La revue spécialisée Institutional Investor a publié son palmarès 2010 des fonds souverains. On y trouve même notre Fonds de réserve pour les retraites !
Où l’on reparle des fameux Fonds Souverains… Dans l’inconscient collectif, de mystérieuses mégapuissances financières étatiques, capables du pire comme du meilleur. Du pire surtout à en juger par la manière dont ils ont été vilipendés pendant la crise financière par des politiques déboussolés et au bord de la crise de nerfs.
La revue Institutional Investor (II) a donc publié donc son classement [1] desdits fonds, arrêté au 31 mars 2010, par ordre de patrimoines décroissants, le tout en milliards de dollars ; impressionnant.
Pour les sélectionner, la revue s’est basée sur la définition des Fonds Souverains telle qu’elle est donnée par le groupe international de travail co-présidé par le FMI, qui planche sur la question : il s’agit de fonds d’investissement à buts spécifiques appartenant à des Etats, qui détiennent, gèrent ou administrent des actifs dans le but d’atteindre des objectifs financiers de caractère macroéconomique, en recourant à des stratégies d’investissement faisant une large place à la détention d’actifs financiers étrangers.
Ces fonds sont le plus souvent constitués à partir d’excédents des balances des paiements, d’opérations officielles sur devises, du produit de privatisations, d’excédents fiscaux ou encore du produit d’exportations de matières premières, en particulier de pétrole et de gaz naturel.
D’après cette définition, avec ses 120 milliards de dollars gérés, notre bonne vieille Caisse des Dépôts et Consignations aurait presque pu figurer avantageusement au palmarès. Elle n’a semble-t-il pas été retenue. Contrairement au Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) créé en grandes pompes en 2008 mais qui ne répond pas à la définition du groupe de travail puisqu’il n’opère que dans une logique de soutien d’entreprises nationales, innovantes ou stratégiques.
Figure également au palmarès de Institutional Investor, le Fonds de Réserve pour les Retraites, instauré en 1999 par la loi de financement de la Sécu, et qui aurait mérité d’être replacé au centre de l’actualité hexagonale. Il était supposé recevoir le montant des privatisations, celui de la vente de la quatrième licence UMTS et le produit d’une hypothétique taxe Tobin à la française ; sans parler des 195 millions d’euros placés par ses gestionnaires chez…Lehman Brothers ! Pas étonnant que le ministre du Travail se soit montré peu disert à son sujet.
Le palmarès est littéralement écrasé par l’Abu Dhabi Investment Authority avec 627 milliards de dollars d’actifs.
Suivent dans cet ordre, le Government Pension Fund Global norvégien (461,4 milliards), l’Agence Monétaire d’Arabie Saoudite (429 milliards) la China Investment Corp (300 milliards), l’Autorité Monétaire de Hong Kong (277,4 milliards), la Kuwait Investment Authority (277 milliards), la Caisse de Dépôt et placement du Québec (197,4 milliards) la Government of Singapore Investment Corp (185 milliards), également de Singapour le très discret Temasek Holdings (133 milliards) pas très bien vu en Thaïlande depuis 2006 à la suite de son rachat un peu controversé de la société Shin Corp à la famille de l’ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra.
Le Fonds National de la Sécurité Sociale Chinoise prend la 10ème place avec des actifs évalués à 113,5 milliards de dollars. Viennent ensuite les représentants de Russie, de Libye et du Qatar à égalité, d’Algérie, un autre représentant Russe et, en 15ème position, notre Fonds de Réserve pour les Retraites évoqués plus haut qui gérait un patrimoine évalué à 46,4 milliards de dollars au 31 mars 2010.
Le Fonds Stratégique d’Investissement prend une très honorable 21ème place avec 26,9 milliards de dollars d’actifs gérés. Pour les puristes, la structure détaillée de son portefeuille de participations, peut être consultée sur son site.
Dans son édition de septembre 2008 déjà consacrée aux fonds souverains, Institutional Investor écrivait « …Combinez de telles tailles avec du secret et un potentiel d’influence politique et vous obtenez de la controverse. A l’exception de la Norvège, peu de Fonds publient des informations relatives à leurs stratégies d’investissement et leurs performances, voire même, dans certains cas, leur taille. Le FMI évalue le portefeuille d’ADIA (Abu Dhabi Investment Authority) a quelque chose entre 500 et 875 milliards de dollars. N’importe quelle entité gérant de telles sommes mérite d’être surveillée. Le fait que les maîtres des fonds souverains soient des politiques ne fait qu’accroître le besoin de transparence afin de permettre aux observateurs extérieurs de déterminer si les fonds investissent pour des motifs de rendement financier, ou à des fins politiques… »
Tout est dit.
[1] 2010 Sovereign Wealth Funds