Dans son dernier opus, Imad Lahoud, l’inventeur des faux listings Clearstream, tente désespérément de s’innocenter. Même son avocat n’y croit pas !
Même son propre avocat est furieux ! « Je ne le contrôle plus », déplore Me Olivier Pardo, ténor du barreau et avocat du très pittoresque Imad Lahoud, l’aventurier suspecté par la justice d’avoir été l’auteur technique des faux listings Clearstream, ces listes de comptes bancaires bidouillées qui attribuaient faussement une cagnotte occulte à Nicolas Sarkozy.
« Criblé de dettes, Imad a cédé aux sirènes de l’argent. Mais en publiant ce livre, il se tire une balle dans le pied sur le plan judiciaire », se désole son avocat. De quoi s’agit-il ? Du Coupable idéal, le témoignage de Lahoud à paraître la semaine prochaine aux éditions Privé.
Grand mythomane devant l’éternel, spécialiste des versions successives et contradictoires, Lahoud assure avoir décidé de vider son sac une bonne fois pour toutes. Ce qui donne quelques « révélations » assurément décoiffantes, à défaut d’être… convaincantes.
Petit mail de Me Olivier Pardo, avocat d’Imad Lahoud :
« Monsieur,
Je m’inscris en faux contre les propos qui me sont prêtés et qui sont tenus sur votre site.
Je vous serai gré conformément à la législation en vigueur de publier le présent démenti. »
L’affaire Clearstream selon Lahoud ? Une histoire de trahison avec dans le rôle du traître, son ancien patron chez EADS, Jean-Louis Gergorin. Gergo aurait utilisé d’obscures officines de barbouzes pour trafiquer, dans le dos de tout le monde, les listings authentiques fournis au préalable par Lahoud au général Philippe « OSS 117 » Rondot. Vraiment ? Alors comment se fait-il que plusieurs témoins se souviennent avoir vu Lahoud, qui se faisait appeler alors M. Paul, en possession de ces listes de comptes truqués après qu’elles aient été remises anonymement au juge Van Ruymbeke ? Première incohérence.
Deuxième « révélation » majeure de l’impétrant : pendant toute la période où il récupérait, pour le compte du duo Gergorin-Rondot, les listings Clearstream, Lahoud était débriefé au jour le jour par un commandant des RG, un certain François Casanova. Ce dernier, chef du groupe « Corse » de la section nationale de recherche opérationnelle (SNRO) des RG et chargé de mission de Bernard Squarcini, numéro 2 des RG de l’époque réputé très proche de Sarkozy, informait donc, selon Lahoud, la Place Beauvau de la manip en cours.
Ainsi, notre actuel ministre de l’Intérieur et des Contraventions, qui connaissait le détail du complot dès le début, ne pourrait donc, comme il s’échine à le crier sur tous les toits, se prévaloir du statut de victime innocente.
Un commandant des RG branché en direct sur la conjuration anti-Sarko ? Si, si assure Lahoud, qui, selon ses dires aurait même équipé le commandant Casanova d’un téléphone Blackberry sécurisé, afin qu’il puisse rester en contact en toute discrétion avec tous les membres de la conjuration Clearstream. Quand, dans le réseau Blackberry, Gergorin se cachait sous le pseudo « Londres », Lahoud était « Madrid », Rondot « Amsterdam », son assistante « Bruxelles », le juge Van Ruymbecke, « Munich ». Thierry de Monbrial, l’avocat qui faisait l’intermédiaire entre Gergorin et le juge Van Ruymbecke se dissimulait lui sous le pseudo « Paris » tandis que le commandant des RG avait été baptisé « Moscou ». Comme l’œil de ?
Séduisant scénario façon Gérard de Villiers ! Seul petit problème (mais il y en a toujours dans les fables d’Imad Lahoud), le commandant Casanova ne peut plus ni confirmer, ni infirmer cette belle histoire. Il s’est suicidé pendant l’été 2004. Et si Lahoud publie dans son « romanquête » des extraits des conversations Blackberry entre Gergorin, Montbrial et Van Ruymbeke, il « oublie » de divulguer la teneur de ses échanges avec l’officier des RG. Dommage…