Dernier épisode de notre feuilleton sur l’enquête et les auditions du limier de la SEC (le "gendarme" de la bourse américaine) sur les conséquences de l’affaire Bernard Madoff.
A la suite de ses multiples auditions, l’enquêteur de la SEC David Kotz a préconisé que des sanctions soient prises au sein même de la SEC, à commencer par la responsable de sa Division des enquêtes et des Sanctions, Lynda Chatman Thomsen qui dirigeait ce service-clé du gendarme de la bourse américaine depuis 2005.
Madame Thomsen est l’épouse de Steuart Hill Thomsen, avocat associé du cabinet Sutherland Asbill & Brennan, lequel compte parmi ses clients, de nombreux hedge funds, conseillers financiers et autres affaires de courtage en valeurs mobilières….
Cinq jours après l’audition de madame Thomsen, la SEC annonçait sa démission ainsi que celle du secrétaire général de l’institution, Andy Vollmer et de Lori Richards, un autre haut dirigeant de la SEC.
Le 13 avril 2009, le célèbre cabinet d’avocats Davis Polk & Wardwell annonçait sans excès de triomphalisme le retour au bercail de Madame Thomsen en qualité d’associée, en même temps que l’un des anciens assistants du président Bush, Raul F. Yanes. Comme chacun sait, le cabinet s’est fait une renommée internationale, notamment dans la défense des criminels en col blanc.
Lors de l’audition par le sous-comité des Services financiers de la Chambre des Représentants du congrès US, Paul Kanjorski l’un de ses membres éminents ne pu s’empêcher d’adresser un « compliment » particulièrement cinglant à l’attention de Madame Thomsen : « …On pensait que Madoff était l’ennemi ; en réalité, je pense que l’ennemie, c’est vous !… ».
Le 29 septembre 2009, David Kotz adressait à Mary L. Shapiro, présidente de la SEC et à Robert Khuzami, le remplaçant provisoire de Madame Thomsen, un rapport synthétique de 46 pages (« Programme des améliorations à apporter à la Division des Enquêtes et Sanctions de la SEC » cf. pièce jointe) récapitulant les 21 mesures dont il préconise la mise en œuvre urgente.
L’entrée en matière de son rapport ne laisse subsister aucun doute sur la responsabilité du Gendarme de la bourse américaine, dans la « catastrophe Madoff » : « …Subsidiairement, la Commission a appris que de multiples dénonciations spécifiques et crédibles des agissements frauduleux de Madoff ont été portées à la connaissance de son personnel depuis 1999 au moins, sans que jamais elles n’aient donné lieu à une action de la Commission… ».
Pour que l’histoire soit complète, il n’est pas inutile de rappeler qu’en 2001, Mary Shapiro avait fait nommer Mark Madoff, fils de Bernie la Fripouille, au National Adjudicatory Coucil. Le conseil en question a pour mission de superviser les décisions prises par le FINRA (Financial Industry Regulatory Authority), la plus haute autorité américaine indépendante de contrôle déontologique de l’industrie américaine de la finance !
C’est sans doute la raison pour laquelle, lors de ses auditions, Madoff a qualifié Mary Shapiro de « sa chère amie »… Un témoignage de sympathie dont se serait sans doute bien passée la Gendarmette en Chef de la Bourse US…
Cliquez sur l’image pour télécharger le rapport de la Sec
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