif Kelkoo et mené par le Centre for Retail Research, le Mondial pourrait permettre aux ventes de détail de générer près de 874 millions d’euros si la France parvient à dépasser les huitièmes de finale. Si les Bleus arrivent en finale, les dépenses exceptionnelles des Français pourraient atteindre 1,6 milliard d’euros.
Les résultats de l’étude sont basés sur l’analyse de l’impact de la Coupe du Monde en 2006, les estimations de la distribution et les précédents rapports de recherche sur le sujet.
Après les 8èmes de finale, les plus fortes ventes devraient concerner les secteurs de l’alimentation et des boissons (346 millions d’euros), des équipements électriques et téléviseurs (346 millions d’euros), suivi par le secteur du sportswear (138 millions d’euros).
Les dépenses en ligne devraient atteindre 80 millions d’euros à la fin des 8èmes de finale, et jusqu’à 137 millions d’euros si la France atteint la finale.
De même source, à partir des 8èmes de finale, chaque but marqué par l’équipe de France pourrait donc générer 94 millions d’euros pour les commerçants français.
Bien que les variables économiques utilisées soient structurantes et pertinentes dans un environnement stable, les séries historiques et les modèles économétriques, c’est-à-dire un savoir enregistré et statistique du passé, sont-ils toujours opérants dans un monde en pleine rupture traversant une situation économique globale de crise ? Les indicateurs économiques apportent-ils toujours des informations mobilisables pour savoir ce qu’il va se passer ?
Si ce n’est pas le cas, la Coupe du monde de football pourrait être le révélateur d’une nouvelle donne footballistique mondiale, prisme sportif des reconfigurations économiques et politiques à l’œuvre en 2010.
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